La fête de Pentecôte, sceau de notre moi immortel

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La fête de Pentecôte, sceau de notre moi immortel

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Anthroposophie · Jeudi 09 Mai 2024
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La fête de Pentecôte, sceau de notre moi immortel

Rudolf Steiner

Êtres universels et essence du Moi
Extrait de la 1ère conférence faite à Berlin le 6 juin 1916 - [1]

Il ne semble pas tout à fait approprié, alors que nous vivons des temps fatidiques, de se livrer quand même à des réflexions sur la Pentecôte au sens ha­bituel du terme, comme nous l’avons fait par le passé, car nous vivons bien en un temps où l’humanité traverse des épreuves douloureuses et dès lors il n’est pas possible de ne toujours rechercher que des sentiments exaltants, ceux qui nous réchauf­fent l’âme, puisque, si nous avons un sentiment juste et vrai, nous ne pouvons en somme oublier un seul instant le chagrin et la souffrance brûlante que nous connaissons aujourd’hui et qu’en un certain sens c’est même faire preuve d’égoïsme que de vouloir oublier ce chagrin et cette souffrance et de ne s’adonner qu’à des réflexions exaltantes et propres à réchauffer l’âme.

Aussi sera-t-il plus approprié au­jourd’hui également de traiter un sujet qui puisse être utile à l’époque, utile dans la mesure où, comme nous l’avons bien vu ici même grâce à nombre d’exposés que nous avons faits ces derniers temps, il faut bien souvent chercher des causes spirituelles aux souffrances qui pèsent actuellement sur notre vie si lourdement et où il est nécessaire, ô combien, de penser à travailler dans le même temps à déve­lopper l’âme humaine afin que l’humanité puisse aller à la rencontre de jours meilleurs.

J’aimerais toutefois partir au moins de quelques idées qui peu­vent orienter nos sens vers ce que l’on entend par une fête telle que la Pentecôte.

On sait qu’il y a trois fêtes importantes au cours de l’année : Noël, Pâques, Pentecôte.

Pour peu qu’on ne se soit pas fermé, comme la plupart de nos contemporains, à la signification de fêtes comme celles-là telle qu’elle se dégage du sens de l’évolution humaine et cosmique, on ne peut pas ne pas faire en sa sensibilité la différence considérable qui les sé­pare. Car c’est en définitive par leurs symboliques, visibles que ces festivités expriment les trois diffé­rentes façons d’être éprouvées.

La célébration de Noël se présente comme une fête qui fait avant tout la joie des enfants, une fête où, vous le savez, l’arbre de Noël a aujourd’hui son rôle à jouer - pas tou­jours, certes - et fait son entrée dans les maisons après avoir quitté la nature prise dans les neiges et dans les glaces.

Et c’est l’occasion de nous rappeler les Jeux de Noël que nous avons représentés déjà plusieurs fois entre amis, qui des siècles durant ont élevé les cœurs les plus simples en les guidant vers l’événement grandiose et unique dans toute l’histoire de la terre qu’a été la naissance, à Bethléem, de Jésus de Nazareth, c’est-à-dire issu de Nazareth.

La naissance de Jésus de Nazareth est une fête à laquelle s’est associé comme tout naturellement un univers de sentiment né de l’Évangile de Luc, le plus facile à comprendre, bref, une fête de ce que l’humain a de plus universel, une fête à la portée de l’enfant, du moins jusqu’à un certain point, et à la portée aussi de l’homme qui a su garder son cœur d’enfant.

C’est pourtant une fête qui introduit dans ce cœur d’enfant quelque chose de grand, d’immense dont elle nous fait prendre conscience.Nous voyons ensuite célébrer la fête de Pâques qui, tout en étant célébrée en période de renouveau, nous conduit à la porte de la mort et dont on peut dire en premier lieu pour en démarquer le caractère par rapport à la fête de Noël : là où la fête de Noël a tout un aspect souriant qui parle universellement au cœur de l’homme, celle de Pâques revêt quelque chose d’infiniment sublime.

L’homme ne peut fêter Pâques comme il se doit sans que passe dans son âme quelque chose d’une importance immense. Nous sommes amenés à cette idée grandiose entre toutes que la divinité est descendue sur terre, s’est incarnée dans un corps d’homme et de sauveur.

