Le pèlerin du voyage intérieur
Publié par Pascal Patry dans Psychothérapie · Mercredi 03 Août 2022
Tags: Le, pèlerin, du, voyage, intérieur
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Le pèlerin du voyage intérieur« Le Chemin mystérieux va vers l'intérieur.C'est en nous sinon nulle part qu'est l'éternitéavec ses mondes, le passé et l'avenir »NovalisLe Pèlerin va à la rencontre du mystère, car s’il sait d’où il part, il ne saura jamais où il va. Si nous croyons apprendre pour savoir le chemin, nous le quittons, car « où les routes sont tracées, je perds mon chemin ».Le pèlerin du voyage intérieur, c’est l’homme en recherche de lui-même le voyageur dont l’âme pérégrine en pressentant qu’à travers les chemins malaisés il trouvera peut-être quelque chose d’inconnu qui l’habite depuis toujours. Mais pour cela il lui faut abandonner tout espoir de recevoir cette grâce de l’extérieur, il lui faut abandonner toute sécurité, toute volonté de puissance et renoncer à vouloir maîtriser l’inexplicable. Depuis Hérodote jusqu’à Bernard de Clairvaux, l’homme est invité à l’humilité et à la solitude intérieure.« Au fond, écrit Jung, rien n’a de signification, car lorsqu’il n’y avait pas d’homme pensant, personne n’était là pour interpréter les phénomènes. Celui-là seul qui ne comprend pas a besoin d’une interprétation. Seul l’incompréhensible a une signification. L’homme s’est éveillé dans un monde qu’il ne comprend pas et c’est pourquoi il cherche à l’interpréter.... L’interprétation humaine est défaillante, car ce qui est apparu est une situation vitale, turbulente, à laquelle aucune interprétation reçue ne convient. C’est là un facteur décisif d’effondrement. … Ce n’est pas une renonciation artificiellement voulue à nos propres capacités, mais une renonciation provoquée par une contrainte naturelle ; ce n’est pas une soumission, ou une humiliation volontaire et parée de raisons morales, mais une défaite complète sans équivoque, couronnée de l’angoisse panique de la démoralisation. » [1]Chacun doit péniblement découvrir sa voie. Il ne s’agit pas dans un tel cheminement d’un repliement sur soi, mais d’un approfondissement pour tenter de saisir en soi-même le germe présent dans tout être humain.Mais ce que demandent souvent les hommes, c’est un “Rédempteur”. La faiblesse et la peur font que nous fabriquons des idoles pour apaiser nos doutes, pour échapper à nos responsabilités, donc pour fuir la vie. Il est difficile d’être libre ; dans la solitude et le silence, l’homme moderne est pris de panique et d’angoisse. L’intériorité lui semblera attrayante au départ, mais rapidement en ce lieu insolite et aride, il prend peur et écoute un discours sur le parcours intérieur, un discours sur “l’individuation”. Mais rien ne peut se dire du vécu solitaire sinon un “bla-bla” insipide, un miroir à alouettes pour faux adeptes : « Si tu rencontres le Bouddha, tue-le », dit un maître zen car ce sera un faux.L’homme “extérieur” divisé, cherche la possession d’un savoir, la maîtrise intellectuelle. « Il faut rappeler ici, nous dit Perrot, que l’on peut fort bien passer sa vie à parler de l’inconscient ou du mystère qui dépasse l’homme tout en demeurant douillettement calfeutré dans l’étroite chambre du Moi. C’est malheureusement, de beaucoup, le cas le plus fréquent, et l’on ne sait à qui l’on doit à cet égard décerner la palme, des ésotéristes, des théologiens ou des psychanalystes. » [2]Pour nous relier à la vie, pour approcher l’Être qui est en nous, il nous faut prendre une autre voie que celle du discours intellectuel. Cette voie, il est impossible d’en tracer la carte. La réponse du maître zen à son disciple fait prendre conscience à celui-ci de l’inopportunité de sa demande et de son attente affective qu’il cache derrière son attente cognitive. Un disciple demande un jour à son maître : « Quelle est l’essence du Zen ? ». « As-tu pris ton déjeuner ? » lui demande le maître, « Oui ». « Dans ce cas, va laver ton assiette » [3].Jung a apporté une “ouverture” non négligeable que les “théologiens” de la psychologie analytique s’appliquent parfois à refermer par une théorisation. Pour renouveler notre adhésion au « centre où jaillit la fontaine de vie », les Alchimistes affirment qu'il faut sans cesse défaire la Pierre et qu’elle doit repasser par toutes les couleurs de l’œuvre en commençant par la noire. Nous devons sans cesse renoncer à toute installation dans des positions acquises. L’invité aux Noces Chymiques est accueilli par :CONGRULATOR et CONDOLEO(Félicitations et Condoléances). [4]---Source : Ballade pour un jeune thérapeute - Paul Montangérand - Ancien Président de la société de psychanalyse et de psychothérapie de Genève.------Notes :[1] - JUNG. « Les Racines de la Conscience » p. 48-49.[2] - E. PERROT. « La Voie de la Transformation » p. 161 -Médicis 1970.[3] - CHANG Chung Yuan. « Le Monde du Tao » p. 108 - Stock 1979.[4] - Christian ROSENCRENTZ. « Noces Chymiques » - 1459. Publiées à Strasbourg en 1616.
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