Rudolf Steiner et sa relation avec Michaël - Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000

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Rudolf Steiner et sa relation avec Michaël
Dès son plus jeune âge, Rudolf Steiner s’est trouvé dans une relation exceptionnelle avec les impulsions à venir de l’actuel Esprit du temps.

Déjà étant enfant, il avait tracé son chemin futur comme une tâche de nature michaélique, une tâche qui sera d’une importance décisive pour l’humanité, non seule­ment pour son époque et pour aujourd’hui, mais pour encore des siècles.

Il le fit à l’âge de huit ans, formulant ainsi, si ce n’est exactement en ces termes, du moins intuitivement, la tâche centrale de toute sa vie : comment peut-on - se dit-il après sa première découverte de la géométrie - porter dans le monde les expériences que l’esprit a acquises, les expériences que l’esprit a vécues, [ses] impressions spirituelles, exactement comme c’est le cas avec les théorèmes de cette science rigou­reuse ?

Un questionnement tout à fait moderne et, typique­ment, michaélique.

Rudolf Steiner avait déjà ses propres perceptions spiri­tuelles depuis sa septième année. Mais déjà à l’âge de huit ans, il n’avait pas l’intention de s’en tenir à ces expériences acquises, mais voulait faire ses premiers pas dans la direction de ce qui serait plus tard la tâche de sa vie de manière totale­ment autonome. « Étant enfant, je ne me le disais pas claire­ment, bien sûr, mais je sentais que l’on devait porter en soi la connaissance du monde spirituel, de la même façon qu’on le faisait pour la géométrie ».

Rudolf Steiner s’est souvenu de ce moment décisif à la fin de sa vie dans son Autobiographie, ajoutant encore : « Dans mon rapport à la géométrie, il me faut voir la première éclosion d’une concep­tion qui se développa progressivement chez moi. Elle vivait déjà en moi, plus ou moins consciemment, pendant mon enfance et prit une forme déterminée, pleinement consciente, aux alentours de ma vingtième année ».

Pour parvenir cependant à [donner] sa « forme pleinement consciente » à la tâche de sa vie, qui culmina plus tard dans la fondation de la science de l’esprit, un certain nombre de faits supplémentaires devaient encore se produire au cours de son existence. On est par conséquent en droit de poser la question : que faisait le jeune Rudolf Steiner autour de l’année 1879, au commencement de l’ère actuelle de Michaël ?

C’est précisément autour de cette époque qu’il se pose lui-même les questions michaéliques décisives, qu’il poursuivra par la suite avec conséquence et sans la moindre rupture à travers tous les hauts et les bas de son évolution intérieure jusqu’à la fin de son existence.

C’est vers cette année-là que Rudolf Steiner atteint sa 18e année et commence à s’occuper intensément de l’énigme du moi humain. Ce seul fait, assurément, l’amène dans la proxi­mité de Michaël.

Car en tant qu’Esprit du temps, Michaël est l’entité hiérarchique dont l’enveloppe extérieure est constituée de la substance du moi. C’est-à-dire que Michaël s’adresse aux hommes à partir d’une substance qui est intrin­sèquement apparentée à son propre moi. Nous, les hommes sur terre, nous vivons dans un corps physique.

Les Anges ont pour enveloppe extérieure le corps éthérique et les Archanges le corps astral. Les Archées, par contre, les Esprits du temps, portent comme vêtement extérieur la substance du moi, qui correspond à l’élément le plus important dans l’être humain. Et c’est à travers celle-ci que Michaël trouve son accès aux hommes.

Cette année-là, Rudolf Steiner se pose donc pour lui-même et pour la suite de son chemin la question décisive du moi de l’être humain, pour y répondre ensuite à partir de sa propre expérience spirituelle.

Dans son Autobiographie, nous pouvons lire à ce propos : « Pour moi, il existait un monde d’êtres spiri­tuels. Que le “moi”, qui est lui-même esprit, vive dans un monde d’esprits, était pour moi une aperception immédiate ». En ces termes se trouve décrite l’expérience suprasensible du moi faite par Rudolf Steiner et qu’il avait déjà expérimentée autour de sa dix-huitième année.

