VI. Sixième ère
VII. Septième ère
Il voit là en esprit tout ce qui s’est passé concernant son entité intérieure depuis que le Déluge a détruit l’ancienne Atlantide et que l’homme postatlantéen est entré dans l’existence terrestre. Il voit se succéder les civilisations jusqu’au moment où la nôtre, disparaissant aussi, fera place à une nouvelle. L’ancienne Atlantide fut engloutie par les flots du Déluge atlantéen. C’est par ce que nous nommons la Guerre de tous contre tous, par des désordres moraux terriblement destructeurs, que l’ère actuelle s’achèvera. Et cette grande période du Déluge atlantéen jusqu’à la terrible Guerre de tous contre tous, nous la divisons à nouveau en sept civilisations successives, comme il apparaît dans le schéma précédent. À l’une de ses extrémités, nous plaçons le grand Déluge atlantéen (a), à l’autre la grande Guerre universelle (b), et nous répartissons cela en sept sous-époques, en sept civilisations. Cette période constitue une ère, qui est elle-même la septième partie d’une période plus longue encore. Vous avez donc à vous représenter sept ères comme la nôtre, celle qui est comprise entre le Déluge et la Guerre de tous contre tous, quatre de celles-ci ayant précédé le Déluge, les deux dernières venant après la Guerre de tous contre tous. Notre ère postatlantéenne est donc la cinquième.
Il faut à nouveau atteindre un sommet plus élevé encore de l’initiation pour embrasser l’ensemble des sept ères dont chacune comprend sept civilisations. Elles deviennent visibles lorsque l’on parvient à la frontière entre le monde astral et le monde spirituel dévachanique. Ainsi se poursuit l’ascension, degré par degré, et nous verrons en quoi consistent les degrés supérieurs.
Il nous faut retenir maintenant que l’on peut tout d’abord atteindre un sommet d’où sont visibles, telle une vaste plaine du haut d’une montagne, les sept civilisations de l’ère postatlantéenne, que nous connaissons déjà toutes. Nous savons que lorsque l’Atlantide fut engloutie sous les flots, une première civilisation fleurit dans l’ancienne Inde, et fut remplacée par la Perse antique. Nous savons que vint ensuite la civilisation des peuples assyrien, babylonien, chaldéen, égyptien, hébreu, à laquelle succéda la quatrième, la gréco-latine, puis la cinquième, la nôtre. Dans la sixième, qui suivra la nôtre, devront mûrir en un certain sens les fruits de la culture spirituelle que nous devons édifier. La septième civilisation se déroulera avant la Guerre de tous contre tous. On verra alors se préparer une terrible dévastation de la culture, et l’on verra échapper à la décadence générale causée par l’égoïsme le petit nombre d’humains qui aura su s’ouvrir au principe spirituel.
Nous vivons donc dans la cinquième civilisation postatlantéenne. Tels les villes, les villages et les bois qu’on voit du sommet d’une montagne, la succession des civilisations se déploie du haut du sommet de l’initiation. Nous voyons ce qu’elles ont apporté, c’est-à-dire toute la culture qui se déploie sur le plan physique. C’est pourquoi nous parlons de civilisations, et non de races. Tout ce qui est, disons, lié au concept de race est une survivance de l’ère qui a précédé la nôtre, de l’ère atlantéenne. Nous vivons à l’époque des civilisations. L’Atlantide fut le temps où se formèrent l’une après l’autre sept grandes races. Naturellement, les fruits de cette formation sont perceptibles encore à notre époque, c’est pourquoi, aujourd’hui, on parle encore de races ; mais les distinctions très marquées qui existaient du temps de l’Atlantide s’effacent déjà. Aujourd’hui, la notion de culture a pris la place de celle de race. C’est pourquoi nous parlons de l’ancienne civilisation indienne, dont la culture qui nous est annoncée dans les Veda n’est qu’un écho. L’antique culture de l’Inde, la civilisation sacrée, est l’aurore des civilisations postatlantéennes, elle fait suite immédiatement à l’ère atlantéenne.
Représentons-nous une fois de plus comment l’homme vivait en ces temps, qui sont passés depuis plus de 8000 ou 9000 ans. Lorsque nous parlons des espaces de temps réels, ce sont ces chiffres qui sont valables. La civilisation dont nous parlons ici était directement sous l’influence du Déluge atlantéen, de ce que la science moderne appelle la période glaciaire. Morceau par morceau, l’Atlantide avait disparu, recouverte par les eaux. Sur la Terre vivait désormais une humanité dont une partie s’était élevée au degré le plus haut de développement qui soit accessible. C’était le très ancien peuple indien ; une humanité qui en ce temps habitait la lointaine Asie et vivait plus du souvenir des temps passés que dans la conscience du présent. Ce qui a fait la grandeur et la force de cette civilisation dont les documents écrits comme les Veda et la Bhagavad-Gîtâ ne gardent plus que des échos, c’est que les hommes vivaient dans le souvenir de ce qu’ils avaient vécu à l’époque atlantéenne. Pensez à la première conférence de ce cycle, où il a été dit qu’à cette époque les humains étaient, pour une grande part, capables de développer une certaine clairvoyance confuse, et ne se bornaient pas au contact avec le monde physique sensible ; ils vivaient parmi des êtres spirituels divins, et voyaient ceux-ci autour d’eux. Le passage entre l’ère atlantéenne et la postatlantéenne s’accomplit quand le monde spirituel, astral, éthérique vint se fermer à la vision humaine, désormais restreinte au monde physique. La première époque de civilisation fut marquée par la nostalgie, par une profonde nostalgie des hommes envers ce que leurs ancêtres avaient contemplé sur l’antique Atlantide, et dont l’accès était désormais fermé. Bien que confusément, ils avaient encore pu contempler de leurs yeux spirituels la sagesse primordiale. Ils vivaient parmi les esprits, avaient commerce avec les esprits et les dieux. Aussi ces hommes de la première civilisation indienne aspiraient-ils de toutes leurs fibres à retourner vers ce passé, à contempler ce qu’avaient vu leurs ancêtres, ce qu’enseignait la sagesse des origines. Ainsi, le monde sensible nouvellement apparu au regard physique des humains, ces rochers terrestres désormais visibles, alors qu’auparavant on ne les voyait qu’en esprit, tout ce décor leur semblait de moindre valeur que ce dont ils gardaient le souvenir. Ils appelaient maya, la grande illusion, tout ce que pouvaient percevoir les yeux physiques, la grande tromperie dont on voulait être désabusé. Et par les procédés initiatiques dont quelques traces subsistent dans le yoga, les meilleurs d’entre eux devaient s’élever jusqu’au niveau spirituel de leurs ancêtres. Ainsi se développa une attitude religieuse foncière qu’on peut rendre par les mots suivants : ce qui nous entoure dans l’apparence extérieure sensible n’est que leurre, apparence fallacieuse ; ce qui est vrai et véritable se trouve dans le monde spirituel que nous avons quitté. Ceux qui pouvaient s’élever jusqu’aux régions dans lesquelles on vivait auparavant devenaient alors des guides spirituels.
Telle fut la première des civilisations postatlantéennes. L’ère postatlantéenne dans son ensemble a ceci de caractéristique que l’homme apprend peu à peu à comprendre la réalité extérieure, sensible, à reconnaître toujours mieux que ce qui s’offre ici-bas à nos sens physiques ne doit pas être pris pour une simple apparence ; c’est un présent des êtres spirituels ; ce n’est pas en vain que les dieux nous ont donné des sens. Ce qui, ici-bas, sur la Terre, permet d’édifier une civilisation, nous devons peu à peu en reconnaître la valeur.
Ce que l’ancien indien appelait maya, et qu’il fuyait, aspirant à retrouver le passé, les hommes appartenant à la seconde civilisation l’ont au contraire considéré comme un champ de travail à cultiver. Telle fut la civilisation de la Perse primitive, il y a environ 5 000 ans, à l’époque où la terre autour de lui avait encore pour l’homme un visage hostile, mais non plus l’apparence d’une illusion qu’il fallait fuir, et devenait un champ de travail qu’il devait marquer de son génie propre. Ce monde était, de par sa nature matérielle, placé sous l’empire d’une force contraire au bien, c’est-à-dire du dieu Ahriman. Mais le dieu bon, Ormuzd, aide les hommes qui se mettent à son service. Quand ils exécutent sa volonté, ils transforment ce monde en un champ du monde spirituel supérieur ; ils incorporent au monde sensible ce qu’ils connaissent en esprit. Ainsi, pour la deuxième civilisation, le monde des réalités physiques, des réalités sensibles, est devenu un champ d’activité. Pour l’Indien, il était encore illusion, maya. Pour le Perse, il est certes sous l’empire de démons malfaisants, mais tel que l’homme a pour tâche de chasser ceux-ci pour faire place aux bonnes entités spirituelles, aux serviteurs du dieu de lumière, Ormuzd.
À la troisième époque postatlantéenne, l’homme se rapproche encore davantage de la réalité extérieure qui n’est plus pour lui seulement un ennemi à vaincre. L’Indien se disait en regardant les astres : Tout ce qui m’entoure, tout ce que voient mes yeux n’est qu’illusion, maya. - Le prêtre chaldéen, observant le cours et la position des étoiles, se disait : Quand je vois les positions des astres et que je suis leur cours des yeux, ils deviennent pour moi les caractères d’une écriture où je puis lire la volonté des êtres spirituels divins. Je discerne ce que veulent les dieux dans ce qu’ils ont fait. - Le monde physique sensible n’était plus pour lui une maya, mais comme l’écriture de l’homme est l’expression de sa volonté, ce qu’on voit dans les astres au ciel, ce qui vit dans les forces de la nature était pour lui une écriture divine. Et l’on commença à déchiffrer cette écriture de la nature avec amour. Ainsi naquit une admirable connaissance des astres que les hommes soupçonnent à peine aujourd’hui. Car l’astrologie que l’on connaît aujourd’hui repose sur une méconnaissance des faits. L’astrologie qui se révélait au prêtre chaldéen, les secrets de ce qu’il voyait de ses yeux, étaient la substance d’une profonde sagesse visible dans l’écriture des étoiles. C’était pour lui la révélation d’un élément secret, imprégné d’esprit.
Et que devint la terre pour les Égyptiens ? Il suffit d’évoquer l’invention de la géométrie : l’homme apprend comment mesurer cette terre conformément aux lois de l’espace, aux règles de la géométrie. Il explore les lois de la Maya. Durant l’antique civilisation perse, on avait appris à labourer la terre, maintenant on en étudie les proportions déterminées par les lois de l’espace, et plus encore. On se dit : Ce n’est pas en vain que les dieux nous ont donné à lire dans les étoiles, ce n’est pas en vain qu’ils nous ont révélé leur volonté dans les lois de la nature. Si l’homme veut, par son travail personnel, accomplir ce qui est salutaire, il doit, dans les institutions qu’il crée ici-bas, imiter ce qu’il peut découvrir dans les étoiles. - Oh ! si seulement vous pouviez plonger le regard dans une de ces pièces où travaillaient les initiés égyptiens ! C’était un tout autre travail que celui qui s’accomplit aujourd’hui dans le domaine scientifique. En ce temps, les savants, c’étaient les initiés. Ils étudiaient les étoiles, ils discernaient la régularité de leur marche, de leurs positions et des influences qu’elles exerçaient sur les événements terrestres. Ils se disaient : Quand au ciel apparaît telle ou telle conjoncture astrale, tel ou tel fait doit se produire dans la vie de l’État, et s’il apparaît une autre conjoncture, il faut qu’il se produise autre chose. Dans un siècle, d’autres conjonctures se présenteront, il faudra alors que les faits correspondants se produisent. - Et l’on décidait des millénaires à l’avance de ce qui devait se faire. Ce qu’on appelle les « Livres sibyllins » provient de cette source. Leur contenu n’est pas une invention. Des initiés y ont consigné avec soin ce qui devait être prévu pour des milliers d’années, et leurs successeurs savaient qu’il fallait en tenir compte. Aussi n’entreprenaient-ils rien qui ne fût indiqué dans ces livres comme conforme à la marche des astres. Supposons qu’il se soit agi d’établir une nouvelle loi. Cela ne se faisait pas par un vote comme aujourd’hui ; on consultait les livres sacrés dans lesquels était inscrit ce qui devait être fait sur la terre pour qu’elle soit le miroir où se reflètent les événements inscrits dans les astres, et l’on exécutait ce qui était indiqué dans les livres. En écrivant ces livres, le prêtre égyptien savait que ses successeurs agiraient conformément à ce qui y figurait. Ils étaient intimement convaincus de la nécessité d’obéir à ces lois.