Elle correspond à la fête de Mithra où l’on voit Mithra naître dans une caverne. Dans tout cela nous voyons le signe d’un lien intime avec la nature. D’une cer­taine façon, une fête qui effectivement touche à la nature comme en témoigne également le symbole de l’arbre de Noël - d’ailleurs la façon dont nous nous représentons la naissance ne nous amène-t-elle pas, elle aussi, à ce qui est d’emblée du domaine de la nature ? -, mais une fête qui n’en comporte pas moins, du fait qu’il s’agit bien de la naissance de Jésus de Nazareth, à laquelle se rattachent pour nous tant d’éléments qui nous viennent justement de la science de l’esprit, de nombreux aspects spirituels.

Et si nous nous souvenons, comme nous l’avons souvent dit, que c’est effectivement en hiver que s’éveille l’esprit de la terre, qu’il est le plus actif à l’époque où la nature extérieure paraît comme en­dormie et comme prise dans les glaces, nous pou­vons nous dire que la fête de Noël nous introduit dans la nature des éléments et qu’au moment où s’allument les bougies de Noël elles nous invitent à voir en elles comme un symbole, c’est cela une part de l’esprit qui s’éveille dans les ténèbres de la nuit d’hiver, de l’esprit dans la nature.

Et si nous voulons nous rapprocher de l’homme et mettre la fête de Noël en rapport avec l’homme, voici ce qu’il faut dire : ce qui permet avant tout de le faire, c’est de nous rappeler ce par quoi l’homme reste lié à la na­ture alors même qu’il s’est séparé d’elle en esprit, comme lorsqu’il dort, lorsqu’il s’est élevé en esprit jusqu’au monde spirituel dans son moi et dans son corps astral.

Son corps éthérique, spirituellement parlant, reste attaché au corps de la nature physique extérieure et c’est alors que son corps éthérique manifeste ce qui en lui ressortit à la nature des élé­ments, au monde élémentaire qui continue à vivre au sein de la terre quand la terre est dans son linceul glacé d’hiver.

C’est exprimer plus qu’une compa­raison, c’est exprimer une vérité profonde que de dire : Tout le reste mis à part, la fête de Noël est à la fois comme un rappel de la nature éthérique, élé­mentaire, de l’homme, de ce corps éthérique qu’il possède et qui lui permet de se relier à l’élémentaire de la nature.

Et si vous mettez bout à bout ce qui a déjà été dit, au fil de nombreuses années, de la paralysie et de l’étiolement progressif des forces humaines, vous pouvez en arriver à l’idée de la parenté étroite qui existe en somme entre toutes les forces qui vivent dans notre corps astral et ce que sont pour l’homme les phénomènes porteurs de mort.

Du fait qu’il nous faut étoffer notre corps astral au cours de notre vie, qu’il nous faut y intégrer l’élément spirituel, de ce fait nous faisons bel et bien pénétrer en nous les germes de la mort. On tourne le dos à la vérité en croyant que la mort n’a avec la vie qu’un lien exté­rieur : le lien est de l’ordre le plus intérieur, comme on a pu l’entendre dire maintes fois au cours de nos réunions.

Et si notre vie est ce qu’elle est, c’est pu­rement et simplement parce que nous pouvons mourir comme nous mourons. Mais cela tient, pour l’homme, à toute l’évolution de son corps astral.

Et là non plus il ne s’agit pas d’une simple comparaison, lorsque nous nous disons : la fête de Pâques est comme un symbole de tout ce qui se rattache à la nature astrale de l’homme, cette nature grâce à la­quelle il s’éloigne de son corps physique chaque fois qu’il dort et entre dans le monde spirituel d’où est descendu l’être divin spirituel qui a lui-même connu la mort par le truchement de Jésus de Nazareth.

Et, si l’on parlait à une époque où le sens du spirituel était plus vivant, ce que je viens de dire aurait sans doute davantage valeur de réalité, alors qu’à notre époque on ne lui accorde guère qu’une valeur sym­bolique.

Et l’on percevrait que l’instauration de la fête de Noël ou de la fête de Pâques est destinée également à rappeler à l’humanité qu’elle est liée à la nature élémentaire, à la nature spirituelle et, physi­quement parlant, porteuse de mort ou de lui rappeler que l’homme porte en liai un élément spirituel en son corps éthérique et en son corps astral. Mais voilà, ces choses-là sont tombées aujourd’hui dans l’oubli.