La même année, une autre aspiration, elle aussi purement michaëlique, entre dans sa vie, aspiration qu’il décrit dans sa rétrospective ultérieure comme suit : « Je travaillais désormais de plus en plus consciemment à déverser l'aperception immé­diate que j’avais du monde spirituel dans la forme de pensées ».

C’est-à-dire qu’autour de cette période, il était déjà consciemment et délibérément aux prises avec le problème suivant : comment le penser peut-il être transformé de manière à ne plus détruire, voire tuer, les perceptions spirituelles, mais à les éclairer de telle sorte que l’être humain puisse, tout à fait librement et avec la force d’une vigoureuse conscience du moi, participer en toute lucidité aux événements et aux processus du monde spirituel ?

Exprimée en d’autres termes, la question s’énonce ainsi : comment l’homme peut-il, dans la liberté, devenir un compagnon d’armes et un collaborateur conscient des entités spirituelles et avant tout du nouvel Esprit du temps ?

Telles sont les questions dont Rudolf Steiner s’est occupé intensément, même si ce n’est pas exactement dans la formu­lation ci-dessus, autour de l’année 1879. C’était en même temps l’époque de son premier nœud lunaire. C’est tout à fait la thématique qui était au centre des dix conférences sur la biographie de Rudolf Steiner que j’ai données au Goetheanum en 2011 pour son 150e anniversaire.

Le chemin intérieur qui a conduit Rudolf Steiner directement à Michaël y est présenté à cette occasion de manière beaucoup plus détaillée et approfondie.

La biographie de Rudolf Steiner comporte aussi, un peu plus tard, alors qu’il avait environ dix-huit ans et demi, la rencontre avec le maître rose-croix resté anonyme. Celui-ci lui communiqua une sorte d’instrumentation occulte sur la base de laquelle Rudolf Steiner put atteindre ses objectifs, qu’il s’était en effet déjà fixés lui-même.

C’est ainsi qu’il s’engagea sur le chemin menant à Michaël en tant que véritable rose-croix moderne, toutefois non pas en lien avec quelque trans­mission ou tradition que ce soit, mais directement sous la direction de l’actuel Esprit du temps.

Et que se passa-t-il ensuite ? Pour pouvoir répondre à cette question, nous devons encore nous pencher brièvement sur le fait caractéristique chez Rudolf Steiner, dont les recherches spirituelles remplissent dans son œuvre plus de 350 volumes, à savoir que malgré cette abondance infinie de communications, il n’a pratiquement jamais parlé de ses propres expériences suprasensibles.

Cela ne témoigne pas seulement de sa remar­quable modestie, mais atteste surtout de la grande rigueur avec laquelle il abordait, vis-à-vis de lui-même, ses expériences dans le monde spirituel. Il attendait l’occasion de communi­quer à d’autres personnes, et ceci jusqu’à ce qu’il fût en mesure de transmettre au public sous forme de résultat objectif de ses recherches en science de l’esprit, dans des livres ou des confé­rences, ce qu’il avait expérimenté dans le suprasensible.

En ce sens, Rudolf Steiner se situait et se situe jusqu’à nos jours en opposition flagrante avec de nombreux contempo­rains qui, lorsqu’ils vivent leurs toutes premières expériences spirituelles, éprouvent un besoin irrésistible d’en parler partout immédiatement.

A contrario, les très rares « remarques personnelles » de Rudolf Steiner que l’on trouve ici ou là, c’est-à-dire les communications sur ses propres expériences dans le monde spirituel, sont d’une importance toute particulière. On peut les ressentir comme des perles précieuses disséminées dans son œuvre, que l’on peut par conséquent accueillir avec une dévotion et une gratitude particulières.

C’est ainsi que, vers la fin de sa vie, à Torquay (Angleterre), il rapporte sa rencontre consciente avec Michaël pendant sa période de Weimar, où il fut témoin de la lutte de l’Esprit du temps avec le dragon ahrimanien dans [la région du] monde spirituel limitrophe de la Terre. Dans ce contexte, il perçut également les grandes questions cosmiques qui vivaient dans le royaume spirituel de Michaël sur l’avenir de l’humanité. (Voir les propos de Rudolf Steiner sur sa rencontre avec Michaël plus loin dans ce chapitre.)

