I ♦ Description clinique
• Aujourd'hui dénommée trouble psychotique bref, les bouffées délirantes aiguës correspondent à un délire aigu avec les caractéristiques suivantes :
- apparition très rapide, brutale, pouvant ou non faire suite à un événement de vie particulièrement stressant ;
- discours particulièrement désorganisé, marquant une rupture franche avec le fonctionnement antérieur du patient,
- thématique du délire très polymorphe, de mécanisme souvent hallucinatoire ;
- sentiment de devinement des pensées ;
- délire peu systématisé, avec une adhésion totale du patient.
• Après traitement, la crise est résolutive en quelques semaines. Les évolutions ultérieures sont les suivantes :
- épisode unique (pas de récidive) : environ 40 % des cas ;
- nouvelle bouffée délirante aiguë dans l'avenir - récidive : environ 20 % des cas ;
- début d'une schizophrénie : environ 20 % des cas ;
- début d'un trouble bipolaire : environ 20 % des cas.
II ♦ Prise en charge
Les principes de la prise en charge d'une bouffée délirante aiguë sont :
- l'hospitalisation en urgence, souvent sous contrainte si le patient est réticent aux soins ;
- la recherche d'une étiologie somatique à l'épisode délirant (en particulier neurologique) : tout premier épisode psychotique doit faire rechercher une cause organique et nécessite une imagerie cérébrale ;
- un traitement antipsychotique, à maintenir 6 mois après la rémission totale.
Sur le plan relationnel, il sera important d'assurer auprès du patient une attitude rassurante et une écoute bienveillante. Le malade est souvent lui-même perdu et mal à l'aise avec le contenu de son délire, qui est en complet décalage avec ses repères habituels. L'étayage apporté par des entretiens infirmiers est susceptible d'accélérer la rémission de l'épisode délirant et de diminuer l'anxiété importante du patient.
III ♦ Particularités sémiologiques pronostiques
Différents facteurs pronostics ont été identifiés au cours d'une bouffée délirante aiguë :
- la prédominance de facteurs de bon pronostic oriente sur une crise unique, qui ne récidivera pas ;
- de nombreux facteurs de mauvais pronostic font craindre une entrée en schizophrénie ou dans un trouble bipolaire, et justifient donc une surveillance particulière.
♦ Facteurs de bon pronostic :
• Première crise à l'âge adulte.
• Début brutal, survenant après un événement de vie stressant identifié.
• Bonne insertion socioprofessionnelle, bon niveau intellectuel.
• Peu de symptômes déficitaires (symptômes négatifs) et dissociatifs.
• Délire riche avec des thèmes et des mécanismes variés.
• Efficacité rapide et complète des traitements antipsychotiques.
♦ Facteurs de mauvais pronostic :
• Première crise jeune (moins de 20 ans).
• Début progressif, insidieux, sans événement de vie déclencheur retrouvé.
• Préoccupations hypocondriaques.
• Mauvaise insertion professionnelle, niveau socioculturel et intellectuel pauvre.
• Médiocre entourage familial et amical.
• Réponse médiocre ou incomplète (existence de symptômes résiduels) au traitement antipsychotique.
• Critique incomplète du délire après la crise.