La Lune Noire en Maisons

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La Lune Noire en Maisons

Pascal Patry praticien en psychothérapie, thérapeute et astropsychologue à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Astropsychologie · Mercredi 03 Mai 2023
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La Lune Noire en Maisons

À lire préalablement : Qu’est-ce que la Lune Noire ?

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La Lune Noire en Maisons I

La maison I est l’émergence du sujet, ce qu’il donne à voir, ses attitudes, son comportement face aux autres, la façon dont il organise son moi et les mécanismes de défense de ce moi.

Cette position sera d’autant plus importante que la Lune noire sera proche de l’Ascendant, voire conjointe et quels que soient les aspects qu’elle puisse recevoir. C’est une position surdéterminée.

C’est toujours une blessure narcissique archaïque telle­ment forte qu’elle va marquer définitivement l’économie du sujet, tous ses comportements, tous ses investisse­ments. La naissance aura posé des problèmes.

Le natif aura peut-être vécu, au cours de cette expérience, une souffrance intolérable et même dangereuse pour sa vie. Une naissance dans un drame, un accouchement difficile, soit une anoxie, soit le cordon ombilical enroulé autour du cou ou un abandon. De toute façon, quelque chose aura manqué.

L’enfant a pu ne pas être souhaité et, par la suite, ne pas être accompagné symboliquement, ne pas être reconnu par le regard de la mère. C’est dans ce regard, dès les premières tétées, qu’il trouve le reflet de sa propre existence. Si la mère, souffrante, préoccupée, ne transmet pas d’amour au départ de sa vie, l’enfant a le sentiment de ne pas exister.

Cette position de la Lune noire indique donc une enfance difficile et (ou) douloureuse, due peut-être au refus des parents de reconnaître le désir propre de l’enfant ; ce n’est pas un enfant battu, mais un enfant trop « gâté », « pourri », chez qui l’on a tué le désir d’initier, d’entreprendre. De toute façon, le sujet est frappé par le manque, que ce soit sur le plan concret ou sur le plan psychique.

Le doute peut le frapper. Doute sur lui-même, d’abord : crainte de ne jamais être à la hauteur, de ne pas pouvoir, de ne pas savoir ; doute en ce qui concerne son avenir et la pertinence de ses initiatives.

Peur d’agir, peur de choisir, peur du vide, aucune spontanéité dans tout ce qui en lui et hors de lui aura à naître. Cette souffrance existentielle est quelque chose comme la mort visible, une sorte de trou noir dans la personnalité. L’exigence est telle que la frus­tration est insupportable, elle n’est plus contrôlée par le processus secondaire.

À l’âge adulte, le sujet manquera de confiance en lui, de détermination, craindra de prendre des initiatives. Il n’osera pas, appréhendera de se manifester, de se déployer, et par­fois même se repliera sur lui-même dans l’incapacité de prendre des décisions le concernant.

L’ensemble du thème analysé soigneusement peut per­mettre une interprétation presque opposée, le natif pourrait alors adopter des attitudes et des comportements franche­ment activistes, rebelles, voire violents. Il ne sera jamais satisfait, toujours avide, sans cesse à la recherche d’un étayage, autrement dit d’un ou d’une partenaire sur qui s’appuyer.

Le désir est manifeste. L’avidité de ces natifs devant l’existence est constante et les maintient parfois dans la dépendance. Ce sont des êtres de désir, hantés par le désir d’exister, mus par une frénésie d’accéder à une satisfaction plénière, le plus souvent d’ordre narcissique.

Cette position de la Lune noire peut conduire à des dépassements positifs. On lui doit les réussites les plus éle­vées, d’étonnantes revanches. Le sentiment conscient (maison I) du manque et l’émergence du désir peuvent être générateurs du besoin de réparer. Le sujet cherche alors à se réparer lui-même, à « rejouer » son histoire à travers celle des autres : psychanalystes, psychologues, écrivains, enseignants, soignants de tous ordres, médecins, infir­mières… et notamment, avec une fréquence soutenue, tous les métiers de l’enfance (puéricultrices, instituteurs…) où il est question de réparer sa propre genèse à travers le souci que l’on porte aux autres ou à leurs descendants.

Celui dont les initiatives ont été invalidées, sera l’initia­teur.

N’oublions jamais que la Lune noire est le lieu de notre propre réparation.

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La Lune Noire en Maisons II

La Lune noire en maison II touche le narcissisme du sujet. Ce narcissisme primaire, inconditionnel, égocentré, nous est un dû ; c’est une fonction structurale sans laquelle il n’y aura ni vie ni créativité possibles et pas d’amour. Pour aimer, il faut s’aimer soi-même et pour s’aimer soi-même, il faut avoir été aimé au stade du narcissisme pri­maire lié à la maison II.

Cette étape narcissique est structurante, elle établit confiance, sécurité, capacité d’être, de créer et donc d’ai­mer. Le déprimé est quelqu’un qui ne s’aime plus et, par conséquent, ne peut plus aimer. Si l’enfant n’a pas été confirmé dans sa valeur par les parents et cela se transmet même d’inconscient à inconscient, le sujet adulte va dou­ter de ses possibilités d’être aimé, d’aimer, d’accroître ses possibilités. En secteur II, ce sont les potentialités, les dons qui sont concernés : tout ce qui peut, chez le sujet, produire et favoriser le sens et le plaisir de l’avoir.