Mais comment cette rencontre avec Michaël s’est-elle produite, comment a-t-elle eu lieu ? Cet événement n’a pu se produire que sur un chemin d’initiation moderne - non plus sur celui des anciens rose-croix -, c’est-à-dire tel qu’il est devenu possible au sein du chemin d’initiation rose-croix michaélique, uniquement après le commencement de l’ère de Michaël en 1879. Car Michaël était maintenant descendu du Soleil dans l’environnement terrestre, ce qui avait radicale­ment changé toute la relation de Michaël avec l’humanité.

Le chemin pour une telle rencontre avait été préparé par les anciens rose-croix. À la sortie du Moyen Âge et au début de l’ère moderne, ils avaient étudié le système copernicien avec beaucoup de soin. Ils ont spiritualisé dans leurs âmes cette connaissance avec les méthodes de formation spirituelle des rose-croix et l’ont présentée aux dieux. C’est ainsi que Rudolf Steiner le décrit dans la conférence du 13 janvier 1924.

Et c’est sur ce chemin que les rose-croix de l’époque ont effec­tivement rencontré Michaël, et sous une forme particulière. Rudolf Steiner fait remarquer que même les rose-croix les plus avancés - dans le contexte d’ensemble de la conférence, on pense surtout à Christian Rose-Croix lui-même - n’ont pu rencontrer Michaël sur ce chemin avant 1879 que dans un état analogue au rêve, et non encore en pleine conscience. À cet égard, il dit littéralement : « Les rose-croix se caractérisent par le fait que ses esprits les plus éclairés avaient un désir ardent de rencontrer Michaël. Ils ne pouvaient le faire que comme dans un rêve ».

Cela jette une lumière formidable sur la biographie du jeune Rudolf Steiner. En effet, qu’a-t-il fait après sa rencontre avec le maître rose-croix, alors qu’il était étudiant à l’Université technique de Vienne ? Il a étudié avec assiduité toutes les sciences qui y étaient proposées. La liste qu’il donne dans sa conférence autobiographique comprend neuf disciplines : « la chimie, la physique, la zoologie, la botanique, la biologie, la géologie, les mathématiques, la géométrie et la mécanique pure ».

À cela s’ajoute encore l’étude intensive de la philo­sophie moderne jusqu’à Kant, Fichte, Hegel, Schelling et quelques philosophes moins connus de la seconde moitié du XIXe siècle. On peut donc dire sans exagération qu’au cours de ces quelques années, il a appréhendé pratiquement l’ensemble de la pensée de l’humanité, et ce dans les deux grandes direc­tions - celle de la science et celle de la philosophie.

À Vienne et plus tard à Weimar, il s’intéresse aussi beau­coup à l’art, qui devient à cette époque de plus en plus natu­raliste sous l’influence du matérialisme dominant. De même, il porte en lui des impressions similaires sur la religion, qui est devenue de plus en plus matérialiste et dogmatique au XIXe siècle. Et qu’en fait-il ? Tout d’abord, il éclaire tout à la lumière de la vision du monde, universelle, de Goethe.

À partir de sa dix-huitième année, il s’intéresse intensément à l’art de celui-ci et, à partir de sa vingt-deuxième année, à la démarche scientifique exceptionnelle de Goethe, afin d’inté­rioriser et de transformer sur cette voie surtout les sciences de la nature qu’il avait apprises.

À Weimar vint encore s’y ajouter l’étude approfondie de Darwin et Haeckel dont il présenta plus tard les conceptions dans le second volume de sa monographie Visions du monde et de la vie au XIXe siècle dans l’esprit de l’approche goethéenne de la nature.

Rudolf Steiner lui-même rapporte à ce sujet : « Je rédigeai précisément le second volume de ce livre de telle sorte que puisse être donné, sous une forme spiritualisée du darwinisme et du haeckélisme vus à la lumière de la vision du monde de Goethe, le point de départ d’une vision spirituelle approfondie des secrets de l’univers ».

Ainsi cette transformation intérieure du haeckélisme dans le sens de Goethe a eu lieu chez Rudolf Steiner dès l’époque de son séjour à Weimar.