La quatrième civilisation s’est développée à partir de cette troisième. Elle n’a gardé que des restes minimes de cet art prophétique des Égyptiens, et l’on peut encore en voir un vestige : lorsque, en effet, on voulait le cultiver dans l’ancienne Égypte, on divisait ce qui allait venir en sept parties, et l’on disait : La première doit contenir ceci, la deuxième cela, la troisième ceci, etc. - Les descendants se conformaient ainsi à ce qui devait se produire. Mais c’était précisément la principale caractéristique de la troisième époque de civilisation, et la quatrième n’en révèle plus que de faibles échos, que vous pouvez discerner encore lorsqu’on vous rapporte ce que furent les origines de Rome. Enée, fils d’Anchise le Troyen - Troie était une cité de la troisième civilisation -, parvint au cours de ses voyages jusqu’à Albe-la-Longue. Ce nom évoque l’existence d’un très ancien centre de sagesse religieuse ; c’est de cette Alba Longa, de cette civilisation sacerdotale, que devait naître la civilisation romaine. Et nous en trouvons encore un souvenir dans l'« aube » que revêtent les prêtres catholiques pour dire la messe. Dans ce centre religieux, on prévoyait encore à la manière des anciens prêtres une période de civilisation en sept étapes. Les règnes des sept rois de Rome y étaient mentionnés. Mais les historiens du XIXe siècle, une fois de plus, ont été victimes d’une vilaine erreur ; ils ont découvert que matériellement rien n’était vrai de ce qu’on racontait de ces rois romains ; mais ce qu’il y a derrière, que là se trouve prophétiquement annoncée la civilisation structurée selon le nombre sacré sept, à cela, ils n’ont pas pensé.
Ce n’est pas ici le lieu de nous occuper de ces rois en détail. Vous pourriez voir en le faisant que Romulus, Numa Pompilius, Tullus Hostilius, etc., correspondent exactement aux civilisations successives, d’après ce principe du sept qui nous apparaît dans tant de domaines.
Pendant la troisième civilisation, l’esprit humain avait donc pu pénétrer peu à peu au cœur de la maya. La quatrième acheva cette tâche. Pensez à cette civilisation gréco-latine où, dans les admirables chefs-d’œuvre de son art, l’homme crée une parfaite image de lui-même dans le monde matériel extérieur, où dans la tragédie - comme chez Eschyle - apparaissent les destinées humaines. Voyez par contre comment, dans la civilisation égyptienne, on cherche à connaître encore la volonté des dieux. La conquête de la matière telle qu’elle s’accomplit à l’époque grecque correspond à un degré de plus, à celui où l’homme apprend à aimer l’existence matérielle. Enfin, à l’époque romaine, il a complètement pris pied sur le plan physique. Celui qui le comprend sait aussi que nous avons à considérer cela comme la pleine manifestation du principe de la personnalité. Aussi est-ce à Rome qu’est apparu pour la première fois ce que nous appelons le concept de « droit », que l’être humain, pour la première fois, est à nos yeux un citoyen. Seule une connaissance confuse des choses peut faire remonter la jurisprudence à des temps bien antérieurs. Ce qu’on entendait auparavant par « droit », c’était tout autre chose. Pour l’Ancien Testament, c’était la loi antique, qu’il dépeint beaucoup plus justement dans les dix commandements. Ce qu’ordonnait le Dieu faisait partie de ce qui contenait les concepts de droit. C’est une ineptie à notre époque de faire remonter les notions de droit jusqu’à Hammourabi et au-delà. Ce n’est qu’à Rome que la notion propre de citoyen est appliquée à l’homme. En Grèce encore, il était un membre de la cité. L’Athénien, le Spartiate, était plus qu’un individu : il se ressentait comme un membre de la cité. C’est à Rome seulement que l’individu devint citoyen, qu’il put le devenir. On le démontrerait en citant de nombreux détails. Ce que nous appelons aujourd’hui un testament n’avait pas cette valeur avant l’époque romaine. Le testament prit son actuelle signification à ce moment, parce que c’est alors seulement que l’individu devait faire prévaloir sa volonté personnelle et l’imposer à ses descendants. Auparavant, d’autres impulsions agissaient pour maintenir la cohésion de la communauté. Par bien d’autres exemples, on pourrait montrer comment l’être humain s’est adapté entièrement au plan physique.
Nous vivons maintenant au temps de la cinquième civilisation, où se poursuit cette descente, qui atteint maintenant un niveau inférieur à celui de l’homme. Nous vivons au temps où l’homme est l’esclave des conditions extérieures, du milieu. En Grèce, l’esprit servait encore à spiritualiser la matière, et cette matière spiritualisée nous apparaît dans une statue d’Apollon, de Zeus, dans les tragédies d’un Sophocle, etc. L’homme a pris possession du monde physique, mais il n’est pas encore descendu au-dessous du niveau humain. C’est encore le cas à Rome aussi.
C’est de nos jours seulement que cette descente atteint au-dessous de la sphère humaine. À notre époque, l’esprit est devenu l’esclave de la matière. Une vie spirituelle intense est utilisée de notre temps pour pénétrer jusqu’aux forces naturelles agissant sur le plan physique, afin de faire en quelque sorte de celui-ci un séjour aussi confortable que possible pour l’homme.
Comparons encore une fois l’Antiquité avec notre temps. Dans ces temps anciens, l’homme voyait la grande écriture des astres, œuvre des dieux - cependant, avec quels moyens primitifs furent exécutées les conquêtes de la civilisation : les pyramides, le Sphinx ! Comment l’homme se nourrissait-il ? Et quels moyens de développer la civilisation n’a-t-il pas conquis depuis lors ! Quelle force l’esprit n’a-t-il pas dû dépenser pour imaginer et construire la machine à vapeur, pour inventer le chemin de fer, le télégraphe, le téléphone, etc. ! Pour inventer et construire ces instruments de civilisation purement matériels, il a fallu dépenser des forces spirituelles infinies. Et pour quel usage ? Est-ce pour la vie spirituelle une différence essentielle que de broyer le grain de blé entre deux meules, ce qui demandait naturellement très peu de force spirituelle, ou de pouvoir téléphoner en Amérique pour en faire venir de grandes quantités de blé qui seront moulues par des machines conçues avec une admirable ingéniosité ? Tout cet appareil est mis en mouvement pour l’estomac uniquement ! Rendons-nous bien compte qu’une masse énorme de forces de vie spirituelle est ainsi mise au service d’une civilisation strictement matérielle. La culture spirituelle ne progresse encore que bien peu grâce à ces moyens extérieurs. Il est bien rare que le téléphone soit utilisé pour - disons - les affaires anthroposophiques. Si vous compariez à l’aide de statistiques ce qui sert d’une part à la vie matérielle, et de l’autre ce qui profite à l’esprit, vous verriez bien que l’esprit est descendu au-dessous de l’humain, qu’il est devenu l’esclave de la vie matérielle !
La civilisation a donc suivi un chemin descendant au sens fort du mot jusqu’à notre époque, la cinquième période de civilisation, et pourrait continuer sa descente. C’est pourquoi il faut qu’une impulsion nouvelle vienne préserver l’humanité d’une descente totale dans la matière. Jamais auparavant l’homme ne s’était lié à elle aussi profondément. Une impulsion puissante, la plus puissante de toutes sur la Terre, devait intervenir. Ce fut l’apparition du Christ Jésus, qui vint donner aux hommes l’élan vers une vie spirituelle nouvelle. Si, malgré la descente dans la matière, nous possédons aujourd’hui des forces de redressement, nous le devons à cette puissante impulsion venue grâce au Christ Jésus. Au cours de la descente, des impulsions spirituelles sont toujours intervenues. Alors se développa, lentement tout d’abord, puis de plus en plus, la vie chrétienne qui n’en est aujourd’hui qu’à ses débuts, mais qui rayonnera un jour dans toute sa gloire - car l’humanité ne comprendra les Évangiles que dans l’avenir. Mais lorsqu’on les comprendra totalement, on verra quelle surabondance de forces spirituelles ils contiennent. Plus l’Évangile se répandra sous sa véritable forme, mieux l’humanité pourra, en dépit de la civilisation matérialiste, déployer une vie spirituelle et remonter vers les mondes de l’esprit.
Ce qui se développe ainsi d’époque en époque pendant la civilisation postatlantéenne, l’auteur de l’Apocalypse se le représente s’exprimant en de petites communautés qui lui apparaissent dispersées dans l’espace sur la terre extérieure, et sont les représentantes des différentes civilisations de cette ère. Quand il parle de la communauté ou de l’Église d’Éphèse, il veut dire ceci : Je suppose qu’à Ephèse a vécu une communauté qui s’est bien, dans une certaine mesure, ouverte au christianisme. Mais comme tout évolue peu à peu, il reste toujours à chaque stade quelque chose de la civilisation précédente. Il y avait bien à Ephèse une école d’initiation, mais l’enseignement chrétien y revêt une nuance où l’on peut reconnaître partout la marque de l’Inde antique. - Il veut nous montrer la première période de l’ère postatlantéenne, et cette première période est donc représentée par la communauté d’Ephèse. Et ce qui doit être enseigné à ce moment se trouve dans une Lettre adressée à cette communauté. Voici à peu près comment il faut nous représenter la chose : le caractère de cette première et lointaine civilisation indienne subsista naturellement et se prolongea dans différents courants de civilisation. Nous avons encore dans la communauté d’Ephèse quelque chose de ce caractère. Elle comprenait le christianisme sous une forme déterminée par le caractère typique de l’antique civilisation indienne.
Dans chaque Lettre il est dit : Vous êtes ceci et cela ! Tel et tel aspect de votre être correspond à l’esprit du christianisme, les autres doivent se modifier. - Ainsi l’auteur de l’Apocalypse dit-il à chaque civilisation ce qu’elle peut conserver, et ce qui ne convient plus et doit changer.
Essayons de voir si vraiment les sept Lettres qui se suivent ont quelque chose du caractère des sept civilisations successives. Essayons maintenant de comprendre comment elles devaient être rédigées pour correspondre à ce qui vient d’être dit. L’auteur de l’Apocalypse pense : Il y a à Ephèse une communauté, une Église. Elle a accueilli le christianisme, mais elle le revêt d’une coloration qui fut celle de la première civilisation, étrangère à la vie extérieure, et dépourvue d’amour pour ce qui est en vérité la tâche des hommes de la post-Atlantide. - Qu’elle ait abandonné le culte rendu à une vie des sens grossière, qu’elle se soit tournée vers la vie spirituelle - ainsi parle celui qui rédige les Lettres aux communautés -, cela lui plaît en elle. Nous reconnaissons ce que l’auteur de l’Apocalypse voulait dire par là au fait qu’Ephèse était le lieu où se célébraient les Mystères de la chaste Diane. Il indique ainsi qu’y était particulièrement florissante l’impulsion poussant à se détourner du monde des sens pour s’orienter vers le spirituel. Et cependant : « J’ai contre toi que tu as délaissé ton premier amour. » L’amour que doit avoir la première civilisation postatlantéenne pour la Terre, pour ce champ dans lequel doit être implantée la semence divine.
Comment se caractérise donc celui qui dicte cette Lettre ? Il se caractérise comme étant le précurseur du Christ Jésus, le guide de la première civilisation. Le Christ parle en quelque sorte à travers lui, ce guide, ce maître de la première époque de civilisation, où l’initié élevait son regard vers l’au-delà. Il dit de lui-même qu’il tient dans sa main droite les sept étoiles et les sept chandeliers d’or. Les sept étoiles ne sont pas autre chose que les symboles des sept entités spirituelles supérieures qui guident les grandes civilisations. Et des sept chandeliers, il est dit expressément qu’il s’agit d’êtres spirituels qu’on ne peut pas voir dans le monde sensible. Dans l’initiation par le yoga, cela est dit aussi en termes clairs qui indiquent que jamais l’homme ne travaille dans le sens de l’évolution lorsqu’il hait les œuvres extérieures, lorsqu’il cesse de les aimer. La communauté d’Ephèse s’est détournée de cet amour. Aussi est-il à juste titre indiqué dans l’Apocalypse : « Tu hais les œuvres des Nicolaïtes. » - « Nicolaïtes », ce n’est là rien d’autre qu’un mot pour désigner les hommes pour qui la vie se déploie seulement dans la matière sensible. À l’époque à laquelle se rapporte cette Lettre, il existait une secte des Nicolaïtes qui n’attachait de prix qu’à la vie extérieure, charnelle, matérielle. C’est ce que tu ne dois pas faire, dit celui qui inspira cette première Lettre. Mais n’abandonne pas ton premier amour, dit-il aussi, car dès lors que tu as l’amour du monde extérieur, tu lui insuffles la vie, tu l’élèves jusqu’à l’esprit. Que celui qui a des oreilles entende : À celui qui vaincra, je donnerai à manger de l’arbre de vie. - C’est-à-dire que celui-là sera capable de spiritualiser ce qui est matériel ici-bas pour le déposer sur l’autel de la vie spirituelle.