Le manque et le désir constituent ici une dialectique tranchée. Ou bien l’avoir est le seul but, le seul point de mire, la seule aspiration du sujet et l’on observe alors un débordement, une boursouflure, qui va de la boulimie effective à la religion de la possession : celle du Veau d’or. Ou bien, le sujet ressent comme une pauvreté, une stérilité, une spoliation ce qu’il considère, à tort ou à raison, comme une absence de moyens, de dons et de capacités : « Que puis-je produire, je ne possède rien… »

Cette position marque, parfois, l’égoïsme et l’avidité de celui qui a peur de manquer, qui a besoin de l’avoir pour se sécuriser et tromper son angoisse. Ce narcissisme archaïque est lié au corps. C’est par les sens que l’adulte conforte l’enfant. Un bébé qui vient de naître est dans un bain de signifiants qu’il ne comprend que par sa peau, d’ailleurs si proche embryologiquement du système ner­veux central. Si c’est bon, c’est qu’il le mérite et qu’il a de la valeur. En faisant cette expérience de toucher et d’être touché, caressé par la mère, l’enfant habite son propre corps. C’est cette relation peau-mère et peau-enfant qui donne du sens à son incarnation.

Si le contact au corps de la mère a manqué, le calme, la sécurité qu’il apporte dans cette régression de contact seront la source d’une défaillance d’identité, de limite, de réalité. D’où les comportements hypocondriaques ou avides de sensations corporelles. Cette configuration évoque l’auto­érotisme, l’autosuffisance, l’autosatisfaction : « Je me pos­sède et je m’en porte bien… », « Je m’aime et cela me suf­fit ». C’est un facteur d’inadaptation, voire d’autisme.

L’exigence pulsionnelle est souvent très forte : l’intolé­rance à la frustration est manifeste, le sujet ne parvient pas, ou très difficilement, à différer la satisfaction.

Au positif, il peut y avoir surinvestissement des capaci­tés : « Je manque, donc je veux avoir. » Si, par exemple, le maître de la maison II est en maison IX, c’est par l’étude que l’individu se remplira. Ainsi, par ricochet d’une Lune noire en maison II, s’induit une demande intellectuelle. Dans le thème de Lacan, la Lune noire est en Balance en maison II, Vénus est en maison VIII, le désir de l’autre, l’argent de l’autre. Il en a tiré sa théorie et une relation à l’argent assez… personnelle.

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La Lune Noire en Maisons III

Nul ne s’étonnera que la Lune noire dans ce secteur concerne les facultés d’apprentissage, de compréhension et d’expérimentation, qui ne sont pas l’intelligence, mais son fondement. Il s’agit de la mise en place des processus intellectuels. Au départ, c’est le plaisir lié au mouvement, puis la rencontre de l’objet qui vont aider à la symbolisa­tion et au début du langage.

Avec la Lune noire en maison III quelque chose s’est mal passé dans la découverte de l’objet, le sujet n’a pas été stimulé par l’environnement. Alors, plus tard, peut se manifester une légère déficience intellectuelle, plus ou moins reconnue par le sujet lui-même. Souvent aussi, même chez des sujets normalement doués, il peut y avoir une véritable absence de curiosité intellectuelle et un champ d’investigation particulièrement étroit dans ce domaine, voire un refus d’apprendre : le manque est supérieur au désir d’apprendre qu’il devrait susciter.

Il convient là encore d’analyser les autres éléments du thème relatifs aux capacités intellectuelles et à leur fonctionnement, et particulièrement, les secteurs VI et IX, ainsi que Mercure, Jupiter et les maîtres respectifs des maisons III, VI et IX.

Inversement, on peut trouver une boulimie d’apprendre disproportionnée avec l’âge du sujet. L’enfant deviendra un adulte qui ne cessera jamais d’étudier et qui voudra tout savoir sur tout : un touche-à-tout qui frappe à toutes les portes.

La Lune noire en maison III touche également les capa­cités relationnelles du sujet. La possibilité d’entrer en contact avec l’autre peut être réduite, parfois jusqu’à la misanthro­pie.

La Tradition a fait de la maison III celle des frères et sœurs. La Lune noire en maison III peut se trouver dans le thème d’un sujet qui a perdu un frère ou une sœur avant sa propre naissance… Cela en dit long sur ce que la psyché des parents a pu induire dans la psyché du sujet, comme enfant de substitution, au mépris de son identité. Il arrive aussi que ce soit la mort d’un frère plus jeune dont il était normalement jaloux. S’il fantasmait sa mort et que, juste­ment, le fantasme vienne rejoindre la réalité, c’est la culpa­bilité assurée et muette.

On trouve encore la Lune noire en maison III chez de nombreux jumeaux qui rejettent ce double. C’est l’amour et la haine, car l’autre c’est aussi moi, il est de trop pour que je m’individualise.

Et, paradoxalement, on la trouvera chez celui qui cher­che désespérément, en tout autre, son double, son jumeau. Cela correspond peut-être à un jumeau embryonnaire avorté.

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La Lune Noire en Maisons IV

La maison IV représente les racines, la filiation du sujet, la généalogie paternelle, le père, les bases sur les­quelles il doit pouvoir s’appuyer pour se verticaliser, pour être, et cela dans la maison X. Les racines psychiques per­mettent de camper le corps dans le monde, ce sentiment de base, c’est le père qui le donne. La maison IV concerne également les grands-parents, la mémoire de la lignée, tout un message sémantique transmis par les quatre grands-parents, très riche pour l’enfant, qui a besoin de cette généalogie parlée.