À ce premier degré de transformation de la pensée scien­tifique moderne succéda encore un autre, à savoir sa spiritua­lisation dans le sens des orientations que Rudolf Steiner avait précédemment reçues de son maître rose-croix. Tout cela, il le présenta aux dieux, afin, selon ses propres termes, de rece­voir d’eux, en retour, le contenu de l’Évolution telle qu’elle est décrite dans le livre La Science de l’occulte dans ses grandes lignes.

Lui-même rapporte à de sujet : « Étudiez aujourd’hui, après avoir été touchés par le principe d’initiation rose-croix dont il est question ici, le système de Haeckel avec tout son matérialisme, étudiez-le et laissez-vous pénétrer par la nature des méthodes de connaissance selon Comment parvient-on à la connaissance des mondes supérieurs ? [...] Apprenez tout [...] ce qu’on peut apprendre par la science extérieure, et présentez-le aux dieux, et vous obtiendrez ce qui est raconté sur l’évolution dans mon livre La Science de l’occulte.

Si l’on a présenté également de cette façon aux dieux dans le monde spirituel, après le début de l’ère de Michaël, l’art et la religion devenus de plus en plus naturalistes (c’est-à-dire en même temps matérialistes), en lien avec la science, alors on a pu effectivement rencontrer Michaël sur ce chemin en tant qu’actuel Esprit du temps. « Et ce qu’on fait là, le fait d’élever dans un monde spirituel les connaissances de la nature acquises ici, ou même les créations de l’art naturaliste, ou encore les impressions de la religion agissant de façon naturaliste à l’inté­rieur de l’âme - car, au fond, la religion est bien, elle aussi, devenue naturaliste -, en élevant tout cela [vers les dieux], effectivement, si l’on développe la faculté pour le faire, on rencontre Michaël.

Mais maintenant, cela ne se produi­sait plus dans un état analogue au rêve - comme c’était encore le cas chez les anciens rose-croix - mais d’une façon nouvelle, et très consciente. Car « depuis la fin du dernier tiers du dix-neuvième siècle, les hommes peuvent rencontrer Michaël en esprit de manière consciente ».

C’est sur cette voie que Rudolf Steiner eut sa première rencontre avec Michaël. À l’époque de Weimar (1890-1896), il le rencontra en pleine conscience dans le monde spirituel directement limitrophe de la Terre, à partir de son moi libre, porté par les forces les plus pures de son penser spiritualisé, qu’il avait surtout pleinement développé en lui grâce à l’étude intense de la philosophie, des sciences et des écrits scienti­fiques de Goethe.

Ainsi, Rudolf Steiner est, à notre époque michaélique, le premier rose-croix qui ait rencontré Michaël dans le monde spirituel de façon pleinement consciente, en tant qu’homme moderne doué d’un moi. Il le décrit lui-même dans les termes suivants : « C’est-à-dire que du fait que l’on vivait avec l’âme d’entendement ou de cœur en dehors du monde physique, on pouvait vivre dans la région, dans la sphère, dans laquelle Michaël venait d’entrer dans la vie terrestre ».

Cette rencontre avec l’Esprit du temps régnant était à l’arrière-plan du travail de Rudolf Steiner sur son livre La Philosophie de la liberté, qui fut publié en 1894, l’année où son auteur avait atteint sa trente-troisième année.

Il ressort nette­ment de sa description ultérieure que ce livre est lié à l’essence de Michaël : « Michaël peut travailler dans tout ce que j’ai appelé, par exemple dans ma Science de l’occulte, le penser libre, le penser pur, qui doit être, à l’époque moderne, la véri­table impulsion pour la volonté individuelle de l’homme dans la liberté. Et pour cet agir qui jaillit de l’impulsion de l’amour, Michaël a son affinité spécifique ».

Ce que Rudolf Steiner avait décrit dans la Science de l’occulte comme l’élargissement du « penser pur » au monde suprasensible au-delà du seuil, il l’avait déjà fondé sur une base plus philosophique, c’est-à-dire pour des régions se trouvant encore de ce côté-ci du seuil, dans sa Philosophie de la liberté. Avec ce livre, surtout dans sa première partie, est donnée la substance dans laquelle « Michaël peut travailler » pour se lier progressivement à au penser purifié des hommes.