Le représentant de la deuxième civilisation, c’est la communauté ou Église de Smyrne. À celle-ci, le guide de l’humanité s’adresse sous l’aspect du deuxième de ses précurseurs, l’inspirateur et le Maître de l’antique civilisation perse, dont l’attitude d’esprit est la suivante : Autrefois était le Dieu de lumière, qui avait un ennemi, la matière extérieure, le sombre Ahriman. Tout d’abord, j’étais uni à l’Esprit de lumière, au premier qui fut. Puis je fus entraîné dans le monde de la matière à laquelle se lia la puissance retardée et hostile : Ahriman. Et maintenant, collaborant avec l’Esprit de lumière, je vais travailler la matière et la pénétrer d’esprit ; après avoir vaincu la divinité du mal, le Dieu de lumière réapparaîtra. - « Je suis le Premier et le Dernier », Celui qui meurt dans la vie matérielle et qui ressuscite en esprit. Nous lisons donc dans cette deuxième Lettre : « Je suis le Premier et le Dernier, Celui qui est, qui fut et qui vient, qui est revenu à la vie » (2, 8). Cela nous mènerait trop loin d’étudier chaque phrase de cette façon, mais il nous faut encore citer exactement celle qui caractérise avec précision comment se comporte un membre de l’Église de Smyrne lorsqu’on la transforme pour en faire un principe chrétien. Il est dit qu’on peut vivifier la mort, que l’on spiritualise la mort. On ne sombre pas dans la mort. Si l’on périssait, la mort serait pour l’homme un événement le conduisant à une vie spirituelle dans laquelle les fruits de cette vie terrestre feraient défaut. Prenons quelqu’un qui n’a pas vécu de façon à tirer de cette existence de véritables fruits. Il n’en apporte aucun dans la vie spirituelle. Mais là, on ne peut vivre que des fruits amassés sur la terre. Celui qui n’en apporterait pas subirait la « seconde mort ». Celui qui a su travailler le champ terrestre sera sauvé de cette « seconde mort » : « Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises : Celui qui vaincra n’aura pas à souffrir la seconde mort » (2, 11).
Poursuivons jusqu’à l’Église de Pergame. Elle représente l’époque où l’humanité s’est de plus en plus adaptée au plan physique, où l’homme lisait dans les étoiles ce que pouvait saisir son esprit. C’est cela qui lui est accordé pendant la troisième civilisation. Il agit en fonction de ce qu’il porte en lui. Ayant une vie intérieure, il peut désormais observer le monde qui l’entoure. C’est seulement parce qu’il était doué d’une âme qu’il a pu étudier la marche des étoiles et découvrir la géométrie. C’est ce qu’on appelait la recherche par la Parole, ce qui est exprimé dans l’Apocalypse par « l’épée qui sort de la bouche ». Celui qui inspire cette Lettre indique par là que la force de cette époque, c’est une parole acérée, une épée à deux tranchants. C’est la parole d’Hermès, celle des prêtres de l’Antiquité, la parole par laquelle on explorait les forces de la nature et les étoiles par les moyens du passé, donnant naissance principalement à la civilisation que l’on pouvait déployer ici, sur le plan physique, grâce aux forces intérieures astrales, psychiques, de l’homme. Lorsqu’elle se réalise sous cette ancienne forme, elle est vraiment une épée à deux tranchants. La sagesse est alors toute proche de la frontière entre la magie blanche et la magie noire, entre ce qui mène au salut et ce qui aboutit à la perdition. C’est pourquoi il est dit que là où résident les représentants de cette époque, là se trouve aussi le trône de Satan.
C’est une allusion à tout ce qui peut détourner des véritables grands buts de l’évolution. Et la « doctrine de Balaam » n’est pas autre chose que celle des magiciens noirs, de ceux qui « dévorent », qui détruisent les peuples. Les destructeurs des peuples, ce sont les mages noirs qui ne travaillent qu’à leur profit personnel, détruisent les communautés et engloutissent tout ce qui vit dans un peuple. Mais ce que cette troisième civilisation a de bon, c’est que précisément l’homme peut commencer à purifier, à transfigurer son corps astral. C’est ce qu’on nomme la « manne cachée ». Ce qui n’est destiné qu’au monde, transformé en nourriture divine, ce qui n’est que pour l’être égoïste, transformé en réalité divine, on l’appelle la « manne cachée ». Tous ces symboles montrent que l’homme purifie alors son âme pour faire de lui-même le pur véhicule du manas.
Mais pour cela, il faut encore passer par la quatrième époque de civilisation. Alors apparaît le Rédempteur, le Christ Jésus lui-même. À l’Église de Thyatire, il s’annonce comme étant le « Fils de Dieu, celui qui a des yeux comme une flamme de feu et dont les pieds sont semblables à l’airain ardent » (2, 18). Il est le Guide de la quatrième époque de civilisation, où l’homme est descendu jusqu’au plan physique, où il crée lui-même sa propre image dans les éléments extérieurs de la civilisation. La période est là maintenant où la divinité elle-même se fait homme, se fait chair, se fait personne humaine ; c’est l’époque où l’être humain descend lui-même jusqu’au niveau de la personnalité, où, dans la statuaire grecque, la divinité individualisée se présente comme une personnalité, où cette personnalité humaine s’affirme sur le plan matériel chez le citoyen romain. Cette époque devait donc recevoir une impulsion nouvelle du fait que la divinité y est apparue sous forme humaine. L’homme descendu sur terre ne pouvait être sauvé que par l’apparition de Dieu lui-même sous la forme humaine. Le « Je suis », le Je dans le corps astral devait recevoir l’impulsion du Christ. Ce qui ne s’était encore manifesté qu’en germe devait maintenant apparaître dans le monde extérieur, dans l’histoire. Le Fils de l’Homme, le Guide de l’avenir, peut donc dire : « Et toutes les Églises connaîtront le “Je suis” qui sonde les cœurs et les reins » (2, 23). L’accent est mis ici sur le « Je suis », sur le quatrième élément de l’être humain. « Ainsi que j’en ai reçu le pouvoir de mon Père ; et je lui donnerai l’étoile du matin » (2, 28).
Que signifie ici l'« étoile du matin » ? - La Terre, nous le savons, passe par les étapes de Saturne, Soleil, Lune, Terre, Jupiter, Vénus, Vulcain. C’est ainsi que nous les nommons d’habitude, et ces dénominations sont justes. Mais j’ai déjà aussi fait remarquer que l’évolution de la Terre se divise en deux périodes : celle de Mars et celle de Mercure. Il y a, en effet, une relation mystérieuse entre la première moitié de l’évolution terrestre et Mars, et de même entre la seconde moitié et Mercure. C’est pourquoi, au lieu de Terre, on dit aussi : Mars et Mercure. On dit alors que la Terre, dans son évolution, passe par Saturne, Soleil, Lune, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus. L’astre dont la force est en fait prépondérante pendant la seconde phase de la Terre est donc Mercure. Mercure est l’étoile qui représente pour nous la force directrice, orientant vers les hauteurs, celle que l’homme doit suivre.
J’aborde dans ce passage un secret mineur qu’il nous faut pour ainsi dire dévoiler, et qui au fond ne peut l’être qu’ici. En occultisme en effet, par précaution contre ceux qui pourraient faire, et qui ont fait dans le passé, un mauvais usage de la science de l’esprit, on s’est toujours servi de ce qu’on aimerait appeler un masque. On ne s’exprimait pas directement, mais dans des termes qui dissimulaient les faits réels. Seulement, l’ésotérisme médiéval ne savait recourir qu’à des moyens primitifs. Il a appelé Mercure Vénus et Vénus Mercure. En vérité, si nous voulons parler dans le sens de l’ésotérisme comme l’a fait l’auteur de l’Apocalypse, il nous faut appeler Mercure 1' « étoile du matin ». Par ce terme, il désigne Mercure : J’ai donné à ton Je la direction qui conduit vers les hauteurs grâce à l’étoile du matin, à Mercure. - Vous pouvez trouver encore, dans certains textes du Moyen Âge qui décrivent les choses comme elles sont, l’énumération suivante des astres de notre système planétaire : Saturne, Jupiter, Mars et après la Terre non pas, comme maintenant, Vénus, Mercure, mais inversement : Mercure, Vénus. C’est pourquoi il est écrit : « Ainsi que j’en ai reçu le pouvoir de mon Père ; et je lui donnerai l’étoile du matin. »
Il nous faudrait maintenant en venir à notre époque, et nous demander : ces révélations de l’auteur de l’Apocalypse concernent-elles aussi notre époque ? Si c’était le cas, Celui qui s’est adressé aux quatre civilisations précédentes devrait nous parler aussi, il nous faudrait apprendre à comprendre sa voix, à distinguer ce qui est notre tâche spirituelle. Si un courant de vie spirituelle doit exister qui comprenne la mystique universelle, ce courant doit aussi, dans la mesure où il doit être conforme à l’Apocalypse de Jean, pouvoir accomplir ce que le grand Inspirateur exige de notre époque. Qu’exige-t-il, et qui est-il ? Pouvons-nous le reconnaître ? Essayons.
« Ecris à l’ange de l’Église de Sardes » - il faut sentir que ces paroles s’adressent à nous - : « Voici ce que dit celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles » (3, 1). Que sont ici les sept esprits et les sept étoiles ? Au sens de l’Apocalypse, l’homme, tel qu’il apparaît ici, est l’expression visible des sept principes de la nature humaine que nous avons énumérés : le principe physique dont le corps physique est l’expression, le principe de vie dont le corps éthérique est l’expression, le principe du corps astral, qui transformé devient manas, buddhi ou le corps éthérique transformé, âtma ou le corps physique transformé, et au centre le principe du Je : tel est l’éventail des sept substances spirituelles à travers lesquelles se répartit la nature divine de l’homme. Selon le terme technique de l’occultisme, on nomme ces sept principes les « sept esprits de Dieu en l’homme ». Et les sept étoiles, ce sont celles qui nous permettent de comprendre ce qu’est l’homme aujourd’hui et ce qu’il doit devenir à l’avenir. La succession des incarnations de la Terre : Saturne, Soleil, Lune, Terre, Jupiter, Vénus, Vulcain, ce sont les sept étoiles qui englobent l’évolution humaine. Saturne a donné à l’homme le germe de son corps physique, le Soleil celui de l’éthérique, la Lune celui de son corps astral, et la Terre lui a donné le Je. Les trois suivantes : Jupiter, Vénus, Vulcain, développeront les éléments constitutifs spirituels de l’homme. Si nous comprenons l’appel de l’Esprit qui tient dans sa main ces sept étoiles et les sept esprits de Dieu, la nature septuple, nous travaillons l’anthroposophie dans le sens de l’Apocalypse. Travailler l’anthroposophie, cela ne veut rien dire d’autre que savoir qu’ici le texte fait allusion à la cinquième époque postatlantéenne, savoir qu’à notre époque, où l’homme est descendu au plus bas dans la matière, nous devons remonter la pente sur les pas de la grande Individualité qui, pour que nous discernions le chemin à suivre, nous donne les sept esprits de Dieu et les sept étoiles.
Et si nous suivons ce chemin, nous introduirons dans la sixième civilisation la véritable vie spirituelle de la sagesse et de l’amour. Alors, de la sagesse anthroposophique que nous aurons élaborée naîtra l’impulsion d’amour de cette sixième civilisation, qui est représentée par l’Église dont le nom traduit déjà qu’elle représente cette sixième civilisation : la communauté de l’amour fraternel, Philadelphie. Tous ces noms n’ont pas été choisis au hasard. L’homme développera son Je jusqu’à un niveau tel qu’il deviendra autonome ; il pourra, à la sixième civilisation - représentée par la communauté de Philadelphie -, offrir librement son amour à toute autre créature. Voilà la vie spirituelle qu’il faut préparer pour la sixième époque. Nous aurons développé le Je individuel en nous à un niveau plus élevé, si bien qu’aucune force extérieure ne pourra plus agir en nous si nous ne le voulons pas ; que nous pourrons fermer, et personne ne pourra ouvrir malgré nous, et si nous fermons, aucune puissance adverse ne pourra ouvrir. C’est cela, la « clef de David ». C’est pourquoi celui qui inspire la Lettre dit qu’il possède la clef de David. « Ecris à l’Ange de Philadelphie : Ainsi dit le Saint, le Véritable, Celui qui a la clef de David, celui qui ouvre et personne ne fermera, celui qui ferme et personne n’ouvrira. (...) J’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer » (3, 7-8). C’est le Je qui s’est trouvé lui-même.
Et la septième civilisation rassemblera autour du grand Guide tous ceux qui auront trouvé cette vie spirituelle ; elle les unira autour de lui. Ils participeront déjà si bien à la vie spirituelle qu’ils se distingueront de ceux qui s’en sont détachés, qui sont « tièdes », « ni froids ni chauds ». La petite troupe qui aura trouvé la spiritualité comprendra Celui qui, en se faisant reconnaître, dit de lui-même qu’il est la Fin véritable, vers laquelle tout tend. Cette Fin, on la désigne par le mot « Amen ». Ainsi au chapitre III, verset 14 : « Ecris à l’Ange de l’Église de Laodicée : Voici ce que dit l’Amen » - Celui dont la nature représente le principe de la Fin.