La Lune noire en secteur IV marque toujours, je dis bien toujours, une problématique particulière au niveau de la filiation du sujet. Et nous savons que, sur un plan pure­ment psychologique, ce phénomène est de première impor­tance. La Lune noire en maison IV marque un manque au niveau paternel, soit que le père ait disparu, soit qu’il ait été absent dans la relation psychologique avec le natif. Il se peut qu’un mystère familial, un non-dit existe, dans l’ordre de la généalogie paternelle.

On va trouver la Lune noire en maison IV chez des enfants abandonnés, ainsi que chez les enfants dont les mères ont décidé de les faire avec un géniteur et non avec un père ; des sujets qui sont vraiment sans racines. Ces configurations doivent être analysées avec la plus grande prudence dans la mesure où le natif peut fort bien ne pas être conscient de ces difficultés.

Le père donne en outre la structure, car il est le sépara­teur bienfaisant de la dyade mère-enfant, en s’interposant dans les fantasmes incestueux entre la mère et l’enfant. Il faut, de plus, que la mère « autorise le père », que l’enfant, s’approchant de la mère, trouve chaque fois la résonance du père. Si cet homme-là n’est pas dans la psyché de la mère, l’enfant n’intégrera pas la structure. La mère est la médiatrice de la loi du père.

Si la mère s’est opposée à cet élément séparateur que représente le père, il y aura absence de symbolisme psy­chique du père. Ce que Lacan appelle « la forclusion du Nom-du-Père » entraîne des trous, des vides dans la sym­bolisation de la réalité objective, ce qui, au pire, peut évo­quer la schizophrénie, l’homosexualité ou des perversions. La relation à l’autre est pervertie, car elle ne peut se référer au signifiant, à la loi paternelle, qui structure notre pensée et notre langue. D’une façon générale, la Lune noire en maison IV marque également le besoin de s’étayer sur autrui, de chercher avidement une figure paternelle substi­tutive et sécurisante à laquelle on puisse s’identifier (maî­tre à penser, guru, chef d’équipe ou de cellule, etc.).

Au mieux, certains sujets surinvestiront leur propre paternité en devenant père à leur tour. En eux se manifeste le besoin de « faire souche », de créer leur propre généalogie pour réparer l’absence du père ressentie comme cruellement douloureuse. Et cela tant dans la réalité concrète que sur un plan symbolique. Le natif peut donc aussi bien être par­ticulièrement soucieux de créer un foyer que de se présen­ter comme un père spirituel, un chef de file et faire du pro­sélytisme.

On trouvera, parfois, cette Lune noire en maison IV chez des généalogistes, des archéologues. C’est toujours la recherche des racines pour combler un vide, douloureux dès qu’on y touche ; tout comme la Lune noire conjointe à Saturne.

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La Lune Noire en Maisons V

La maison V est celle du narcissisme créatif, c’est aussi celle de l'amour, car l’amour est création, c’est le lieu des capacités d’enfanter. Ce narcissisme créatif est égocen­trique car il concerne la créativité du sujet par lui-même, pour lui-même. C’est là qu’il se sent « être » et non exis­ter. Si l’on touche le narcissisme, on induit perte et dépres­sion. On comprend dès lors que la Lune noire en maison V soit particulièrement sensible. Elle représente très souvent une faille, une blessure, comparable à une hémorragie nar­cissique, le sentiment de se vider. Au départ, le sujet n’a pas été reconnu dans son désir d’être, on lui a coupé la parole en parlant à sa place ou en l’écoutant ironiquement.

Ici, c’est le domaine de l’être qui est touché. Le sujet peut manquer totalement de confiance en lui-même, d’es­time de soi, de foi en ses capacités génératrices, de sécu­rité intérieure, de structure interne, de certitude quant à sa valeur propre. On trouve d’ailleurs souvent la Lune noire en maison V dans les thèmes de grands déprimés et chez les femmes qui ne peuvent pas avoir d’enfants.

Le sentiment de vide intérieur et de stérilité peut s’avé­rer prégnant et douloureux. Les effets se font particulière­ment sentir dans la sphère affective et d’une façon cruelle : on ne peut aimer l’autre et prétendre à son amour que dans la mesure où l’on a de soi une estime suffisante.

Dans le domaine affectif, la Lune noire en secteur V représente une sorte d’avidité, un immense besoin d’amour, mais assorti d’une impossibilité d’apaisement. C’est le tonneau des Danaïdes, version affective : plus j’en reçois, moins j’en ai, plus j’en demande pour combler mes senti­ments d’abandon. Il arrive donc souvent que le sujet soit prisonnier de sa propre dépendance affective. L’autre lui est nécessaire comme étayage, comme confirmation nar­cissique de lui-même. L’autre devient le garant de son exis­tence, car le sujet a un tel sentiment de ne pas être, qu’il ne peut être que dans sa fusion avec l’autre. L’autre est vécu comme oblitération du manque, espérance de fusion, de symbiose.

Dans cette recherche affective fusionnelle, si l’autre s’en va, c’est un manque intolérable, un vécu de mort car tout ce qui de soi a été projeté dans l’autre est amputé. L’amour fusion est toujours mortifère.