Et dans la seconde partie du livre, il est question de la justification des actes libres, qui ne peuvent être vraiment libres que lorsqu’ils sont accomplis par « amour pour l’objet ». Car ce n’est que pour de tels actes que « Michaël a une affi­nité spécifique ». Ainsi, Rudolf Steiner avait déjà écrit à cette époque le premier livre michaélique, qui ait, et qui aura encore pour longtemps à l’avenir, la tâche de préparer les hommes à une coopération consciente avec Michaël. Car ses deux parties ne décrivent et ne caractérisent rien d’autre que ce que signifie penser et agir de façon michaélique.

Sur ce, Rudolf Steiner apprit de la sphère spirituelle dans laquelle il se trouvait désormais consciemment, ce qu’il ne put exposer comme le Mystère cosmique de Michaël qu’à la fin de ses jours, après le Congrès de Noël (voir plus loin.) Ce furent surtout les grandes questions de l’évolution de l’humanité et du monde qui purent y être perçues. « Mais là, dans les coulisses, derrière ce mince voile, dans la région de Michaël, les grandes questions de la vie ont été soulevées ».

Or un dur combat spirituel était aussi lié à la révélation de ces questions cosmiques, combat que Michaël a dû mener contre le dragon ahrimanien pour l’avenir de la Terre et de l’humanité sur celle-ci. En cela, il avait surtout à ses côtés ces âmes qui, sous sa direction, avaient auparavant suivi l’École suprasensible de Michaël, pour ensuite, à partir du XXe siècle, agir sur la Terre en tant qu’âmes d’anthroposophes pour les tâches de l’Esprit du temps. « Derrière un voile, de puissantes manifestations se déroulaient, toutes regroupées autour de l’être spirituel que nous appelons Michaël. Il y avait là de puis­sants adeptes de Michaël, des âmes humaines qui n’étaient pas dans le corps physique à ce moment-là, mais qui se trou­vaient entre la mort et une nouvelle naissance, mais aussi de puissantes forces démoniaques qui se rebellaient sous des influences ahrimaniennes contre ce qui devait venir dans le monde à travers Michaël ».

Rudolf Steiner a vu tout cela à l’époque de Weimar, derrière le voile du monde physique-sensible, dans la sphère de l’esprit directement limitrophe de la Terre. En même temps, l’essence des Mystères de Michaël, qu’il pouvait également voir dans cette sphère, lui apparaissait progressivement. Il était déjà initié à ces Mystères dès sa jeunesse - du moins partiellement -, mais il lui fallut encore des décennies avant de pouvoir en parler ouvertement à l’humanité.

C’est seulement grâce au Congrès de Noël que cela devint possible. Après l’acte ésotérique qu’il accomplit à ce moment-là, certains démons ahrimaniens, qui ne toléraient pas auparavant la divulgation de ces secrets, purent être vaincus. « Effectivement, grâce à tout ce qu’il est devenu possible de donner, surtout depuis le Congrès de Noël de la Société anthroposophique, grâce à la façon dont il m’a été permis de travailler moi-même en occultisme depuis cette époque - ce ne sont pas, bien sûr, des choses nouvelles, on ne peut pas en occultisme communiquer immédiatement des choses qu’on a découvertes la veille au soir, ce sont des choses anciennes qui ont été vécues comme je vous l’ai décrit mais ce qui s’est passé de surcroît, c’est que les démons qui auparavant ne permettaient pas qu’on divulgue les choses, ont dû se taire ».

C’est surtout dans les conférences sur le karma de la Société anthroposophique et dans ce qu’on appelle les Lettres de Michaël que Rudolf Steiner s’est exprimé très en détail sur le Mystère cosmique de Michaël, y indiquant également le chemin michaélique menant au Christ, qui ne peut être emprunté par des êtres humains qu’à partir de notre époque (depuis le commencement de l’actuelle ère de Michaël) et que Rudolf Steiner lui-même a été le premier à parcourir.

Prenons juste ici une description tirée des lettres de Mickaël : Michaël, qui, maintenant, ne conduit pas les hommes par lui-même - car il respecte pleinement la liberté des hommes - dans la sphère du Christ, c’est-à-dire hors du domaine d’Ahriman dans lequel se trouve aujourd’hui enfermée la science matérialiste et avec elle l’ensemble de la civilisation occidentale, mais par son image, qui est en même temps un modèle.