Ainsi, nous le voyons, l’Apocalypse de Jean donne le contenu d’une initiation. Et le premier degré de cette initiation déjà, où nous voyons la succession intérieure des sept époques postatlantéennes, où nous voyons encore l’esprit du plan physique, nous montre que nous avons affaire à une initiation de la volonté. De nos jours encore, ce contenu peut enflammer notre volonté si nous reconnaissons qu’il nous faut écouter les Inspirateurs qui nous instruisent ; si nous comprenons ce que signifient les sept étoiles et les sept esprits de Dieu, si nous comprenons que nous devons porter dans le futur la connaissance spirituelle.
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• Quatrième conférence, 21 juin 1908 :
Les sept Sceaux et leur ouverture.
Il nous est apparu hier dans quelle mesure l’Apocalypse de Jean évoque prophétiquement le cycle de l’évolution humaine qui va du grand bouleversement sur notre Terre que des peuples différents désignent par le terme de Déluge, et les géologues par celui d’ère glaciaire, à ce que nous appelons la Guerre de tous contre tous. Dans l’espace de temps qui sépare ces deux époques se situe tout ce que décrit prophétiquement dans les sept Lettres l’Apocalypse, ce livre nous montrant les entités que furent les temps passés et dégageant pour nous ce qui doit enflammer notre volonté, nos impulsions, en vue de l’avenir. Et nous avons vu comment nous-mêmes, au sein du mouvement spirituel dont nous faisons partie, nous devons considérer les paroles de ce qu’on appelle la cinquième de ces Lettres comme une exhortation à l’action, à l’activité. Nous avons vu qu’il est indiqué que nous devons suivre l’entité qui tient les sept esprits de Dieu et les sept étoiles. Et nous avons vu comment est préparée par ce mouvement spirituel la prochaine époque, que représente la communauté de Philadelphie, la période où doit régner, en tous ceux qui ont compris les paroles d’exhortation, cet amour fraternel par toute la terre que préfigure l’Évangile de Jean. La septième civilisation suivra encore : ce qui la caractérise, c’est que d’une part tout ce qui est mauvais dans la communauté qui la représente, ce qui est tiède, ni chaud ni froid, ce qui n’a pas pu s’enthousiasmer pour la vie spirituelle, doit donc tomber ; et d’autre part on nous montre ceux qui ont compris les paroles d’exhortation, qui formeront le cortège de Celui qui dit : Je suis l’Amen - c’est-à-dire : Je suis Celui avec lequel s’identifie le but de la nature humaine, Celui qui porte en lui-même le principe du Christ.
Nous réserverons pour un autre moment tout ce qu’il faudrait ajouter pour commenter encore les différentes Lettres, pour justifier les noms des Églises. Nous allons aujourd’hui poursuivre dans notre étude et voir ce qui s’offre à l’être humain lorsqu’il parcourt le degré suivant de l’initiation. Les sept subdivisions de notre cycle nous sont apparues, et nous avons dit que ce cycle tout entier est lui-même une partie d’un ensemble plus vaste, qui englobe de même sept périodes. Notre cycle de sept civilisations fut précédé par l’ère atlantéenne, au cours de laquelle se développèrent les races dont des vestiges existent encore. À notre ère actuelle, c’est-à-dire à sa septième subdivision, succédera directement une autre grande ère, constituée elle aussi de sept parties, et que prépare déjà la nôtre indirectement. Si bien que nous pouvons dire : Peu à peu, notre civilisation va évoluer vers une culture de l’amour fraternel, où un groupe relativement restreint d’êtres humains aura compris la vie spirituelle, aura préparé l’esprit et l’attitude intérieure favorables à l’amour fraternel. De cette civilisation se détachera à nouveau un groupe moins nombreux d’hommes qui survivront à cet événement dont l’action sera si destructrice, à la Guerre de tous contre tous. Au sein de la destruction générale, partout des individus isolés se distingueront du reste de l’humanité en guerre contre elle-même, qui auront compris la vie spirituelle et qui formeront le noyau d’une nouvelle période, celle de la sixième civilisation.
Il en avait été de même lors du passage de la quatrième à la nôtre. Celui qui, par la clairvoyance, peut remonter le cours du temps, en arrive, après avoir revu les périodes que nous avons étudiées - l’époque gréco-latine, l’époque égypto-babylonienne, l’ancienne Perse et l’ancienne Inde -, ayant aussi revu l’époque du grand Déluge, à la période atlantéenne. Nous n’avons pas besoin de l’étudier en détail, mais au moins il nous faut nous faire une idée de la façon dont cette civilisation atlantéenne s’est développée. À ce moment aussi, une grande partie de la population atlantéenne n’était pas assez mûre pour se développer et fut incapable de s’adapter à nos conditions de vie. Une petite partie, qui vivait sur des terres proches de l’actuelle Irlande, parvint au niveau le plus élevé de la civilisation atlantéenne ; ce groupe émigra vers l’est. Mais il faut bien voir que ce ne fut là que la migration la plus importante. Sans cesse, des peuplades ont émigré d’ouest en est, et tous les peuples des régions septentrionales et centrales de l’Europe proviennent de ce mouvement migrateur orienté d’ouest en est. C’est la partie la plus évoluée de la population qui, sous la direction d’un des grands guides de l’humanité, parcourut la plus grande distance. Elle s’installa en Asie centrale, petite tribu formée d’une élite, et à partir de là colonisa successivement les régions dont nous avons parlé ; c’est de là qu’est parti le courant de civilisation qui gagna l’Inde ancienne, puis la Perse, l’Égypte, la Grèce, etc.
Vous pouvez facilement poser la question suivante : L’idée n’est-elle pas bien cruelle que des masses entières soient restées immatures et n’aient pas développé les facultés leur permettant de s’épanouir, que seul un petit groupe devienne capable de transmettre le germe d’une civilisation à la suivante ? Mais cette idée perdra pour vous son caractère angoissant si vous distinguez entre développement de la race et développement de l’âme. Car aucune âme n’est condamnée à toujours vivre au sein d’une certaine race. La race peut rester en arrière, un peuple peut être arriéré, mais les âmes dépassent le stade où restent les races. Pour pouvoir nous représenter très exactement la chose, il nous faut nous dire que toutes les âmes qui habitent actuellement les corps humains dans les pays civilisés ont été autrefois incarnées dans des corps atlantéens, et certaines y ont suivi le développement normal ; elles n’en sont pas restées au niveau correspondant à des corps atlantéens. Ayant évolué, elles purent devenir les âmes de corps plus évolués. Seules les âmes restées en arrière ont dû revêtir des corps restés à un niveau inférieur. Si toutes les âmes avaient progressé de la même manière, ou bien la population des races arriérées aurait été peu nombreuse, ou bien ces corps auraient été habités par des âmes inférieures nouvellement venues. Car il se trouve toujours des âmes pouvant habiter des organismes retardés. Mais aucune ne reste liée à un de ces organismes si elle ne s’y est pas liée de son propre fait.
Quel rapport s’établit entre l’évolution des âmes et celle des races, c’est ce qu’un mythe merveilleux nous rappelle. Représentons-nous les races et les civilisations se succédant. L’âme qui accomplit comme elle le doit sa mission terrestre s’incarne dans une race ; elle aspire à progresser au sein de cette race, elle en acquiert les qualités pour pouvoir s’incarner la fois suivante dans une race plus évoluée. Seules les âmes qui s’enlisent dans leur race, qui ne font aucun effort pour s’élever au-dessus de la matérialité physique, y sont retenues en quelque sorte par leur propre poids. Elles s’incarnent une deuxième fois, éventuellement une troisième fois, dans un corps appartenant à une race analogue. De telles âmes exercent sur les corps de la race une influence retardatrice. C’est ce dont une légende nous fait un beau récit.
Nous savons que l’homme progresse sur la voie de la mission terrestre en suivant les grands guides qui indiquent à l’humanité les buts à atteindre. S’il s’en écarte, il lui faut alors rester dans cette race, il ne peut pas s’élever au-dessus d’elle. Représentons-nous une personnalité qui a le bonheur de se trouver en présence d’un grand guide de l’humanité, du Christ lui-même, d’assister à tous les signes, accomplis par lui pour faire progresser le genre humain, mais qui ne veut rien savoir de cette ascension, et qui repousse le guide de l’humanité. Une telle personnalité, une telle âme serait condamnée à rester dans sa race. Et si nous nous représentons cela sous une forme extrême, nous avons alors la légende d’Ahasvérus, le Juif errant qui se réincarne toujours dans la même race parce qu’il a repoussé le Christ.
Comme sur des tables d’airain, les grandes vérités de l'évolution humaine sont gravées dans ces légendes. Il nous faut faire une distinction entre évolution des âmes et évolution des races. Aucune âme n’a été contrainte sans motif de rester dans un corps ancien ; aucune ne devra se réincarner sans motif dans un corps de notre niveau actuel. Les âmes qui entendront la voix du progrès intérieur survivront à la grande destruction, à la Guerre de tous contre tous ; elles réapparaîtront dans des corps nouveaux, très différents de ceux d’aujourd’hui. C’est, en effet, avoir des choses une bien courte vue que se représenter par exemple les corps atlantéens semblables aux nôtres. Au cours des millénaires, l’aspect extérieur des humains se modifie aussi, et l’homme qui apparaîtra après la grande Guerre de tous contre tous sera tout différent de l’actuel. De nos jours, l’homme est ainsi fait qu’il peut dissimuler ce qu’il a en lui de bon et de mauvais. Certes, sa physionomie le trahit souvent déjà, et celui qui voit clair peut lire bien des choses sur les traits d’un visage. Mais il est pourtant possible aujourd’hui à un scélérat de sourire avec charme, avec la mine la plus innocente, et d’être tenu pour un honnête homme. Inversement, il est possible également que les belles qualités d’une âme restent méconnues. Il est possible que toute l’intelligence et toute la bêtise qui vivent en l’âme, que la beauté et la laideur se dissimulent derrière la physionomie générale de tel ou tel type d’homme. Il n’en sera plus ainsi durant l’ère qui suivra la nôtre après la Guerre de tous contre tous. Sur le front et sur toute la physionomie de l’homme, il sera inscrit s’il est bon ou mauvais. Son visage, tout son corps même sera l’image de ce qui vit dans son âme. La manière dont il a évolué intérieurement, dont il a développé de bons ou de mauvais instincts, se lira sur son front. Et après la grande Guerre de tous contre tous, il existera deux sortes d’hommes : ceux qui se seront efforcés d’obéir à l’appel de la vie spirituelle, qui auront spiritualisé et ennobli leur âme et leur esprit, porteront sur leur visage l’empreinte de cette vie spirituelle de l’âme et la manifesteront dans leurs gestes, dans les mouvements de leurs mains. Les autres, ceux qui se seront détournés de la vie spirituelle représentée par l’Église de Laodicée, les tièdes, qui n’étaient ni froids ni chauds, seront dans la prochaine civilisation des êtres porteurs des forces rétrogrades qui paralysent l’évolution. Ceux-là porteront sur un visage laid, inintelligent, au regard méchant, l’expression des passions et des instincts hostiles à l’esprit. Ils seront, par leurs gestes, par leur comportement dans tout ce qu’ils feront, l’image extérieure des laideurs de leur âme. Comme autrefois les hommes se sont répartis en races, en communautés civilisées, ils se diviseront à ce moment en deux grands courants, celui des bons et celui des méchants. Et à les regarder, on verra - car l’individu ne pourra plus dissimuler - ce qu’ils ont fait de leur âme.
À voir rétrospectivement comment l’humanité s’est développée jusqu’ici sur la Terre, nous reconnaîtrons que son évolution future, telle que nous venons de la caractériser, s’accorde parfaitement avec ce passé. Évoquons l’origine de notre Terre actuelle, après Saturne, le Soleil et la Lune, suivis d’une longue pause intermédiaire. La Terre émerge alors à nouveau des ténèbres cosmiques. À cette époque, dans ces premiers temps de l’évolution, il n’y avait sur la Terre aucune autre créature que l’homme. Il est le premier-né. Mais il n’est encore qu’esprit, et l’incarnation consiste en une matérialisation de cet esprit. Représentons-nous une masse d’eau qui pourrait flotter librement. Par un processus quelconque, des parties de cette masse d’eau cristallisent, et ce processus se renouvelle sans cesse. Supposons qu’une partie de cette masse d’eau ait laissé tomber ces petits glaçons, qui en sont maintenant séparés. Comme chacun d’eux ne peut grossir qu’aussi longtemps qu’il est dans l’eau, il reste, une fois qu’il en est sorti, dans l’état où il se trouvait. Imaginons qu’une partie des masses d’eau se soit séparée sous cette forme de petits glaçons, que la congélation de la masse liquide se poursuive, qu’au stade suivant de nouvelles masses d’eau viennent s’ajouter aux petits glaçons et se séparent ensuite, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’à la fin une très grande partie de l’eau soit cristallisée. Ce sera le dernier morceau de glace qui aura le mieux gardé l’essence de la substance-mère, lui qui a pu attendre le plus longtemps avant de se séparer de l’eau-mère originelle.