On peut trouver la Lune noire en maison V chez cer­tains enfants psychotiques si la mère, inconsciemment, ne conçoit pas son enfant séparé d’elle-même. L’enfant reste un morceau de son propre corps. Si nous parvenons à sor­tir l’enfant de cette fusion, de la psychose, c’est la mère qui va y entrer à son tour. La vie redonnée à l’enfant est mortifère pour la mère.

Parfois, et cela dépend du reste du thème, on assiste à un flamboiement mégalomaniaque ou mythomaniaque. Le sujet parvient à se persuader de sa valeur insigne : il est alors le « bel indifférent » insensible à l’autre, uniquement préoccupé du souci de sa propre personne et de sa propre estime : « Je m’aime et ça me suffit. »
Enfin, et j’évoque là des cas beaucoup plus réconfor­tants, la Lune noire est souvent présente en maison V dans le thème de grands créateurs qui parviennent à sublimer ou à déplacer, à donner un sens à ce manque qui les habite et réussissent à recréer hors d’eux l’objet perdu.

C’est un levier prodigieux que l’on trouve chez des êtres qui vont essayer de réparer ceux qui, comme eux, se sentent stériles et vains. Et pour réparer leur propre enfance, ils vont s’occuper d’enfants. On a remarqué qu’une forte proportion d’instituteurs ne pouvaient pas avoir eux-mêmes d’enfants.

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La Lune Noire en Maisons VI

La maison VI concerne, sur le plan intellectuel, les capacités de sériation, de catégorisation, la pensée logique et l’acquisition de la notion d’espace et de temps. Le sujet est capable d’organiser le quotidien. C’est donc le rapport à la réalité contingente et contraignante des servitudes quotidiennes.

La Lune noire en maison VI va ajouter quelque chose à cette épreuve de la réalité. Avec les déficiences au niveau de l’analyse, on va trouver la souffrance banale, journalière, répétée. Cette contrainte peut s’avérer très douloureuse, vécue comme une épreuve quand on se laisse dévorer, envahir.

Deux possibilités majeures, là encore. Certains natifs ne tiendront aucun compte du quotidien et de ses impératifs : approximation, désordre intellectuel ou factuel. D’autres seront débordés par le quotidien, le travail journalier, soit par incurie à le gérer et à l’organiser, soit par soumission excessive. Dans ce cas, nous constaterons des contraintes intérieures et comportementales proches de l’obsessionnalité. Ces sujets peuvent être littéralement esclaves du ser­vice familial, privés de liberté, d’autonomie, d’élargisse­ment, autrement dit de créativité, des victimes du devoir qui ont trop tendance à la soumission.

Cette maison VI évoque l’étape délicate de la Vierge, étape de la différenciation du moi d’avec le non-moi, donc de la phase d’angoisse liée à cette naissance de l’identité. Le manque que va susciter cette Lune noire en secteur VI provoque des périodes d’anxiété intense et de doute sur soi-même et sur l’organisation de son existence.

Au positif, la Lune noire en maison VI peut être créa­trice si elle est surinvestie dans l’analyse, dans la psycha­nalyse par exemple, qui réunit toutes les potentialités de cette maison : soins, aide et réflexion analytique. De même, elle peut être survalorisée de façon remarquable chez des sujets qui se mettent au service de la société, les hauts fonctionnaires « au service de l’État », tout comme les Petites Sœurs des pauvres.

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La Lune Noire en Maisons VII

La maison VII c’est la rencontre de l’autre, de l’autre élu, le lieu de l’élection de l’autre, le lieu des « affinités électives », dirait Gœthe. Le premier autre que l’on ren­contre, c’est la mère ; la mère qui est le premier objet d’amour, donc, la Lune noire en maison VII va renvoyer à la relation originaire à la mère. C’est parce que l’on ren­contre l’autre que l’on va pouvoir se rencontrer soi-même, s’identifier, se différencier. Par cette confrontation, l’autre fait de moi un « sujet potentiel ». C’est la base même, l’émergence de la conscience sociale du sujet. C’est là que s’intègre l’objet total et différencié du moi.

Par extension, la maison VII est le lieu de toutes les rencontres, relations, associations qui vont dépendre de la première relation à la mère. Elles ne seront réussies que si cette relation originaire a été bonne, si cette mère a pu, par son regard, ses attitudes, son amour, montrer à l’enfant qu’il a de la valeur, qu’il est « aimable », ce qu’il croira ensuite toute sa vie.

Ainsi, la lune noire en secteur VII indique d’abord un manque dans la relation première à la mère. Pendant toute son existence, le sujet va offrir cette béance, cette faille, ce manque dans toutes ses relations ultérieures. D’où un cer­tain nombre d’attitudes très diversifiées.

J’ai souvent remarqué que la Lune noire en maison VII correspondait, chez le natif, à une difficulté particulière à se différencier, à s’autonomiser, à se singulariser. Il est très attentif au jugement d’autrui, très soucieux, plus qu’il ne conviendrait, de donner de lui l’image la plus satisfai­sante possible afin de retenir ou de forcer l’estime de l’autre.

