Au XX siècle, la médecine cherche à préciser les catégories, les origines et établit des statistiques.
I ♦ Sigmund Freud
D'abord biologiste et neurologue à Vienne, venu parfaire ses connaissances en 1885 aux cours de Charcot à Paris, Freud assiste aux séances des grandes crises hystériques. Il se persuade de l'importance de la suggestion par la parole, à l'insu des protagonistes.
• Il conçoit alors la possibilité d'action sur leur vie mentale d'un insu, échappant à la conscience des personnes malades : une pensée inconsciente peut dicter au cerveau des comportements pathologiques. Il comprend que les malades hystériques veulent inconsciemment plaire à leur médecin.
• Approfondissant cette causalité psychique dans d'autres cas traités à Vienne, Freud crée une technique nouvelle, la psychanalyse, qui se centre sur l'analyse de la pensée inconsciente. Il rompt définitivement avec l'organicisme.
II ♦ Joseph Babinski
À la Salpêtrière, un élève de Charcot, le neurologue Joseph Babinski poursuit les travaux du maître sur l'hystérie.
• Il sépare les hystériques des épileptiques : privées de modèles à imiter, les crises hystériques sont moins démonstratives et leur fréquence diminue vite.
• Il comprend lui aussi que les hystériques anticipent sur le désir du médecin, auquel elle « offrent » le spectacle de symptômes qu'il paraît attendre d'elles. En une sorte de théâtralisation, les grandes crises mettent donc en scène la relation interdépendante qui s'établit entre le médecin et sa patiente.
• Babinski, neurobiologiste éminent, confirme qu'il existe deux catégories de malades « des nerfs » :
- à substrat biologique (le système nerveux) ;
- à composante symbolique (la pensée).
Il établit ainsi qu'une conduite pathologique peut relever de causes différentes, l'une à caractère lésionnel, l'autre à caractère symbolique.
III ♦ Théodule Ribot
À la Sorbonne, puis au Collège de France, Théodule Ribot étudie scientifiquement les dysfonctionnements psychiques de la mémoire et de la volonté (années 1880-1890).
• Sa méthode conjugue les observations cliniques de cas et l'expérimentation scientifique (tests). Ses tests sont des mises en situation expérimentales de malades invités à résoudre des problèmes, réagir à des questions, débrouiller des énigmes.
• Il ouvre la piste pour construire des comparaisons et établir des statistiques, qui débouchera plus tard à l'international sur le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Discorders).
IV ♦ Systématiser la connaissance
La nosographie psychiatrique constitue un enjeu majeur de l'approche de la maladie mentale.
• Mais il faut rester prudent sur la validation conceptuelle des nosologies, car :