Il s’agit d’un chemin michaélique vers le Christ qui est unique et moderne, sur lequel ce que Rudolf Steiner résume ici en une phrase devient une réalité intérieure pleine et entière : « De tels hommes voient comment l’homme, en pleine liberté, doit être, par l’image de Michaël dans la sphère d’Ahriman, détourné d’Ahriman vers le Christ ».

On peut comprendre encore mieux maintenant, à partir de ce qui vient d’être dit, pour quelle raison Rudolf Steiner étudia si intensément toutes les sciences à l’Université Technique de Vienne, à l’époque où le matérialisme avait atteint son point culminant dans l’évolution de l’humanité occidentale au XIXe siècle. Car ce n’est que de cette façon qu’il lui a été possible de trouver plus tard le chemin du royaume d’Ahriman, pour atteindre à partir de là, grâce à son lien avec Michaël, l’ascension vers la sphère du Christ.

Ce chemin unique vers le Christ peut encore être carac­térisé d’une façon un peu différente. L’homme est d’abord conduit dans le royaume des êtres ahrimaniens, pour y vaincre le dragon ahrimanien par ses propres forces, en ayant devant lui pour modèle l’Image ou l’imagination de Michaël. Par là, l’homme est entré au service de Michaël sur la Terre et devient son allié pour continuer à guider l’humanité dans l’esprit du Christ.

Rudolf Steiner décrit cet aspect du chemin michaélique dans les termes suivants : «Voilà une Imagination importante : Michaël triomphant du dragon. Accueillir dans le monde sensible les flots de la vie spirituelle : c’est désormais le service de Michaël. Nous le servons en triomphant du dragon qui veut se déployer dans des idées qui ont apporté le matérialisme au cours de la période écoulée et qui veulent se pérenniser dans le futur. Surmonter cela, c’est être au service de Michaël. C’est cela la victoire de Michaël sur le dragon ».

Ainsi donc, Rudolf Steiner était « au service de Michaël » dès sa jeunesse. Car il était prêt comme aucun autre à l’ère de Michaël, commencée en 1879, à se glisser dans la peau du dragon ahrimanien qui lui faisait face dans le mode de penser matérialiste de son époque, pour le transformer, le vaincre de l’intérieur au sens michaélique, afin que puisse être fondé dans l’humanité le chemin menant de la science de la nature à la science de l’esprit.

Lors d’un entretien (en 1907) avec Édouard Schuré (à Barr en Alsace), Rudolf Steiner a utilisé cette image de se glisser dans la peau du dragon ahrimanien de la science matérialiste contemporaine en référence à son propre développement inté­rieur. Édouard Schuré a rapporté ces paroles plus tard de la façon suivante : « Comment allait-il [Rudolf Steiner] vaincre ou du moins dompter et convertir le grand ennemi, la science matérialiste moderne comparable à un énorme dragon couvert de sa carapace cuirassée et campé sur un trésor colossal ? Comment serait-il possible d’atteler ce dragon de la science moderne au convoi de la vérité spirituelle ? »

Et l’unique réponse à cette question michaélique, qui put être donnée au jeune Rudolf Steiner par son maître rose-croix était la suivante : « Si tu veux combattre l’ennemi, il te faut le comprendre. Tu ne pourras vaincre le dragon qu’en te mettant dans sa peau. »

À quoi ressemblait, concrètement, ce « glissement » dans la peau du dragon ?

Rudolf Steiner ne le décrit qu’à la fin de sa vie, dans son Autobiographie. Son étude intensive de la science matérialiste l’avait déjà conduit dans sa jeunesse « à proximité d’êtres du monde de l’esprit [...] qui veulent faire d’un tel courant de penser [matérialiste] le seul courant domi­nant ».

Et il poursuit : « J’ai parlé plus tard d’entités ahrimaniennes, pour désigner cette orientation. Pour elles, c’est une vérité absolue que le monde doit être une machine. »

Et maintenant vient la phrase décisive : « D’autant plus consciente était aussi ma lutte intérieure contre les puis­sances démoniaques, qui ne voulaient pas que la connais­sance de la nature devienne une science spirituelle, mais au contraire un mode de penser matérialiste et mécaniste. Celui qui cherche la connaissance spirituelle doit faire l’expérience de ces mondes ». Ces paroles se trouvent dans son livre Autobiographie, dans le chapitre à la fin duquel il fait référence à son expérience spirituelle du Mystère du Golgotha.