L’autre, précisément, est son souci constant à deux niveaux différents et parfois même opposés, du moins en apparence. Ce peut être une avidité de l’autre, une bouli­mie relationnelle chez des sujets qui, dans cette recherche éperdue, mendient de la part de l’autre le reflet de ce qu’ils sont eux-mêmes, une confirmation de leur valeur, ou tout simplement de leur existence, au prix d’une énorme dépendance affective. Capter l’autre, séduire l’autre et finalement tenter d’établir avec cet autre une relation en miroir, une relation spéculaire qui, bien entendu, ne peut être que douloureuse parce que mortifère. Il y a toujours un côté « mante religieuse » avec la Lune noire en mai­son VII, dans un thème d’homme comme dans un thème de femme.

Sur un autre mode, c’est la souffrance et la peur qui l’emportent : peur de l’autre, peur de n’être pas accepté, accueilli, peur de n’être pas reconnu pour sa propre valeur. Le sujet rentre alors « dans sa coquille » et attend que les sollicitations viennent d’autrui. L’autre peut même être perçu comme inconnu, hostile, rejetant, alors que c’est ce que l’on projette de soi-même. Dans un cas comme dans l’autre, on conçoit que les communications et les relations soient précaires et qu’elles représentent des souffrances devant ce sentiment de ne pouvoir absolument jamais vivre une relation pleine.

Trois remarques s’imposent :

- on peut constater les mêmes résultats avec la Lune noire conjointe ou carrée au maître de la maison VII ;

- il n’y a pas de similitude entre la Lune noire en mai­son VII et la Lune noire en maison I. Ce qui est à restaurer en maison I, ce n’est pas la relation mais la personnalité qui, traumatisée dès la naissance, compensera en aidant les autres à naître, en étant leur révélateur ;

- si la Lune noire est à la limite entre deux maisons, proposer les deux explications, c’est un point tellement sensible qu’elle peut même servir à rectifier l’heure de naissance.

Comme toujours avec la Lune noire, il y a le versant positif. Elle peut s’avérer la source d’un dépassement réparateur, en se réparant à travers l’autre, justement. C’est ce que font les psychothérapeutes, astrologues, médecins, qui réparent leur propre reflet en réparant le reflet de l’autre.

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La Lune Noire en Maisons VIII

Voilà une position extrêmement forte de la Lune noire, probablement en raison de l’analogie particulièrement marquée qui existe entre son symbolisme propre, celui du signe du Scorpion, et celui du secteur concerné. Tradi­tionnellement, c’est la maison dite de la mort, mais de quelle mort s’agit-il ?

La maison VIII, qui succède à la maison VII, concerne en réalité le profit associatif, le pro­fit de la relation et la reconnaissance de la différence des sexes et des désirs. D’un seul coup, l’enfant ne fait pas que voir, il regarde, et ce qu’il regarde prend un sens. C’est le fondement de l’identité sexuelle psychique, l’après-conflit œdipien, l’accès à la sexualité génitale adulte qui est le profit, positif ou négatif, de la relation (maison VII).

Cette maison VIII, qui prend en compte les produits de toute relation, montre donc comment le sujet sait gérer ses relations, en profiter, les enrichir, et la manière dont il s’y investit lui-même. Elle introduit la notion de confrontation des désirs et, qu’il y ait accord, convergence ou conflit, il y a toujours violence. La sexualité est violence. Dans la relation sexuelle, il y aura toujours quelque chose de la jouissance de l’autre qui restera incommunicable, c’est la base même de l’amour, l’attirance pour ce qui est diffé­rent, étranger.

Si nous nous trouvons ici au niveau de la confrontation des désirs, le Scorpion, la maison VIII concernent, à des titres différents, cette rencontre d’un désir et d’un autre désir. Il s’agit de descendre au « fond de l’autre », comme Dante descendait aux Enfers, ou Orphée à la recherche d’Eurydice, ou l’analyste dans la psyché de son patient, ou l’amant dans le mystère de l’amante… pour rencontrer, aux confins du possible, la réalité du désir de l’autre.

C’est à ce seul prix, à ce seul risque, celui de se perdre soi-même dans les abysses, dans les énigmes du désir de l’autre, que le natif aura le sentiment d’exister… Posséder le désir de l’autre, s’en abreuver, s’en satisfaire et le contraindre… Or, mon désir ne sera jamais identique au désir de l’autre, quelque effort, quelque frénésie que j’en­gage à vouloir les similariser…

« Et pourtant, j’irai jusqu’aux limites de la mort, celle de l’identité, précisément ! Pour appréhender ton désir, l’apercevoir seulement… J’irai jusqu’aux limites de l’amour, c’est-à-dire jusqu’à la haine… Je torturerai ton âme jusqu’à ce qu’elle me livre le secret et le mys­tère de ton désir… »

De cet affrontement des désirs vont naître le conflit, l’ambivalence et ce farouche besoin de pouvoir sur l’autre. Le désir est ici sombre, morbide, douloureux, fatal, il vise l’essence même du désir de l’autre.

La maison VIII n’est pas la maison de la mort, mais la maison du deuil. C’est très différent. Le deuil est ce que nous devons faire chaque fois que nous sommes devant un choix. Choisir, c’est renoncer à tous les possibles. Reconnaître la différence des sexes, c’est faire un deuil ; se reconnaître différent de l’autre, à l’étape œdipienne, est un deuil, structurant mais douloureux, qui consiste à renoncer à l’amour que l’on porte à son père ou à sa mère, pour aller aimer ailleurs. La sexualité génitale elle-même est en rapport avec le deuil ou la mort, de façon para­doxale, puisque l’orgasme, précisément, est tentative pour tromper la mort, et que c’est par ce moyen que l’on crée la vie. Voilà pourquoi la Tradition a fait de la maison VIII la maison de la mort, la mort du passé, en une suite de deuils structurants.