Il en est de même dans l’évolution. Les animaux inférieurs n’ont pas pu attendre ; ils ont quitté trop tôt la substance-mère spirituelle et, de ce fait, ils en sont restés à un stade antérieur de l’évolution. Les espèces animales progressivement ascendantes correspondent donc à des arrêts successifs dans l’évolution. C’est l’homme qui a attendu le plus longtemps, qui a quitté le dernier la substance-mère divine, spirituelle, pour descendre en masse dense devenant une forme charnelle. Les animaux sont descendus trop tôt et se sont par conséquent arrêtés dans leur développement. Pourquoi, nous le verrons plus tard. Ce qui nous intéresse à présent, c’est que, étant prématurément descendus, ils en sont restés à d’anciens stades d’évolution. Qu’est-ce donc qu’une forme animale ? Si elle était restée unie à l’esprit dont elle provient, elle aurait pu progresser jusqu’au stade de l’humanité actuelle. Mais les animaux sont restés stationnaires, ils se sont séparés, sont aujourd’hui en décadence et constituent des rameaux du grand arbre de l’humanité. Dans le passé, l’être humain portait, comme englobée en lui, toute l’animalité, mais il l’a éliminée en formant des branches latérales. Les animaux, dans leurs multiples formes, ne représentent rien d’autre que des passions humaines ayant pris corps prématurément. Ce qui est aujourd’hui encore présent spirituellement dans le corps astral de l’homme est représenté physiquement par les différentes formes animales. Lui l’a conservé dans son corps astral jusqu’à la période la plus tardive de l’existence terrestre. C’est pourquoi il a pu atteindre le stade d’évolution le plus élevé.
Actuellement encore, il a en lui quelque chose qui, en tant que rameau dégénéré, comme les autres formes animales, doit être éliminé de l’évolution générale pour constituer un rameau décadent. Tout ce qui est aptitude au bien ou au mal, à l’intelligence ou à la bêtise, germe de beauté ou de laideur, correspond chez l’homme à une possibilité de progresser ou de rester en arrière. De même que s’est détachée la forme animale, la race des êtres mauvais, aux visages repoussants, se détachera de l’humanité en marche vers la spiritualisation, son but futur. À l’avenir, on ne verra pas seulement des formes animales, images des passions humaines incarnées ; une race vivra qui incarnera ce qu’il y a de mauvais en l’homme actuel, qu’il peut aujourd’hui encore dissimuler, mais qui alors deviendra visible. Ce qui apparaîtra principalement va s’éclairer pour nous si nous considérons un point qui va peut-être vous sembler étrange.
Il faut voir clairement que cette élimination des formes animales était effectivement pour l’homme une nécessité. Chacune de ces formes, en se détachant dans le passé du courant commun, signifie pour lui un progrès. Représentez-vous que toutes les caractéristiques aujourd’hui dispersées dans les espèces animales étaient autrefois celles de l’homme. Il s’en est purifié, et a pu ainsi poursuivre son développement. Lorsque des particules grossières en suspension dans un liquide trouble se déposent, ce qui y reste est de nature plus fine. De même, la nature la plus grossière, que l’homme n’aurait pas pu utiliser pour son développement actuel, s’est déposée dans les formes animales. Il a atteint son niveau actuel en rejetant ces formes, qui sont comme des frères plus âgés. Ainsi l’humanité va-t-elle s’élevant en rejetant les formes inférieures pour se purifier. Elle s’élèvera encore en éliminant un nouveau règne, celui de la race des méchants. Et chacune de ses qualités, l’homme la doit aujourd’hui au fait d’avoir rejeté une certaine forme animale. Celui qui observe avec le regard du clairvoyant les différents animaux sait exactement ce que nous devons à chacun d’eux. En regardant la forme du lion, nous nous disons : Si le lion n’existait pas, l’homme ne posséderait pas telle ou telle particularité, car c’est en éliminant la nature lion qu’il l’a acquise. Et il en est de même pour toutes les autres espèces animales.
Or les cinq étapes de l’évolution, les cinq civilisations - depuis l’Inde ancienne jusqu’à la nôtre -, ont eu pour but de former l’intelligence, la faculté de compréhension et tout ce qui est lié à ces deux facultés, à ces forces. Celles-ci n’existaient pas pendant l’ère atlantéenne. La mémoire était là, et aussi d’autres facultés, mais le développement de l’intelligence avec tout ce qui lui est lié, le regard orienté vers le monde extérieur, c’est la tâche de la cinquième époque. Celui dont le regard clairvoyant se fixe sur le monde environnant interroge : À quel fait devons-nous, nous autres hommes, d’être devenus intelligents ? Quelle forme animale avons-nous éliminée pour devenir intelligents ? - Si étrange, si grotesque que cela puisse paraître, il n’en est pas moins vrai que si les animaux représentés par la nature chevaline n’existaient pas, l’être humain n’aurait jamais pu acquérir l’intelligence.
Cela, on le sentait encore autrefois. Tous les liens étroits qui existent entre certaines races humaines et le cheval sont nés d’un sentiment que l’on peut comparer au mystérieux amour entre les deux sexes, un certain sentiment de ce que l’homme doit à cet animal. C’est pourquoi, lorsque se développa la nouvelle civilisation de l’ancienne époque indienne, c’est un cheval qui joua un rôle mystérieux dans le culte rendu aux dieux ; et toutes les coutumes se rapportant au cheval nous ramènent à ce fait. Si vous étudiez le comportement de peuples encore proches de l’ancienne clairvoyance, par exemple chez les anciens Germains, dont vous voyez qu’ils suspendaient des crânes de chevaux devant leurs maisons, vous êtes ramenés à la conscience de ce fait : l’être humain a dépassé l’état de non-intelligence en éliminant la forme du cheval. Il existe une conscience profonde de ce lien avec l’acquisition de l’intelligence. Il vous suffit de vous rappeler Ulysse et le cheval de Troie. Il y a dans de semblables légendes une profonde sagesse, bien plus profonde que notre science. Ce n’est pas pour rien que la légende s’est servie du type du cheval. L’être humain est issu d’une forme qui, pour ainsi dire, portait encore en elle ce qui est incarné dans le cheval, et dans la forme du Centaure l’art a encore représenté un homme lié à cet animal pour rappeler le stade d’évolution au-dessus duquel il s’est élevé, auquel il s’est arraché pour devenir l’homme actuel.
Ce qui s’est ainsi déroulé dans les temps préhistoriques pour aboutir à notre humanité actuelle se répétera à un niveau supérieur dans l’avenir, mais non pas de la même façon dans le monde physique. À celui qui devient clairvoyant à la limite entre l’astral et le plan du dévachan, il se révèle que l’être humain développe et ennoblit de plus en plus ce qu’il doit à l’élimination du cheval. Ainsi accomplira-t-il la spiritualisation de l’intelligence. Ce qui est aujourd’hui simple faculté de compréhension, simple ingéniosité, il le transformera en sagesse, en spiritualité, après la grande Guerre de tous contre tous. C’est ce que vivront ceux qui auront atteint le but final. Alors apparaîtra dans ses fruits ce qui aura pu naître de l’élimination de la nature cheval dans l’humanité.
Représentons-nous maintenant un clairvoyant lisant dans l’avenir. Qu’est-ce qui va se révéler à lui ? Tout ce que l’homme a préparé au cours des sept civilisations - car son âme fut incarnée dans les civilisations passées et le sera aussi dans les époques futures -, tout cela sera réalisé ; cela survivra à la grande Guerre de tous contre tous et atteindra l’ère plus spirituelle. Il a acquis durant chaque époque ce qu’il pouvait y puiser. Revenez en pensée avec votre âme à la vie que vous avez vécue durant l’ancienne civilisation indienne. Vous y avez reçu l’admirable enseignement des saints rishi. Vous l’avez oublié, mais plus tard vous vous en souviendrez. Vous avez continué d’aller d’incarnation en incarnation. Vous avez pu apprendre ce que les civilisations perse, égyptienne, grecque, romaine vous offraient. Tout cela réside en votre âme aujourd’hui, mais ne se révèle pas encore extérieurement sur votre visage. Vous revivrez à l’époque de Philadelphie, celle où régnera l’Amen, et de plus en plus une communauté humaine se développera dans laquelle se révélera sur les visages des hommes ce qui s’est préparé de notre temps. Ce qui travaille maintenant déjà dans votre âme, ce que vous avez reçu durant l’époque indienne se révélera dans votre physionomie pendant la première subdivision de la prochaine ère, après la Guerre de tous contre tous. Ce que l’homme a acquis durant la civilisation de la Perse antique modifiera son visage à la deuxième subdivision, et ainsi de suite, degré par degré. Tout ce que vous recevez dans vos âmes, vous tous qui êtes assis ici aujourd’hui, les enseignements spirituels d’aujourd’hui qui s’unissent à vos âmes, porteront des fruits visibles, après la grande Guerre. Aujourd’hui, vous unissez à la vie de votre âme les dons des sept esprits de Dieu et des sept étoiles. Vous les emportez en rentrant chez vous. Personne ne les lira sur vos visages aujourd’hui ni encore après des siècles, mais après la grande Guerre de tous contre tous cela se révélera. Une cinquième époque viendra, et vous en porterez l’empreinte sur votre visage. Sur votre front sera inscrit le résultat de votre effort actuel, ce que sont actuellement vos pensées et vos sentiments.
Ainsi apparaîtra, se dévoilera degré par degré après la Guerre de tous contre tous ce qui est maintenant dissimulé dans l’âme. Représentons-nous le moment où cette Guerre éclatera. L’âme qui aura entendu l’appel que le principe du Christ fait retentir de civilisation en civilisation, cette âme continuera de vivre lors de tout ce qui est indiqué dans les sept Lettres. Pendant sept civilisations a été déposé en elle ce que celles-ci pouvaient lui donner. Représentons-nous l’âme en attente d’incarnation en incarnation. Elle a été sept fois « scellée ». Chaque civilisation lui a imprimé son sceau. Ainsi est scellé en vous ce que les Indiens ont inscrit en votre âme, ce que les Perses, les Égyptiens, les Grecs, les Romains y ont tracé et ce que notre civilisation y inscrit. Ces Sceaux seront ouverts, c’est-à-dire qu’après la Guerre de tous contre tous les choses gravées dans l’âme apparaîtront visibles. Et le principe, la force qui guide les hommes afin qu’apparaissent sur les visages les véritables fruits des diverses civilisations, ce principe, cette force, nous avons à les voir en la personne du Christ Jésus. Les sept Sceaux d’un livre doivent être ouverts. Mais quel est ce livre ? Où est-il ?
Nous allons essayer de comprendre ce qu’est un livre, une Bible, au sens de l’Écriture. Ce mot « livre » n’apparaît dans la Bible que très rarement, il faut bien le remarquer. Il se trouve dans l’Ancien Testament, livre de la Genèse, 5,1 : « Ceci est le livre de la race humaine. Lorsque Dieu créa l’homme, il le créa à l’image de Dieu ; il fît un homme et une femme, etc. » Puis vous avez beau chercher où vous voulez, vous ne retrouvez le mot « livre » que dans l’Évangile selon Matthieu, chapitre I : « Ceci est le livre de la naissance de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham. Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, etc. » À nouveau, les générations sont énumérées. Le terme « livre » apparaît de nouveau ici, dans l’Apocalypse de Jean, là où il est dit que seul l’Agneau est digne d’ouvrir le Livre aux sept Sceaux. Le mot de « livre » ne désigne jamais autre chose qu’un ensemble. Pour les comprendre, il faut prendre les textes anciens au pied de la lettre. Il ne s’agit pas d’un livre au sens actuel du mot, mais plutôt d’un cadastre, d’un registre où l’on inscrit l’une à la suite de l’autre des choses reliées entre elles, où l’on inscrit par exemple ce qui constitue les biens afin qu’ils puissent être transmis par héritage. Dans l’Ancien Testament, le mot « livre » nous indique qu’il s’agit d’un document, d’une chronique où s’inscrivent les générations liées par l’hérédité sanguine. Ce mot n’est pas employé dans un autre sens. Et dans le premier Évangile, il est employé dans ce même sens. Les faits qui se succèdent dans le temps sont notés dans un « livre ». Jamais ce mot ne signifie autre chose que l’énumération d’une suite d’événements, donc à peu près une « chronique », de l’histoire.