C’est ce chemin que Rudolf Steiner n’a cessé de parcourir encore et encore, tout au long de ses abîmes et de ses profon­deurs, surtout après son déménagement de Weimar à Berlin (1897). « Il me fallait à l’époque sauver ma vision de l’esprit au milieu de tempêtes intérieures. Ces tempêtes se tenaient derrière mon expérience extérieure ».

À partir de la pure force de Michaël en son cœur - résultant de sa rencontre précédente avec l’Esprit du temps dans le monde spirituel -, il cherchait maintenant la possibilité de trouver le nouveau chemin michaélique menant au Christ à partir de la sphère d’Ahriman. « Il me fallait, après que ce temps d’épreuves m’eut exposé à de durs combats de l’âme, me plonger moi-même dans le christianisme, et ceci dans le monde où le spirituel en parle ».

Or cela n’est possible que lorsque l’homme, dans cette sphère d’Ahriman, découvre dans les profondeurs de sa propre âme la force du Christ qui peut y être trouvée dans la liberté depuis le Mystère du Golgotha.

Et pour cela aussi, Michaël est en mesure d’offrir un modèle et de montrer la voie à l’être humain. « Michaël accomplit ce qu’il lui revient d’accomplir, de façon à ne pas influencer les hommes de cette manière ; mais eux peuvent le suivre en toute liberté, pour découvrir à nouveau le chemin avec la force du Christ, à partir de la sphère d’Ahriman dans laquelle ils devaient nécessaire­ment entrer ».

Qu’est-ce que Rudolf Steiner entend par-là ? C’est ce qu’il indique à la fin de son article « La liberté de l’homme et l’ère de Michaël ». Pour acquérir la liberté dans le penser, l’homme doit systématiquement effacer le contenu de penser qui est le sien, qu’il apporte sur la Terre avec lui de son exis­tence prénatale sous des formes spirituellement vivantes pour édifier son corps physique.

Par-là, les puissances ahrimaniennes pénètrent inévitablement dans sa vie intérieure. Car elles lui permettent de tuer ses pensées prénatales, plus précisé­ment de les transformer en de simples ombres, qui remplissent alors sa conscience de plus en plus.

Ces ombres, qui, de par leur nature, ne sont rien et ne peuvent donc forcer l’homme à rien, lui permettent ensuite d’expérimenter la liberté dans sa propre âme. Les esprits ahrimaniens qui participent à ce processus ne prétendent là aucu­nement faire preuve de bienfaisance envers les hommes. Car en transformant le penser humain en un néant (ce qui est surtout le cas dans la science matérialiste), ils veulent rompre définiti­vement ce qui relie l’homme aux hiérarchies spirituelles qui le guident. Ils espèrent de cette façon séparer un jour l’humanité tout entière du cosmos spirituel, afin de l’emprisonner dans leur propre royaume, lequel est illusoire.

Pour que cela ne se produise pas, il faut que les pensées humaines - sans que l’homme perde la liberté qu’il a acquise grâce à elles - retrouvent le lien avec l’existence spirituelle du cosmos d’une manière entièrement nouvelle, tel que l’anthroposophie le rend possible aujourd’hui. Car elle « est un chemin de connaissance qui voudrait conduire l’esprit qui est dans l’homme à l’esprit qui est dans l’univers ».

Cependant, pour jeter un pont entre le non-être des pensées humaines et l’être spirituel du cosmos, il faut d’abord sauter par-dessus l’abîme des mondes, ce saut dont Rudolf Steiner relate qu’il n’est possible aujourd’hui qu’avec l’aide de Michaël et du Christ. Dans le sens de ce qui a été décrit précé­demment, on peut dire qu’à notre époque, c’est Michaël lui-même qui conduit l’homme par son modèle spirituel jusqu’à cet abîme des mondes du non-être. Une fois là, l’homme doit désormais oser, à partir de la force de son propre moi, accom­plir ce saut. Il est alors attendu, sur l’autre rive de l’abîme des mondes, par le Christ lui-même, pour recevoir dans son véri­table moi la communion spirituelle avec le moi des mondes du Logos solaire.