Elles referont surface lorsque l’humanité se décidera à se donner les moyens d’en comprendre la nature spirituelle.En plus du corps éthérique et du corps astral, nous portons encore en nous, au premier chef, l’élément spirituel du moi. Nous connaissons la na­ture compliquée de ce moi.

Mais nous savons aussi que c’est ce moi qui progresse d’incarnation en in­carnation, que ce sont les forces intérieures de ce moi et nulles autres qui travaillent à construire et à former ce que d’une certaine manière nous endos­sons à chaque nouvelle incarnation. Ce moi nous fait renaître chaque fois que nous mourons pour prépa­rer l’incarnation à venir. Ce moi a aussi la propriété de faire de nous une entité individuelle.

De même que nous pouvons dire que notre corps éthérique représente pour nous, en un certain sens, l’élément de la naissance, lié aux forces élémentaires de la nature et que notre corps astral symbolise pour nous l’élément porteur de mort, lié au spirituel à un niveau plus élevé, de même nous pouvons dire que le moi représente pour nous la suite de nos résurrections en esprit, notre retour à la vie en esprit, dans l’ensemble du monde spirituel qui n’est ni nature ni monde stel­laire, mais qui imprègne toutes choses.

Et tout comme on peut mettre en rapport la fête de Noël avec le corps éthérique, la fête de Pâques avec le corps astral, on peut mettre en rapport la fête de Pentecôte avec le moi au sens où elle nous présente la pérennité de notre moi, qu’elle est le signe que nous, hommes, ne nous contentons pas de participer à la vie de la nature en général, ne faisons pas que passer par des morts, mais que notre qualité d’homme fait de nous une espèce immortelle douée d’une individualité sans cesse renaissante.

Cela ne s’exprime-t-il pas harmonieusement dans les formes qu’ont prises, au fil du temps, les idées de Noël, de Pâques et de Pentecôte ! Songez que : la fête de Noël est directement liée aux événements terrestres sous la forme de fête de Noël que nous lui connaissons ! Elle se rattache directement au solstice d’hiver, c’est-à-dire à l’époque où la terre est plongée dans l’obscurité la plus profonde.

La fête de Noël nous met en conformité avec les lois qui gouvernent l’état des choses sur terre : quand les nuits sont les plus longues et les jours les plus courts, quand la terre est transie, c’est le moment où on se retire en soi-même et où on aspire au spirituel pour autant qu’il vit dans la terre.

Une fête qui, par conséquent, est liée à l’esprit de la terre. La fête de Noël, année après an­née, nous rappelle en quelque sorte que, terriens que nous sommes, nous appartenons à la terre, qu’il a fallu à l’esprit descendre des hauteurs du monde et qu’il lui a fallu prendre une forme terrestre pour être lui-même enfant de la terre parmi les enfants de la terre.La fête de Pâques est autre !

La fête de Pâques, vous le savez, se rattache au rapport entre soleil et lune. Elle a lieu le premier dimanche après la pleine lune de printemps, celle qui suit le 21 mars. Nous voyons donc la fête fixée en fonction des positions du soleil et de la lune. C’est dire que nous voyons quel rapport remarquable s’établit entre la fête de Noël et l’élément terrestre, entre la fête de Pâques et l’élément cosmique. La fête de Noël est comme un rappel de ce qu’il y a de plus saint sur terre, la fête de Pâques de ce qu’il y a de plus saint au ciel.

Quant à la Pentecôte chrétienne, c’est une merveille ; elle est reliée à une chose dont on voudrait dire qu’elle se situe plus haut encore que les étoiles. Le feu univer­sel, universellement spirituel, qui s’individualise et descend sur les apôtres en langues de feu, ce feu qui n’est ni tout à fait de la terre ni cosmique ni tout à fait tellurique, ce feu qui pénètre toutes choses et qui à la fois s’individualise et va toucher chaque homme en particulier.

C’est à l’univers tout entier que se rattache la fête de Pentecôte. De même que la fête de Noël se rattache à la terre et la fête de Pâques au monde des étoiles, de même la fête de Pentecôte se rattache directement à l’homme, dans la mesure où il reçoit de tous les mondes l’étincelle de la vie de l’esprit.