Le Livre de vie qui est maintenant établi dans l’humanité, où de civilisation en civilisation est inscrit dans le Je de l’homme ce que chacune lui donne, ce livre écrit dans les âmes humaines et qui sera descellé après la grande Guerre de tous contre tous, c’est de ce livre aussi que parle l’Apocalypse. C’est dans ce livre que seront inscrits les apports des civilisations, comme autrefois on inscrivait dans les livres de famille les acquisitions des générations ; seulement ici, ce qui est inscrit, ce sont les conquêtes spirituelles de l’homme. Et comme il conquiert par l’intelligence ce qui peut être acquis à notre époque, le progrès de cette évolution devra être peu à peu représenté imaginativement par le symbole de l’intelligence. Du fait qu’au temps de l’Inde ancienne l’homme vivait dans un état d’âme dans lequel il se détournait du monde physique et cherchait du regard le monde spirituel, dans la première civilisation qui suivra la Guerre de tous contre tous, il triomphera du physique-sensible. Il en sera vainqueur parce qu’il aura assimilé ce qui s’est inscrit dans son âme pendant la première civilisation de notre ère. Puis la conquête de la matière pendant la seconde civilisation, celle de la Perse antique, nous apparaîtra dans la seconde époque consécutive à la grande Guerre et symbolisée par l’épée, l’instrument de domination sur le monde extérieur. Ce que l’homme s’est assimilé pendant la civilisation babylonienne et égyptienne, en apprenant à mesurer et à peser selon des règles, réapparaîtra à l’époque suivante, figuré par la balance. Et la quatrième époque nous montrera ce qui est le plus important, ce que l’homme a acquis grâce au Christ Jésus et à son apparition sur terre : la vie spirituelle, l’immortalité du Je. Que tout ce qui n’est pas destiné à être immortel, tout ce qui est voué à la mort, disparaîtra, voilà ce qui doit se révéler à cette quatrième époque.
Ainsi réapparaîtra successivement tout ce qui s’est préparé pendant nos périodes de civilisation, et cela se présente ici sous la forme symbolique correspondant à l’intelligence. Lisons dans le chapitre VI de l’Apocalypse de Jean comment se fait l’ouverture des quatre premiers Sceaux, et nous verrons que ce qui est révélé ici exprime étape par étape, en un puissant symbolisme, ce qui se dévoilera un jour. « Et je vis un cheval blanc » - c’est l’indication que l’intelligence spiritualisée apparaît. « Celui qui le montait tenait un arc ; une couronne lui fut donnée et il partit en vainqueur pour remporter la victoire. Lorsque l’Agneau ouvrit le second Sceau, j’entendis le second Animal qui disait : Viens et vois. - Et il sortit un autre cheval, rouge-feu. Celui qui le montait reçut le pouvoir de bannir la paix de la terre, afin que ses habitants s’entr’égorgeassent ; et une grande épée lui fut donnée » - afin que périsse tout ce qui ne mérite pas de participer au progrès de l’humanité. « Quand l’Agneau ouvrit le troisième Sceau, j’entendis le troisième Animal dire : Viens et vois. - Et je vis un cheval noir. Celui qui le montait tenait à la main une balance. Et j’entendis une voix qui venait du milieu des quatre Animaux et qui disait : Une mesure de blé pour un denier et trois mesures d’orge pour un denier. » « Mesure » et « denier » désignent ce que l’homme a appris pendant la troisième civilisation : les fruits en seront conservés jusque-là et descellés. À la quatrième civilisation, le Christ Jésus est apparu pour vaincre la mort. Ce qui se révèle ainsi : « Et quand l’Agneau ouvrit le quatrième Sceau, j’entendis la voix du quatrième Animal dire : Viens et vois. - Je regardai et je vis paraître un cheval blême, et celui qui le montait se nommait la Mort, et l’enfer la suivait. » « Un cheval blême », c’est ce qui succombe, ce qui sombre dans la race des méchants ; mais ceux qui auront entendu l’appel et qui auront vaincu la mort auront part à la vie spirituelle. Ceux qui ont compris le « Je suis » et son appel, ce sont ceux qui ont vaincu la mort. Ils ont spiritualisé l’intelligence. Maintenant, ce qu’ils sont devenus ne peut plus être symbolisé par le cheval. Un nouveau symbole doit apparaître pour désigner ceux qui ont compris et suivent l’appel de celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles. Ceux-là sont représentés par le symbole de « ceux qui portent des robes blanches », qui ont revêtu l’enveloppe de la vie immortelle, spirituelle et éternelle.
Il nous est rapporté ensuite comment apparaîtra tout ce qui s’élève vers le bien et tout ce qui sombre dans le mal, et cela est clairement exprimé. « Et quand l’Agneau ouvrit le cinquième Sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la Parole de Dieu et du témoignage qu’ils avaient rendu. Elles criaient à haute voix et disaient : Jusques à quand, Seigneur, qui est saint et véritable, tarderas-tu à venger notre sang sur les habitants de la terre ? - Et il fut donné à chacun une robe blanche, et il leur fut dit de demeurer en repos encore un peu de temps, jusqu’à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons et de leurs frères qui devaient être immolés comme eux. » C’est-à-dire tués dans leur forme extérieure et renaissant dans l’esprit. Comment cela s’exprimera-t-il ?
Représentons-nous ce que devient le monde extérieur sensible dans une vie véritablement imprégnée d’anthroposophie. Comment avons-nous décrit les sept étoiles ? Nous sommes remontés jusqu’à Saturne et avons montré comment le corps physique de l’homme s’est formé, constitué de chaleur. Nous avons vu apparaître le Soleil. Nous avons retracé ce monde en esprit. Pour nous, le Soleil n’est pas seulement un globe physique ; c’est le dispensateur de la vie, de cette vie de l’esprit qui prendra chez l’homme de l’avenir sa forme la plus haute. La Lune est pour nous l’élément qui retient la vie dans sa marche impétueuse et ralentit l’évolution humaine dans la mesure où cela est nécessaire. Soleil et Lune sont donc pour nous des puissances spirituelles. Et la sagesse anthroposophique que nous acquérons apparaît également dans la future époque sous la forme d’un symbole juste : Soleil et Lune apparaissent à notre regard spirituel comme ce qui nous a édifiés, nous autres hommes. Symboliquement, le Soleil et la Lune physiques disparaissent alors et deviennent semblables à un être humain, mais sous une forme élémentaire. « Je regardai quand il ouvrit le sixième Sceau ; et il y eut un grand tremblement de terre, le soleil devint noir comme un sac de crin, la lune entière devint comme du sang. » Tout cela est l’accomplissement symbolisé de ce que nous cherchons dans la vie spirituelle.
Ainsi voyons-nous qu’est prédit pour la prochaine ère, en images pleines de sens, un avenir qui se prépare dans la nôtre. Aujourd’hui, nous portons en nous, mais invisible, cette transformation du Soleil et de la Lune que nous opérons quand le physique se métamorphose en éléments spirituels. Lorsque le regard clairvoyant se tourne vers l’avenir, le physique disparaît effectivement, et devant nous apparaît le symbole de la spiritualisation de l’humanité.
En traits quelque peu osés, nous avons esquissé aujourd’hui ce que doivent nous dire les sept Sceaux et leur ouverture dans l’Apocalypse. Il nous faut certes creuser davantage ce texte, et alors nous apparaîtront en pleine clarté bien des choses qui pourraient aujourd’hui nous paraître invraisemblables. Mais déjà nous voyons comment s’ordonnent intérieurement les puissantes images du présent et de l’avenir de l’évolution humaine que le voyant a pu contempler, comment elles s’étendent à un avenir lointain et ainsi nous transmettent des impulsions toujours plus fortes à vivre en nous adaptant à cet avenir, à collaborer nous-mêmes à cette spiritualisation de la vie humaine.
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• Cinquième conférence, 22 juin 1908 :
L’évolution de l’homme et l’évolution cosmique de la Terre.
Les vingt-quatre Vieillards et la Mer de cristal.
Nous avons vu hier comment la race humaine se développera lorsque sera achevé le cycle actuel de notre évolution, comment elle se scindera en deux courants pour ainsi dire : la race du Bien et celle du Mal, et comment les secrets de cet avenir sont dévoilés par les sept Sceaux, déchiffrés en images dans l’Apocalypse de Jean. Après cet exposé général de l’apparition dans la physionomie extérieure de ce qui se prépare durant notre ère dans les âmes des hommes, quelqu’un pourrait facilement demander : Comment se fait-il que l’auteur de l’Apocalypse commente précisément les premiers des Sceaux à l’aide d’aussi terribles images ? Cette question, nous pourrons y répondre d’autant mieux que nous intercalerons aujourd’hui dans notre exposé de l’Apocalypse une digression.
Jusqu’ici, nous avons essayé de corroborer cette affirmation : l’Apocalypse de Jean décrit une initiation, l’initiation chrétienne, et grâce à cette initiation l’avenir de l’humanité se révèle. Nous évoquerons de la meilleure façon tout ce qui s’y rattache en reportant aujourd’hui le regard en arrière et en retraçant devant notre âme, une fois encore, le passé de l’évolution de l’humanité. Et nous le ferons précisément dans la mesure où nous en avons besoin pour expliquer l’Apocalypse. Les traits fondamentaux dont il s’agit, vous les connaissez déjà. Vous savez que notre Terre, formant aujourd’hui le séjour des humains, a une origine infiniment lointaine, mais qu’en tant que Terre elle est la réincarnation d’une autre entité planétaire que l’on nomme ordinairement l’ancienne Lune, ou aussi le cosmos - ou la planète - de la sagesse, par distinction avec notre Terre actuelle, que nous appelons le cosmos ou la planète de l’amour. Mais ce cosmos de la sagesse ou ancienne Lune n’est aussi que la réincarnation d’un état encore antérieur que nous appelons la planète Soleil, donc non pas l’étoile fixe, mais la planète Soleil, qui est la réincarnation de l’ancien Saturne. Si bien que nous avons à distinguer quatre états successifs de notre existence planétaire que nous nommons Saturne, Soleil, Lune et Terre.
Nous allons maintenant, dans la mesure où nous en avons besoin pour expliquer l’Apocalypse, décrire ces quatre états. Lorsque vous remontez par la clairvoyance jusqu’à l’ancien Saturne, vous parvenez jusqu’à une planète étrange. Cet ancien Saturne est un corps céleste sur lequel on ne peut rien trouver encore de ce que nous appelons aujourd’hui les minéraux, des substances terrestres solides. Rien ne s’y trouve de ce qui est actuellement notre monde animal et notre monde végétal, rien de ce que nous appelons aujourd’hui l’eau ou les substances liquides, rien de ce qui nous est connu comme courant aérien ou gaz. Si vous vous représentiez qu’avec vos yeux actuels - qui à l’époque n’existaient pas encore - vous vous trouvez quelque part dans l’espace intersidéral et que vous vous approchez de ce Saturne, vous ne pourriez tout d’abord rien voir de cet état premier, car il n’émet pas encore de lumière. Avec vos yeux donc, vous ne pourriez rien voir extérieurement de ce Saturne dans la première moitié de son existence. Si vous vous en approchiez en pénétrant dans l’espace qu’il occupait, vous percevriez un peu - si vous pouviez alors vous servir des sens actuels - comme si vous vous glissiez dans un four chauffé. Vous ne pourriez distinguer cet espace d’un autre que par le fait qu’il est plus chaud que son environnement. La chaleur est le seul de nos états actuels que l’on rencontre sur l’ancien Saturne. Mais c’était une sorte de chaleur étrange. Elle ne vous paraîtrait pas également répartie en tous points. Vous pourriez trouver que certains endroits sont plus chauds, d’autres plus froids, de sorte qu’en réunissant par des lignes ceux qui sont à la même température, on obtiendrait des figures perceptibles uniquement grâce à la différence d’intensité calorique. Tout était chaleur, mais chaleur organisée, différenciée. Si vous pouviez voler à travers ce globe, vous vous diriez : Il y a là quelque chose, mais quelque chose que je ne puis percevoir que grâce aux états caloriques différents.
Dans ces états caloriques différents - la seule alors existante des caractéristiques actuelles de notre Terre -, dans cette chaleur était alors exprimée la première ébauche du corps physique humain. Ce qui était là présent, vous l’avez encore en vous, mais non plus dans l’espace extérieur : cela s’est intériorisé, c’est la chaleur de votre sang. Si avec cette chaleur du sang vous pouviez construire des formes, vous auriez les traces de ce qui existait de votre corps physique sur l’ancien Saturne. La chaleur que vous avez dans votre sang aujourd’hui, c’est le premier germe du corps physique, son élément le plus ancien, si bien que vous pouvez dire aussi : Saturne dans sa totalité était fait de chaleur sanguine. Mais vous pourriez aussi trouver quelque chose d’analogue à des figures qui pourraient être dessinées si vous suiviez les voies de la circulation sanguine selon ses différents états caloriques. Telle était l’existence physique de cet ancien Saturne. Des conditions terrestres présentes, il n’avait strictement que la chaleur. De tous les êtres qui peuplent aujourd’hui la Terre, seul l’homme était présent, et de lui ce seul germe du corps physique. Saturne n’était uniquement constitué que de pareils germes de corps physiques humains, formés de chaleur. De même que la mûre est aujourd’hui composée de petits grains, Saturne était composé autrefois d’êtres humains, mais sous la forme qui vient d’être décrite. D’autre part, il était entouré d’entités spirituelles. Comme aujourd’hui la Terre est entourée d’air, Saturne était entouré d’une atmosphère spirituelle, où vivaient des entités parvenues à différents degrés d’évolution, mais qui toutes avaient besoin, au degré atteint à ce moment-là, d’avoir Saturne pour demeure. Il leur était nécessaire, elles ne pouvaient pas subsister sans lui. Certaines par exemple étaient déjà constituées aussi de sept principes, mais non pas de la même façon que l’être humain d’aujourd’hui. Celui-ci possède les sept principes que nous appelons les « sept esprits de Dieu », et dont le premier est le corps physique. Il n’en était pas ainsi de ces êtres spirituels. Certains par exemple avaient pour principe inférieur le corps éthérique. En guise de corps physique, ils se servaient des corps physiques de Saturne dans lesquels ils ancraient leur corps éthérique. Ce Saturne était donc, comparé à la Terre actuelle, un corps céleste d’une substance immatérielle, infiniment subtil. De nos substances, il n’avait même pas l’air, les gaz, qui étaient pour lui trop grossiers. Il n’était que chaleur, et alentour entités spirituelles.
