Psychothérapies ou psychanalyse

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Psychothérapies ou psychanalyse

Pascal Patry praticien en psychothérapie, thérapeute et astropsychologue à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Psychothérapie · Mercredi 03 Août 2022
Tags: Psychothérapiesoupsychanalyse
Psychothérapies ou psychanalyse

Dans un article d’Action et Pensée [1], Charles Baudouin écrivait :

" En fait, l’analyse est une méthode lente, minutieuse et souvent impraticable, et dans beaucoup de cas concrets il faut aller au plus simple et au plus rapide. L’expérience montre d’ailleurs que les méthodes suggestives, et même celles qui s’adressent uniquement au conscient, procurent bien souvent à elles seules des résultats excellents. Elles sont à coup sûr moins radicales, moins décisives. Mais nul entrepreneur raisonnable ne soutiendra que toute maison à réparer doit être nécessairement rebâtie de fond en comble. Dans certains cas - des cas de conflit avec le milieu - il pourra même suffire de provoquer des modifications du milieu et des conditions de la vie, sans intervenir directement dans l’économie psychique. Chaque cas veut être examiné individuellement, et nulle règle absolue ne peut être formulée…"

Mais dans aucun cas, ce n’est rendre service au sujet que de l’inviter à s’en remettre à ces moyens trop simples et trop prometteurs, qui font figure de panacées, et qui sont en réalité l’apanage des charlatans. Le public moderne, sous l’influence déplorable du mécanisme de la vie actuelle, n’est que trop porté à demander, pour se guérir, de petits moyens tout extérieurs… L’un des graves reproches qu’il faut adresser à cette sotte vulgarisation qui a usurpé le nom de “couéïsme”, c’est d’avoir entretenu le public dans cette dangereuse erreur… L’hygiène mentale, comme l’autre, demande des sacrifices quelquefois sévères. »

Avec Baudouin, nous conviendrons que l’analyse n’est pas une “panacée” et qu’il faut savoir proposer la thérapie la mieux adaptée à chaque cas particulier.

Essayons de préciser en quelques lignes (si cela est possible) ce qui caractérise la psychanalyse. Dans “De la technique psychanalytique” [2], Freud commence en donnant l’essentiel du processus : “Remémoration - Répétition et Élaboration”, trois moments ou plutôt trois mouvements qui se revivent dans le transfert qu’il définit comme « un fragment de répétition et la répétition comme le transfert du passé oublié rapporté non seulement à la personne du thérapeute, mais aussi à tous les autres domaines de la situation présente » [3]. Puis, il ajoute : « C’est dans le maniement du transfert que Ton trouve le principal moyen d’enrayer l’automatisme de répétition et de le transformer en une raison de se souvenir. » [4]

Si le transfert existe et opère dans toute thérapie, ce qui marque la différence de la psychanalyse c’est l’utilisation de celui-ci dans le travail d’élaboration. La voie utilisée pour l’analyse du transfert, c’est la mentalisation qui marque la sortie du niveau comportemental. Mentalisation qui n’est pas un refuge dans une défense de type intellectuel, mais accès à une parole vraie. C’est là que réside la difficulté de l’analyse et ce qui en marque les limites pour certains patients. Souvent l’analysant se trouve dans l’impossibilité de sortir de la compulsion de répétition, car malgré ses plaintes, il en tire d’indéniables bénéfices secondaires.

Comment savoir ce qui convient le mieux à un patient faisant une demande de thérapie ? Il n’y a pas de réponse toute faite, mais il serait imprudent de nous fier seulement à notre intuition. Il nous faut d’abord un repère global ; je propose avec Robert Fliess, de bien différencier les cas qui se situent en aval, de ceux qui se situent en amont de la “Divided-Line”, séparation passant entre le premier sous-stade anal (phase d’expulsion) et le second sous-stade anal (phase de rétention) ; sur le versant névrotique, la psycha­nalyse peut être envisagée (s’il y a une demande motivée du patient), sur le versant psychotique, l’analyse ne peut être pratiquée sans certaines modifications qui risquent d’annuler ce qui en fait l’originalité.

Avec les “États limites” qui constituent une part importante des demandes qui nous sont adressées, l’analyse peut apporter une solution valable à condition que l’analyste accepte d’être remis en question dans son comportement (et non dans sa technique). Avec eux, il ne nous est pas possible de nous placer, dans le transfert, comme un substitut du parent génitalisé, cela les ferait s’enfermer dans la dénégation pour fuir la perspective œdipienne trop dangereuse pour eux. Nous ne pouvons pas non plus, avec ces patients, nous présenter comme “parent de psycho­tique”, cela déclencherait chez eux des mouvements dépressifs, car ils se sentiraient confirmés dans leur im­pression d’incapacité à s’en sortir, c’est-à-dire à s’aimer. Toute erreur entraînerait un renforcement des défenses.

Il nous faudra donc, à partir d’étude de cas, préciser nos connaissances théoriques et affiner nos possibilités de diagnostic en sachant bien que nous ne rencontrerons jamais deux cas identiques.

Je propose donc une théorisation souple à partir de cas concrets afin de jalonner notre travail d’investigation. C’est à cette tâche que nous vous inviterons dans nos prochains séminaires.

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Source : Ballade pour un jeune thérapeute - Paul Montangérand - Ancien Président de la société de psychanalyse et de psychothérapie de Genève.

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Notes :

[1] - Charles BAUDOUIN. « La Psychagogie ou Science de la conduite de l’esprit » in “Action et Pensée” Sept. 1954.
[2] - FREUD. « De la technique psychanalytique » P.U.F.
[3] - FREUD. Ibid. p. 109.
[4] - FREUD. Ibid. p. 112.

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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
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