La Lune noire en maison VIII va toucher chacun de ces niveaux en fonction du signe et des aspects. On peut émettre l’hypothèse de difficultés :

- au niveau de la reconnaissance de la différence des sexes ;

- au niveau de la problématique œdipienne et donc de la sexualité génitale ;

- et enfin, au niveau de la prise en compte du désir de l’autre.

Cette difficulté au niveau de la confrontation des désirs va s’exprimer en un double volet : soit induire l’absence de désir, le refus du désir de l’autre, refus de s’y confron­ter, c’est la solitude. Soit une avidité dans la recherche de la réponse à la question : « Qu’en est-il du désir de l’autre ? »

Il arrive que le désir subisse des avatars : le sujet peut vivre alors les fascinantes et douloureuses passions de l’homosexualité, du sadomasochisme, de la perversion. Le sujet peut également avoir recours à la tricherie pour parvenir au secret qui l’intéresse, pour exercer sur lui un pouvoir despotique. Il peut, en déplaçant la question, chercher la réponse dans l’ésotérisme, la magie, le pouvoir politique ou financier.

Dans le meilleur des cas, si le reste du thème le permet, les problématiques sexuelles à risque sont portées au niveau des fonctions cérébrales, par des mécanismes de défense bien utiles pour déplacer le problème. On aura alors un intérêt prononcé pour tout ce qui touche aux domaines où sont intriquées la mort et la sexualité, tels que la biologie et la psychanalyse. Des sujets passionnés passent leur vie à explorer l’humain pour en extraire le sens, voire le sacré. En cela, la maison VIII est une maison initiatique, où ils tentent de répondre à cette énigme : « C’est quoi le désir ? »

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La Lune Noire en Maisons IX

La maison IX, c’est le lieu où s’élabore la pensée hypothético-déductive, le lieu du savoir et de Tailleurs, où, bien souvent, l’on va chercher ce savoir. Rappelons-nous que le savoir est en étroite liaison avec la perception, la libido et la sexualité. C’est le lieu où ce savoir est assimilé, généra­lisé. C’est un investissement nécessaire à tout sujet qui veut s’initier à lui-même. Le savoir n’est pas encore la connaissance. Le savoir s’apprend, la connaissance se découvre par la recherche personnelle.

Cette position de la Lune noire permet d’évoquer, par­fois, un dysfonctionnement ou une carence au niveau de la pensée hypothético-déductive, symbolisée par le Sagittaire et le secteur IX. On comprendra aisément que cette confi­guration appartienne souvent à des sujets qui, pour des rai­sons diverses, n’ont pas pu faire les études qu’ils envisa­geaient au départ. J’ai toujours constaté que cet état de fait développait chez le natif un douloureux complexe d’infé­riorité à ce niveau.

On trouvera aussi cette Lune noire en secteur IX chez des sujets qui refusent de savoir, se sentant, à tort ou à rai­son, inaptes - à tort la plupart du temps. Ce qui est à savoir serait trop bouleversant, alors ils évitent, ils fuient. Ce qui est du Sagittaire ou de la maison IX est fuite, évite­ment.

Dès lors, il est fréquent que cette position de la Lune noire coïncide avec des personnalités instables ou fuyantes ayant tendance à déplacer les problèmes plutôt qu’à les affronter. Il arrive aussi, souvent, que ce complexe per­mette de développer sous forme de compensation un puis­sant désir de savoir et une grande curiosité intellectuelle. Nous aurons alors des sujets hantés par ce désir et qui por­teront leurs questionnements le plus loin possible, aux confins du monde : « Quelle est mon origine, quel sens donner à la vie ?

Comment ne pas être double, limité, fini ? Comment ne pas être contraint à la corporéité et à fouler le sol quand tout en moi suggère l’ascension de l’esprit ? » Si cette question est portée au niveau concret, le sujet aura constamment besoin d’aller ailleurs, à l’autre bout du monde, chercher des réponses à ces questions fondamen­tales. Si cette errance est intérieure, le sujet promène une insatisfaction constante et une cruelle incertitude.

Nous trouverons également cette configuration chez des personnalités cyclothymiques, dont l’humeur oscille entre l’exubérance et la dépression. Cela s’explique très bien sur le plan psychanalytique comme astrologique : chaque élé­ment de réponse aux questions fondamentales provoque de l’euphorie, mais suscite immédiatement d’autres ques­tions, car on ne trouve jamais de réponses totalement satis­faisantes.

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La Lune Noire en Maisons X

La maison X concerne l’image maternelle, l’imago, c’est-à-dire l’image intériorisée du parent qui ne procède pas uniquement de la réalité mais de la fantasmatique du sujet. Cette représentation psychique de la mère s’élabore dès la naissance, par intégrations successives.

Elle est esquissée, une première fois, au moment de l’Œdipe, et trouve sa configuration définitive à l’adolescence. Ensuite, l’imago maternelle est celle que l’on trouve dans le thème, elle est définitivement intériorisée, mais cela n’a rien à voir avec la mère actuelle, celle qui est intériorisée, c’est celle de l’enfance. Et ce qui compte pour le sujet, c’est la réalité subjective qu’il en a.