Or, tandis que les êtres qui l’entouraient continuaient d’évoluer, Saturne passa par plusieurs métamorphoses. L’une d’elles est facile à décrire : au milieu de son évolution, il commence effectivement à projeter des lueurs. De sorte que, quand on le suit du regard, il se révèle au début corps de chaleur obscur, commence à briller, et vers la fin peut faire rayonner dans l’univers une faible lumière. L’atmosphère spirituelle qui l’entoure, et qui contient différentes entités, contient entre autres aussi une sorte d’entités qui nous concernent particulièrement. Elles passent, vers le milieu de la période saturnienne, par la phase d’évolution à laquelle l’homme en est actuellement sur la Terre ; ce sont les esprits de la personnalité. À peu près au milieu de l’ancien Saturne, ceux-ci sont parvenus au stade de l’humain. Vous ne ferez naturellement pas l’erreur de demander : Oui, ont-ils donc eu des corps semblables à ceux des hommes actuels ? Se représenter que ces « hommes » avaient des corps de chair humaine serait une grave erreur. On peut vivre le stade humain sous les formes les plus diverses. Et ces esprits de la personnalité passent sur Saturne par le stade humain en utilisant tout d’abord comme corps physique ce qui existe sur Saturne, c’est-à-dire la chaleur, en guise de corps éthérique - car ils n’en possèdent pas non plus - l’éthérique présent dans l’atmosphère, et enfin aussi la substance astrale présente, qu’ils ne possèdent pas non plus eux-mêmes. Ils n’ont vraiment, pour l’essentiel, que le support du Je, un Je, et ce Je qui se trouve au stade humain est vivant comme actuellement l’est le Je humain sur la Terre, il passe à cette époque par les différentes phases de l’humanité sur Saturne sous une autre forme, et d’une manière différente. Nous avons donc environ au milieu de l’évolution saturnienne les esprits de la personnalité, les Principautés, au niveau de l'« humanité ». Lorsqu’on compte ainsi, ce que je viens d’énumérer est le degré du milieu de l’évolution saturnienne. Il est précédé de trois autres, et suivi de trois autres. C’est ce qu’on appelle les cycles ou les périodes de Saturne. En vous représentant l’ensemble de Saturne, vous pouvez l’imaginer ainsi :
Au centre (X) se trouvent les esprits de la personnalité. Au cours de chacune des sept périodes, des trois premières et des trois dernières - car tout comme celle de notre Terre, l’évolution de Saturne se divise en sept périodes -, des entités déterminées deviennent « hommes », un groupe à chaque niveau, et en outre toujours quand pour elles le moment est venu où elles peuvent utiliser ce qui se trouve sur Saturne afin de faire des expériences « humaines ». Nous avons donc sur Saturne sept sortes de créatures qui y ont atteint le degré humain, qui ont accédé jusqu’au niveau humain, et qui donc, par la suite, n’auront plus besoin de le faire. Sur Saturne, l’être humain n’est pas encore « homme ». Les entités qui le sont devenues sur Saturne, et dont les représentants sont les Esprits de la Personnalité, ces êtres continuent leur ascension et sont maintenant bien au-dessus du stade humain, qui est pour ainsi dire en eux une étape appartenant au passé.
Après un certain temps, toute l’évolution saturnienne passa dans une sphère spirituelle, dans un état qui ne serait pas perceptible extérieurement pour des sens comme les nôtres, puis apparut la deuxième incarnation de notre planète Terre, le Soleil. Celle-ci se distingue par le fait que, relativement tôt au cours de son évolution, l’astre est assez avancé pour émettre de la lumière. C’est qu’il n’est plus seulement fait de chaleur ; la substance calorique s’est déjà condensée en une matière gazeuse, faite d’air, sans aucun liquide ni rien de solide, mais consistant en une masse d’air et de gaz, et de ce fait en un corps pouvant briller. Vu par des yeux comme les nôtres, c’est déjà une planète brillant dans l’espace. Maintenant qu’elle s’est développée jusque-là, il devient possible qu’au premier germe du corps physique humain soit incorporé un corps éthérique. L’homme se composait donc d’un corps physique et d’un corps éthérique, tandis que sur Saturne il n’avait que le premier germe du corps physique, et n’était pas encore assez avancé pour avoir un corps astral qui lui soit propre. Les formes de l’être humain avaient donc un tout autre aspect qu’aujourd’hui, et s’apparentaient à celles du végétal. L’homme possédait le corps physique et le corps éthérique, comme la plante, mais sous une tout autre apparence que celle de la plante actuelle.
Cette progression dans l’évolution est liée à l’entrée en scène d’une deuxième catégorie d’entités qui apparaissent sur le Soleil. Sur Saturne, il n’y avait que des êtres humains, aucune autre entité, seulement des germes d’êtres humains agglomérés comme les petits grains d’une mûre. Mais quelques-uns de ces germes se sont attardés à l’étape saturnienne, et n’ont pas atteint l’étape à laquelle ils auraient dû parvenir. Ces entités retardées qui viennent de Saturne ne peuvent donc pas acquérir de corps éthérique sur le Soleil et sont réduites à la possession d’un corps physique. Elles n’en sont donc qu’au stade où en étaient les humains sur Saturne. Ces entités, qui sur le Soleil n’ont que le corps physique, sont les premiers germes de notre règne animal. De sorte que sur le Soleil nous avons les précurseurs des êtres humains, qui ont un corps physique et un corps éthérique, et les précurseurs des animaux, qui n’ont qu’un corps physique.
De nouveau, vers le milieu de l’existence solaire, certaines entités passent par le stade humain. L’homme actuel ne pouvait pas y atteindre encore. Les entités spirituelles venant de l’entourage du Soleil, et qui maintenant passent par le stade humain, nous les appelons esprits du feu, archanges. Aujourd’hui, ils sont en avance de deux degrés sur l’homme. Ils portent en eux l'« humanitude » et connaissent sous une autre forme les expériences que l’homme actuel vit sur la Terre. Le Soleil, lui aussi, passe par sept périodes, sept phases d évolution. À chacune d’elles, certaines entités atteignent le stade humain, si bien que, pendant l’existence solaire, nous avons à nouveau sept phases d’évolution. Lorsqu’elles évoquent le passé de leur existence cosmique, elles peuvent en dire : Bien que sous moi il n’y ait eu ni sol terrestre ferme ni sphère terrestre liquide, j’ai pu vivre autrefois ce que l’homme vit maintenant. Je peux donc participer aux sentiments et aux expériences que vit aujourd’hui l’homme sur la Terre. - Voilà ce que ces êtres peuvent dire aujourd’hui. Ils ont cette compréhension parce qu’ils ont fait eux-mêmes cette expérience jadis.
Alors commence à nouveau une sorte d’état intermédiaire pendant lequel le globe lumineux s’éteint peu à peu pour l’observation extérieure - si tant est qu'elle eût pu se faire - et disparaît aussi pour certains observateurs clairvoyants, n’étant perceptible qu’aux degrés les plus élevés de la clairvoyance. Puis il réapparaît dans une nouvelle forme d’existence, un troisième état que nous appelons l’ancienne Lune. C’est la troisième incarnation de notre planète, l’ancienne Lune. La substance en est suffisamment évoluée pour que ce qui était gaz sur l’ancien Soleil se condense jusqu’à l’état liquide. Grâce à la condensation de cet élément liquide, un corps astral peut être ajouté à l’être humain qui réapparaît graduellement, comme la plante sort de la graine, si bien que maintenant l’homme est fait de trois éléments, le physique, l’éthérique et l’astral. Il n’est pas encore vraiment « homme », car dans ces trois corps aucun Je n’a encore pénétré.
À toutes les étapes, certaines entités restent toujours en arrière. Celles qui l’ont fait sur le Soleil n’ont pas pu atteindre le niveau de la Lune et ne passent alors que par le niveau solaire, n’ont pour cette raison aucune possibilité d’y recevoir un corps astral, et ne se composent sur la Lune que d’un corps physique et d’un corps éthérique. Ce sont notamment les êtres qui étaient déjà restés en arrière sur le Soleil, mais qui, entre temps, s’étaient développés suffisamment pour pouvoir être munis d’un corps éthérique.
Ce sont à nouveau les ancêtres d’animaux actuels. Quant à ceux qui n’étaient pas encore assez avancés sur la Lune pour y recevoir un corps éthérique, ce sont les ancêtres d’êtres encore inférieurs, de l’actuel règne végétal. Nous avons donc sur cette ancienne Lune trois règnes : celui des humains, dotés de trois corps : le physique, l’éthérique et l’astral ; le règne animal, constitué de physique et d’éthérique, et le règne végétal, constitué seulement d’un corps physique.
Certaines entités atteignent à leur tour le niveau « humain » vers le milieu de l’existence lunaire. Ce sont celles que nous appelons d’ordinaire esprits du demi-jour ou anges. Elles aussi gardent le souvenir du stade d’humanité. La Lune évolue également au cours de sept phases. À chacune de celles-ci, la possibilité s’offre à des entités de passer par le niveau humain. Il en est toujours ainsi que quelques entités avancent plus vite, et que d’autres restent en arrière. Nous avons donc aussi sur la Lune sept ordres d’entités qui ont passé par l'« humanité » lorsque s’achève l’évolution lunaire.
Il nous faut certes, pour bien comprendre ce qu’était cette ancienne Lune, mentionner un fait important de son évolution. Au début de celle-ci, ou tout au moins bientôt après son début, c’était un globe liquide. Si elle avait passé sous cette forme à travers ses sept phases, elle ne serait pas parvenue à fournir à l’homme la base juste pour son progrès ultérieur. Elle ne devint apte à être une étape préparatoire à l’humanité terrestre qu’en se scindant tout d’abord en deux corps célestes. L’un fut le précurseur du Soleil actuel, l’autre, celui qui s’en séparait, le précurseur de notre Terre actuelle, mais il faut vous représenter qu’à cette Terre, la Lune actuelle était mêlée, et qu’ainsi la Terre et la Lune d’aujourd’hui ne faisaient qu’un. Vous vous représentez donc ces deux corps, la Terre plus la Lune d’une part et le Soleil d’autre part, séparés maintenant, l’ancienne Lune étant un corps aqueux, et l’ancien Soleil en voie de devenir étoile fixe. À cette scission est lié quelque chose de très important. C’est avant tout le Soleil qui a effectué la scission en emportant les parties les plus subtiles, les plus éthériques de la matière, tandis que restaient dans le globe lunaire - c’est-à-dire dans ce qui devait former la Terre et la Lune actuelles - les substances les plus grossières. C’est pourquoi le Soleil est composé de substances infiniment subtiles, tandis que la Lune, à ce moment, devient un corps bien plus dense, une masse liquide. Le Soleil ayant emporté avec lui les forces les plus subtiles, les plus spirituelles, il a pu devenir aussi le champ d’évolution d’entités beaucoup plus avancées. De fait, un grand nombre de ces êtres très élevés qui avaient encore pu supporter l’existence sur Saturne auraient été entravés dans leur développement s’ils étaient restés plus longtemps enchaînés à la Lune. Ils avaient besoin, pour évoluer, d’un champ d’action fait de substances très subtiles, qu’ils entraînèrent avec eux, et purent ainsi continuer à évoluer sur le Soleil. Par contre, les germes humains composés d’un corps physique, d’un corps éthérique et d’un corps astral, ainsi que les ébauches des règnes animal et végétal, sont restés attachés à la Lune, qui a subi une condensation due au départ de la matière la plus subtile.
