L'histoire de la folie balance entre explications somatiques et surnaturelles.
♦ Dans l'antiquité gréco-latine, deux écoles savantes
• L'École de Cnide recherche quelle est la mécanique des corps. Son approche matérialiste rend compte de la complexité organique et des mécanismes actifs.
• L'École de Cos tend à intégrer en une unité originale de synthèse, nommée les « humeurs », des éléments provenant du corps et d'autres de l'esprit.
♦ Au quatrième siècle avant J.-C.
• Selon Hypocrate et Empédocle, on conçoit que des liquides biologiques influencent les tempéraments : l'explication des désordres mentaux repose sur les « dérèglements d'humeurs ».
• Plus tard, à Rome (siècle II après J.-C.), Galien consolide la doctrine des humeurs transportées par le sang dans des artères – dont on pensait jusque-là qu'elles servaient à apporter de l'air dans le corps – et définies en tant qu'intermédiaires entre les divers organes vitaux. Ainsi influencent-elles les pensées et les comportements :
- pour la psychologie normale, Galien établit la doctrine des quatre tempéraments : lymphatique, sanguin, atrabilaire et colérique ;
- pour les excès anormaux, chaque tempérament peut donner lieu à des exagérations désordonnées, qui constituent les tableaux du désordre d'action/réaction au monde : les passifs dénués d'entrain, les émotifs immédiatement réactifs, les déprimés irritables, ceux qui se laissent emporter par leur violence…
♦ Tout au long du Moyen-Âge et de la Renaissance
• Avec Galien pour référence, la folie est caricature des tempéraments.
♦ L'âge moderne
• L'idée ressurgit lorsque la médecine dresse, au XIX siècle, les premiers tableaux cliniques systématiques afin d'identifier et de traiter les « troubles de l'humeur ».