Compte tenu de sa culmination, la Lune noire en cet endroit possède une importance considérable. La mère est absente. Comme pour l’image paternelle (Lune noire en maison IV), il ne s’agit pas obligatoirement d’une absence physique, encore que cela soit fréquent. Il s’agit plutôt d’une absence psychologique au niveau du maternage, par exemple.

Cette absence peut avoir eu des causes très diverses qui, souvent, ne sont pas imputables à la mère elle-même : maladie et obligation de séparation très pré­coce, obligation pour la mère de travailler et mise en nour­rice de l’enfant beaucoup trop tôt, mère fortement dépres­sive et incapable de s’occuper de son enfant comme il serait souhaitable, etc.

Plus souvent, la mère n’aura pas investi son enfant comme sujet différencié d’elle, elle ne l’aura pas validé en reconnaissant la spécificité de son être d’enfant. Il se comportera en « abandonnique », au pire en schizophrène. Parfois, la mère est vécue comme castratrice, en ne légitimant pas le désir de l’enfant, lui achetant une robe bleue quand il en désire une verte.

C’est pire que la frus­tration où il n’y aurait pas de robe du tout ; dans la castra­tion, on est atteint dans la structure, c’est fondamental. On trouve cela chez les jeunes polytechniciens, castrés par la tradition familiale, où l’on est polytechnicien de père en fils. L’on conçoit qu’ici la plus grande prudence soit de rigueur, pour en parler au natif, qui n’est presque jamais au courant de ces vicissitudes, et l’expérience montre que l’on n’a jamais intérêt à culpabiliser les parents des natifs.

De toute façon, l’enfant intègre un sentiment d’abandon irréductible et dans le même temps la mère est idéalisée, comme toujours lorsque quelque chose nous échappe.

Cette position de la Lune noire doit être considérée de façon différente dans les thèmes masculins ou féminins.

• Chez les femmes : l’identification à la mère peut s’avérer très forte, au point même que la native n’ait pu vivre que dans l’ombre de sa mère avec d’énormes diffi­cultés à mettre en évidence sa propre personnalité et ses idéaux personnels. Très souvent, elle ne fait que reproduire les schémas maternels sans pouvoir établir une distance salutaire entre elle et eux.

• Chez les hommes : ce manque au niveau de l’image maternelle aura d’autres prolongements comme, par exem­ple, le besoin irrépressible de rechercher en tout lieu et toute circonstance une épouse maternelle et maternante qui serait susceptible de combler le manque originaire.

La maison X étant celle de la réussite, non pas sociale, mais du projet de vie, de l’idéal du moi, on conçoit que la Lune noire en maison X provoque une avidité telle qu’elle marque souvent des réussites spectaculaires. Les sujets ayant leur Lune noire en maison X sont des êtres de désir, désir d’être, tout entiers tendus vers la verticalisation de l’être, car justement, au départ, ils ont été atteints là, dans leur désir de se verticaliser.

Le besoin de réparation sous-tend dans ce cas toute l’énergie du sujet. Nous avons eu, en France, deux prési­dents de la République possédant cette position de la Lune noire dans leur thème (MM. Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand). Mais, bien entendu, il ne suffit pas de posséder dans son thème cette configuration astrolo­gique pour en déduire de tels succès.

L’ensemble du thème devra être analysé avec précision et minutie afin de per­mettre une confirmation ou une infirmation de ces disposi­tions fondamentales. Car si cette position de la Lune noire en maison X coïncide parfois avec de spectaculaires éléva­tions, le contraire est encore fréquent : nous avons dans ce dernier cas des sujets aux idéaux puissamment développés, mais les moyens à disposition ne permettent pas de s’en approcher.

Il n’est donc pas rare de trouver cette configu­ration astrologique chez des délinquants, des anarchistes ou, plus simplement, chez des sujets fortement ambitieux mais qui se découragent devant la difficulté à faire se rejoindre de façon cohérente et efficace leur ambition, leurs idéaux et leur potentiel. Le risque ici, c’est évidem­ment la dépression, l’abandon devant tant de difficultés.

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La Lune Noire en Maisons XI

Traditionnellement, la maison XI est la maison des amis ou des pairs, mais à l’origine c’est le lieu de nos projec­tions narcissiques : en maison V, je peins, en maison XI, j’expose. C’est le lieu où j’expose, au regard des autres, le fruit de ma création. La maison XI concerne donc le regard de ceux que j’ai choisis et qui, ayant le même regard que moi sur mes œuvres, vont leur donner du sens et les faire vivre.

Les gens qui habitent symboliquement la maison XI ont toujours avec le sujet un point commun, une idéologie, un courant de pensée, quelque chose de l’ordre des « affinités électives » : ce sont les amis. L’amitié est échange de reconnaissance, elle est bien plus sélective que l’amour, bien plus exigeante et bien plus rare.

Si la maison XI renvoie essentiellement à la problé­matique du regard du groupe sur le sujet, la Lune noire en maison XI va toucher d’une façon particulière son narcis­sisme. Elle est essentiellement la marque de la dépendance aux regards des autres, au jugement du groupe. Il est essen­tiel, pour ces natifs, d’obtenir l’adhésion du groupe, son plébiscite, sa confirmation, jusqu’à s’en rendre esclave.