C’est ce que Rudolf Steiner résume dans les termes suivants : « On attire ici l’attention dans l’évolution humaine sur l’abîme du néant, par-dessus lequel l’être humain saute en devenant un être libre. L’action de Michaël et l’impulsion du Christ rendent ce saut possible ».

Rudolf Steiner pouvait sans doute formuler cela à partir de sa propre expé­rience intérieure, par laquelle il était passé, en tant qu’initié chrétien moderne, à Berlin au tournant du siècle. Car c’est le véritable chemin vers le Christ au sens michaélique, ou, selon la formulation de Rudolf Steiner : « le chemin de Michaël, qui trouve son prolongement dans le chemin du Christ » et sur lequel l’expérience de Michaël-Christ atteint son point culminant.

On peut par conséquent dire que, de cette façon, la première célébration de la fête de Michaël, prenant une forme indivi­duelle et accomplie par une personne individuelle, dans une âme humaine individuelle - c’est-à-dire dans l’âme de Rudolf Steiner - était réalisée. Et le sens le plus élevé de cette fête de Michaël dans l’âme de Rudolf Steiner était de se tenir devant le Mystère du Golgotha en une fête solennelle de la connais­sance, à partir de laquelle l’anthroposophie a été fondée sur terre au XXe siècle. « L’épreuve des âmes que j’ai décrite eut lieu avant ce tournant du siècle. Ce qui importait dans l’évolution de mon âme fut de m’être tenu en esprit devant le Mystère du Golgotha en une fête solennelle la plus intime et la plus sérieuse de la connaissance ».

Ces paroles font en même temps référence au chemin pure­ment michaélique menant à la connaissance et à l’expérience du Mystère du Golgotha, que Rudolf Steiner a lui-même parcouru et sur lequel il a atteint son objectif le plus élevé autour du tournant du siècle.

Chemin qu’il a caractérisé plus tard comme suit : « C’est pourquoi il est si important pour l’homme de notre époque qu’il acquière la possibilité de faire d’abord l’expérience du Mystère du Golgotha comme quelque chose de purement spirituel.

Ensuite, il fera l’expérience d’autres réalités spirituelles, et il trouvera l’accès aux mondes spiri­tuels, les chemins des mondes spirituels, grâce au Mystère du Golgotha ».

En conclusion de ce chapitre, il faut encore souligner parti­culièrement le fait que le chemin intérieur de Rudolf Steiner depuis sa prime jeunesse jusqu’à la fondation de l’anthroposophie au XXe siècle - s’est déroulé sans rupture et avec consé­quence malgré tous ses obstacles et ses abîmes.

C’est pourquoi tout lecteur de son Autobiographie peut offrir une confiance totale aux paroles qui suivent : « Je n’avançais pas, comme beaucoup le croient, au milieu de contradictions. Si c’était le cas, je l’admettrais volontiers. Mais ce ne serait pas la réalité de mon cheminement spirituel. J’avançais de telle façon que j’ajoutais de nouveaux domaines à ce qui vivait en mon âme ».

Car ce n’était rien d’autre que l’impulsion de Michaël qui conduisit Rudolf Steiner, tout d’abord vers son maître rose-croix, puis dans les profondeurs de la sphère ahrimanienne de notre époque, et par la suite, en un saut unique par-dessus l’abîme des mondes, à sa jonction avec le Moi du Christ sur l’autre rive de l’existence des mondes, qui lui permit de partager en esprit l’expérience du Mystère du Golgotha.

Et c’est cette même impulsion de Michaël qui conduisit Rudolf Steiner à la fondation de l’anthroposophie, qu’il servit jusqu’à la fin de sa vie et qui s’unit (se lia) en lui de plus en plus à l’être du Christ, de sorte qu’à la fin de sa vie, il put même forger ce néologisme de Michaël-Christ.

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Source : Segej O. Prokofieff - Le Mystère de Michaël - Triades.





Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
Psychanalyste

5, impasse du mai
67000 Strasbourg

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