Dans la langue de feu de la Pentecôte, nous voyons comme en préparation pour chaque homme en particulier ce qui est donné à l’humanité tout entière par la grâce du dieu fait homme descendant sur la terre. Nous voyons là, représenté dans la lan­gue de feu, ce qui est dans l’homme, dans le monde et dans les étoiles.

Voilà comment, pour qui est en quête de l’esprit, cette fête de Pentecôte recèle jus­tement un contenu particulièrement profond qui est une invitation perpétuelle à renouveler sans cesse la quête de l’esprit. Qu’il me soit permis de dire qu’à l’heure présente, il est nécessaire de prendre ces pensées, y compris ces pensées de fête, encore beau­coup plus à cœur qu’en d’autres temps.

Car la façon dont nous émergerons de l’accablement douloureux où nous plongent les événements actuels va dépen­dre, dans une large mesure, du sérieux plus ou moins profond dont nous pouvons entourer ces pensées.

Il faudra que les âmes s’en sortent par leur travail, le pressentiment s’en fait jour dès maintenant dans certains cercles. Et je voudrais dire que celui qui s’est approché tout particulièrement de la science de l’esprit devrait, plus que tout autre, prendre à son compte l’urgence si propre à notre temps que l’on peut appeler urgence de redonner vie à la vie de l’esprit en dernière analyse, d’en finir avec le ma­térialisme.

Le seul moyen d’en finir avec le matéria­lisme, c’est une bonne volonté disposée à allumer en soi la flamme du monde spirituel, en l’occurrence de faire véritablement de Pentecôte une fête du cœur et, dans son cœur, de la prendre au sérieux.Nous venons de voir, n’est-ce pas, grâce aux ré­flexions auxquelles nous nous sommes livrés ici au cours des dernières leçons, comme il devient diffi­cile à l’humanité, dans le contexte actuel précisé­ment, de trouver la voie juste en ce domaine.

D’une part nous voyons aujourd’hui s’exercer des forces dont on ne s’étonnera jamais assez, auxquelles on ne peut trouver assez de sentiments à opposer. Mais dès lors qu’on aura ainsi développé le sentiment d’urgence vis-à-vis de l’esprit, on verra bien comme il est nécessaire pour l’âme humaine de pouvoir célébrer cette fête de Pentecôte intérieure, de ne pas oublier cette fête de Pentecôte intérieure.

Non pas vous, qui depuis des années prenez part à ces ré­flexions, mais d’autres pourraient facilement s’imaginer que les considérations récemment propo­sées ici sont pour beaucoup le fait d’un malade ima­ginaire, d’un obsédé de la critique.

Cela ne me paraît pas être le cas, il me semble au contraire de première nécessité de porter l’attention sur le genre de ques­tions que viennent justement de soulever ces récen­tes considérations, afin que l’on sache par où saisir l’esprit dans le devenir de l’humanité.

Et permettez-moi d’ajouter : je ne suis pas le seul à voir de quoi il s’agit à présent.

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Source : Êtres universels et essence du Moi - GA 169
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Note :

[1] - Au sujet de ses publications privées, Rudolf Steiner s’exprime de la manière suivante dans son auto­biographie « Mein Lebensgang » (chapitre 35 et 36, mars 1925) :

"Le contenu de ces publications était destiné à la communication orale, non à l’impression. Il n’y est rien dit qui ne soit le résultat de l’anthroposophie, qui est en train de s’édifier. Le lecteur de ces publications privées peut pleinement les considérer comme une expression de l’anthroposophie [...] C’est pourquoi on a pu sans scrupule déroger à l’usage établi qui consistait à ré­server ces textes aux membres. Il faudra seulement s’accommoder au fait que dans ces sténogrammes, que je n’ai pas revus, il se trouve des erreurs".

"On ne reconnaît la capacité de juger le contenu d’une telle publication privée qu’à celui qui remplit les conditions préalables à un tel jugement. Pour la plupart de ces publications figurent, au moins parmi ces conditions, la connaissance de l’enseignement anthroposophique sur l’homme et le cosmos et celle de l’histoire selon l’anthroposophie, telle qu’elle dé­coule des communications provenant du monde de l’esprit".


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Pascal Patry
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