Nous assistons ici à une sorte de « démultiplication » des désirs. À vrai dire, ce n’est pas tellement le désir de l’autre qui intéresse le natif, que la connaissance et la réa­lité du sien propre.

Le doute le plus cruel le tenaille. Pour se persuader de la validité de son désir, il finit par l’impo­ser à l’autre, au mépris de la réalité même de l’autre. Les relations amicales sont érotisées, passionnelles, idéalisées, voire perverses. Au contraire, le sujet peut avoir un sen­timent d’invalidité et, malgré une création abondante, ne pas pouvoir la soumettre au regard social.

Et, comme d’habitude, la Lune noire peut susciter ici un mouvement compensateur qui va pousser le sujet à réparer son propre narcissisme, en se précipitant au-devant du groupe pour le guider, l’enseigner, le prophétiser… Un enseignant qui a la Lune noire en XI est forcément un bon enseignant.

La Lune noire en maison XI c’est Prométhée, alors qu’en maison VII ce serait Pygmalion ; il y a un caractère sacré chez Prométhée, il se livre totalement aux autres pour vivre par eux. La Lune noire en secteur XI, c’est le témoignage, c’est Saint Jean le Baptiste.

Cette position de la Lune noire accroît considérable­ment les dispositions que l’on peut attribuer, comme cha­cun sait, au Verseau, qui ignore l’individu pour ne s’inté­resser qu’au groupe. Quant au doute, il s’exprime, dans cette maison, de la façon suivante : « Mon désir est-il de ce monde ? » C’est la première fois que, dans toutes ses positions possibles en maisons, la Lune noire suscite pareille interrogation.

C’est donc vers le futur que le natif ira résolument chercher la réponse soit par un militantisme échevelé, soit en prodiguant un enseignement, mais dans tous les cas, en transgressant les limites de la société dans laquelle il évolue.

Sigmund Freud possédait cette configuration dans son thème, adjointe à une conjonction Soleil-Uranus en secteur VII.

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La Lune Noire en Maisons XII

Qu’est-ce que la maison XII ? Elle est devenue la pou­belle de l’astrologie. On manque de mots pour la qualifier, car il n’y a pas de discours au niveau de la maison XII, il n’y a plus de syntaxe ; en effet, par analogie avec les Pois­sons, toute forme y est dissoute. Il y a du sens mais plus de forme.

Si la maison VI comme la Vierge est la pensée logique, la maison XII, comme les Poissons, est la pensée analo­gique ; ce que je manifeste déjà dans cette phrase. La mai­son XII est aussi le lieu de la mystique et il n’y a pas de mystique logique. Elle ne peut être qu’analogique et se communiquer par le symbole qui est, heureusement, poly­sémique, redondant, inépuisable. Il est l’aliment même de la pensée analogique. Le symbole est la seule façon de représenter l’essentiel, la possibilité d’entrer en contact avec le subtil. Ce qui est de l’ordre de la révélation, du divin se perçoit, mais ne s’exprime pas. En maison XII, il n’y a plus de discours, il y a du sens. Ce sens-là, on est en accord avec lui ou non. C’est la connaissance qui, elle, n’est pas traduisible autrement que par une figuration sym­bolique.

La Lune noire en secteur XII va toucher chez le sujet le mystère essentiel, ce lieu de la métamorphose, de l’épreuve initiatique. De façon intuitive, mais inconsciente, le sujet sait qu’il souffre de ne pouvoir donner un sens à cette souffrance. Il parvient à une certitude, reconnaître que son désir est impossible à réaliser ici-bas et que son espérance humaine est vaine. Il sait très bien qu’il ne sait rien de la pensée analogique, symbolique. Il est bloqué, cartésien. Il peut adresser sa requête directement à Dieu s’il a une croyance ; il peut aussi chercher l’oubli dans des paradis artificiels (drogue, alcool…). Mais il peut aussi, et cela est vérifiable dans beaucoup de cas, trouver l’accès à la subli­mation, dans l’art ou une activité sociale telle qu’il pourra mettre son désir au-delà de sa propre souffrance.

On trouve souvent la Lune noire en maison XII chez des enfants dont la gestation a été difficile ou qui n’étaient pas désirés et qui ont engrammé l’angoisse et la culpabilité de la mère. Ils ressentiront toute leur vie une angoisse privée de sens, c’est la raison pour laquelle ils reviennent cher­cher du sens en analyse, en thérapie primale ou en rebirth, car le vide a marqué la préexistence du sujet.

La Lune noire en maison XII peut également susciter une recherche dans la psychanalyse, l’ésotérisme ou la mystique, parfois brusquement, dans une sorte d’illumina­tion, de conversion où l’on passe de la négation précédente à la rencontre des épreuves initiatiques. Le reste du thème dira si le moi est assez fort pour y accéder. Sinon, c’est le côté existentiel de la maison XII qui s’exprimera dans la maladie, l’invalidation ou la prison intérieure de la psy­chose.

Comme toujours, c’est en aidant les autres dans cette réparation que l’on se répare soi-même en étant psycho­thérapeute. Cette position de la Lune noire me semble repré­senter la configuration la plus forte pour ce qui concerne la psychanalyse ou toute démarche ayant pour but une initia­tion à soi-même. C’est aussi le cas de la retraite mystique au désert. Quand la parole se tait, le Verbe se manifeste. La maison XII, c’est le silence. C’est beau la maison XII !

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Source : Philippe Granger









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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
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