Cette ancienne Lune a dès lors un aspect bien étrange. Bien qu’elle tourne déjà autour de son Soleil, vous n’y trouveriez encore rien de semblable à des rochers, à de la terre meuble, à des minéraux. La masse principale de cette Lune, sur laquelle sautillaient en quelque sorte ces êtres, était une sorte de bouillie, quelque chose comme de la salade cuite ou des épinards cuits. Comme la masse principale de notre Terre est la terre labourable, celle de la Lune était ce genre de bouillie. D’autres masses s’y inséraient qui ressemblaient à du bois ou à de l’écorce d’arbre. Quand de nos jours vous gravissez une montagne, vous marchez sur le roc. En ce temps-là, vous auriez marché sur un terrain qui, quand il était solide, était comme une matière ligneuse, comme un plateau de bois. Au lieu de granit, vous auriez trouvé des tronçons comparables à du bois, ceci dit naturellement par comparaison. Telle était cette masse fondamentale sur laquelle poussaient constamment des formes bourgeonnantes. C’était donc le règne inférieur, l’actuel règne minéral, qui se trouvait à cette époque à mi-chemin entre le règne minéral et le règne végétal actuels, et qui vivait d’une certaine façon, engendrant constamment des excroissances. Ce n’était pas comme aujourd’hui où, quand on veut enlever de la terre meuble, il faut se servir de moyens extérieurs. Tandis que cette masse de l’ancienne Lune mourait - mais pas à la façon d’une plante isolée - et se reformait. Elle était constamment parcourue de vie et de mouvement. La masse foncière de l’ancienne Lune dépérissait sans cesse et bourgeonnait constamment. De ce sol fondamental sortit un autre règne. Car en effet, en raison de la séparation de la lune quittant le soleil, les règnes primitifs s’étaient modifiés. Sur l’ancien Soleil, ils correspondaient à peu près aux nôtres. Mais du fait du départ de la lune, le règne végétal avait rétrogradé d’un demi-degré, ainsi que les autres règnes, si bien que le plus proche était une sorte de règne mi-animal, mi-végétal. Certes, il sortait du sol, des animaux-plantes en sortaient, ayant des formes végétales, mais quand on les touchait, ils éprouvaient des sensations, ils gémissaient par exemple. Ils étaient en fait mi-bêtes et mi-plantes, plantes en ce sens qu’ils poussaient dans le sol, y étaient pour une grande part fermement enracinés, et animaux dans la mesure où ils étaient capables de ressentir. Et le règne qui était notre précurseur était composé d’hommes-animaux, d’êtres intermédiaires entre l’homme et l’animal actuels, supérieurs à nos singes, mais pas encore aussi évolués que l’être humain. Telle était à peu près la forme des ancêtres de l’homme sur l’ancienne Lune.
Les légendes et les mythes, précisément, ont merveilleusement retenu ces choses. Pensez seulement à une légende germanique qui a conservé le secret qui reste dissimulé derrière tout cela. Il y a toujours des êtres qui restent en arrière. Ceux-là aussi qui se trouvaient à mi-chemin entre les plantes et les animaux actuels, qui ne pouvaient s’enraciner que dans un sol végétal comme l’était celui de l’ancienne Lune, ceux-là sont restés en arrière et ne peuvent, sur notre Terre actuelle, pousser sur un sol minéral. Nos plantes actuelles le peuvent, mais non pas celles qui étaient entre la plante et l’animal et avaient besoin d’un sol vivant. Le gui est une plante de cette espèce. Il lui faut vivre en parasite dans notre monde végétal actuel parce que c’est un être retardataire. Il a perdu sa sensibilité, bien que l’astralité qui l’enveloppe soit tout autre que chez les autres plantes. Et c’est ce que sentait la légende germanique : le gui n’appartient pas réellement à notre nature terrestre, il lui est étranger. Elle célèbre en Balder le dieu du soleil sur la terre, de la force terrestre. Nul être terrestre ne peut donc s’approcher de lui dans une attitude hostile par exemple. C’est pourquoi aussi le dieu dont la légende avait conscience qu’il était un de ces retardataires, Loki, ne peut tuer Balder avec l’aide d’aucune créature terrestre. Il est obligé de le faire tuer en utilisant un rameau de gui, plante étrangère parmi les créatures terrestres et qui peut, pour cette raison, servir Loki, lequel est aussi un étranger parmi les divinités terrestres. Une profonde sagesse se cache derrière de telles légendes. Dans celle-ci, la légende de Balder et de Loki, nous sentons partout cette antique sagesse, ainsi que dans les usages qui se rattachent au gui. Si vous les étudiiez, vous trouveriez que ce qu’on dit de cette plante provient d’une très ancienne sagesse.
Le temps est alors venu - pendant la seconde moitié de l’évolution lunaire - où les êtres évoluant sur le Soleil, comme aussi ceux qui évoluaient sur la Lune, sont parvenus au niveau qu’ils devaient atteindre pendant l’ancienne Lune. Ils purent alors à nouveau se réunir. Le Soleil et la Lune, formant à nouveau un seul corps, purent poursuivre pendant un temps leur évolution.
Puis ce stade de l’évolution rentra dans l’ombre à nouveau et passa par cet état de pure spiritualité que certains ont l’habitude de nommer pralaya, alors se leva l’aube de notre évolution terrestre. Au début, le corps céleste qui sort de l’ombre ne contient pas uniquement notre actuelle substance terrestre, mais aussi ce que vous obtiendriez en rassemblant la substance du soleil actuel, celle de la Terre actuelle et celle de la lune actuelle, et en les mélangeant dans un récipient gigantesque. C’est à peu près ainsi que vous pouvez vous représenter l’état de notre Terre au début de l’évolution terrestre. Cet état est tout d’abord une sorte de répétition de l’état saturnien, puis des états solaire et lunaire. Ce qui est ici avant tout important pour nous, c’est que l’être humain n’arrive à être vraiment « homme » au sens actuel du mot que vers le milieu de l’évolution terrestre. Il nous faut, dans le cours de celle-ci, distinguer sept phases. Nous nous trouvons dans la quatrième, que trois ont précédée, et que trois suivront. Le quatrième cycle principal fut celui durant lequel notre espèce humaine devait parvenir à son « humanité ». De même que durant tous ces cycles sur Saturne, sur le Soleil et sur la Lune certaines entités ont atteint le niveau humain - sur Saturne les asoura ou Principautés, sur le Soleil les archanges, sur la Lune les anges -, toujours des entités ont pris du retard. Sur la Lune, certaines n’ont pas pu atteindre le stade humain, c’étaient en quelque sorte des Anges retardés, qui purent maintenant y parvenir au cours des trois premières phases du cycle terrestre. À la quatrième, c’est l’homme qui y parvint. Avant l’homme, trois autres sortes d’entités ont donc passé par ce stade sur la Terre. Et la quatrième, c’est l’homme lui-même. Au moment de l’évolution cosmique où l’homme se prépare justement à acquérir son « humanité », vous avez donc toutes les entités qui ont pu, avant l’homme, passer par ce stade sur les anciens Saturne, Soleil, Lune et Terre, et sont donc des êtres ayant atteint des niveaux plus ou moins supérieurs à celui de l’homme. Et tous peuvent se souvenir du temps où ils passaient eux-mêmes par cette étape. Ils purent abaisser leur regard sur l’homme en devenir et se dire : Celui-là devient actuellement ce que nous avons été jadis ; nous pouvons le comprendre, bien que pour nous les conditions aient été différentes. - C’est pourquoi ils ont pu, des hauteurs universelles, diriger et régler son évolution.
Calculons combien de ces entités peuvent ainsi se souvenir du stade humain et comprendre l’homme en devenir : sept de l’évolution saturnienne plus sept sur le Soleil, plus sept sur la Lune, plus trois sur la Terre, soit en tout donc vingt-quatre. Vingt-quatre « hommes » regardent d’en haut l’homme actuel. Ce sont eux que, pour de bonnes raisons, nous avons appelé les Régulateurs de l’évolution, les Régulateurs du temps. Car le temps et l’évolution sont liés. Ce sont les vingt-quatre « Vieillards » que nous rencontrons dans l’Apocalypse, les mêmes qui nous sont décrits quand nous abordons le secret des sept Sceaux. Ils nous sont présentés comme étant véritablement ceux qui règlent l’orientation des destinées, l’Alpha et l’Oméga. Nous avons donc retrouvé ici les vingt-quatre Vieillards, et vous voyez comment l’auteur de l’Apocalypse, de cet important document, a merveilleusement inséré dans ses images ce que nous pouvons nous-mêmes puiser dans l’étude de l’évolution spirituelle de l’univers.
À chaque degré cependant, certaines entités étaient restées en arrière, si bien que les êtres saturniens attardés apparurent sur l’ancien Soleil comme les premiers germes de l’actuel règne animal, et les êtres solaires attardés sur l’ancienne Lune comme les premiers germes de l’actuel règne végétal. C’est seulement avec la Terre qu’un stade d’évolution apparaît formant le règne minéral. Nous avons souligné que sur la Lune il n’y avait pas encore de règne minéral, et qu’on n’aurait pas pu y marcher sur du roc. C’est au moment où les hommes actuels commençaient à entrer dans leur stade humain qu’ont émergé du corps céleste - qui n’était encore fait que d’une substance à mi-chemin entre celle de la Lune et celle de la Terre actuelle - les masses minérales, les premiers cristaux. C’est à ce moment qu’apparut le règne minéral. Et de cette apparition, vous trouvez dans l’Apocalypse une description saisissante, là où il est dit : « Tout se cristallisait en une mer de verre, de cristal. » Cette « mer de cristal » nous indique qu’apparaît, que jaillit sous sa toute première forme le règne minéral. Ce secret de l’évolution cosmique, nous le voyons aussi inscrit dans l’Apocalypse. Et nous avons ainsi appris aussi à comprendre que l’auteur, dans ses tableaux grandioses, ne veut nous décrire rien d’autre que ce que nous pouvons, en puisant à la vie spirituelle, discerner nous-mêmes dans l’évolution de la Terre. Mais ainsi, l’auteur de l’Apocalypse nous a, dès le début de son livre, entraînés jusqu’à des hauteurs d’où l’être humain peut contempler en images les étapes futures de cette évolution.
Nous avons maintenant une bonne base à laquelle nous pouvons rattacher ce que nous avons appris au sujet des premières époques à venir. Nous avons maintenant, par cette digression, jeté un regard sur le passé jusqu’au point où l’homme est prêt à devenir vraiment « homme », et où le règne minéral apparaît. Nous verrons ensuite comment l’évolution s’est poursuivie jusqu’à nos jours et doit se poursuivre dans l’avenir. Nous aurons ainsi accès au mystère des sept Sceaux et de leur ouverture, jusqu’à l’époque où seront répandues les sept Coupes de colère.
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• Sixième conférence, 23 juin 1908 :
L’homme aux époques lémurienne et atlantéenne.
Le Mystère du Golgotha.
Dans les milieux scientifiques matérialistes, il est généralement d’usage, à l’exception de quelques cercles qui, ces derniers temps, ont fait le choix d’une autre explication, de présenter l’origine de notre actuel système solaire en le décrivant formé à partir d’une sorte de nébuleuse primitive englobant l’espace jusqu’au-delà de l’orbite de Neptune, donc de la planète la plus éloignée de ce système. De cette nébuleuse, suppose-t-on, sont issus peu à peu par un processus de condensation notre Soleil et les planètes qui tournent autour de lui. Comme il vient d’être dit, un petit nombre de commentateurs ont aujourd’hui une conception un peu différente, mais qui ne nous apporte encore rien d’essentiel, à nous qui nous fondons sur une conception spirituelle de l’univers. Ainsi se seraient formés notre Soleil et les planètes qui tournent autour de lui. On s’est toujours servi, et on se sert encore aujourd’hui dans les écoles, pour donner cette explication, d’une jolie comparaison qui doit rendre concrète la formation de tout un système planétaire par rotation. On prend une substance huileuse qui nage dans l’eau, et on lui donne une forme sphérique. Puis on la partage en deux moitiés par l’insertion en son milieu, qui figure la ligne de l’équateur, d’une petite feuille que l’on perce d’une longue épingle, et on la met dans l’eau, où elle flotte. On voit ensuite, quand on fait tourner cette petite sphère, comment tout d’abord une goutte s’en détache et tourne autour de la sphère comme le ferait un corps extérieur, puis comment une deuxième et une troisième goutte se détachent et enfin une boule plus grosse reste au milieu, autour de laquelle beaucoup de petites tournent. Un système planétaire en petit ! - dit-on. Pourquoi, pense-t-on, notre système solaire ne serait-il pas né par suite de la rotation d’une nébuleuse originelle, puisqu’on peut maintenant reproduire le processus avec un tel système solaire en miniature ?
Ordinairement, cette comparaison paraît aux gens tout à fait lumineuse, et ils comprennent alors comment, dans le passé, les planètes Saturne, Jupiter, Mars, Terre, Vénus, Mercure se sont formées à partir de la nébuleuse originelle. Mais toute l’affaire, et pas seulement la comparaison, la conception entière, dans son ensemble, est née de la pensée à courte vue de notre époque. Car les hommes concernés, souvent très érudits, qui exposent de façon si lumineuse cette comparaison, oublient ce faisant une seule chose : à savoir qu’ils sont eux-mêmes actifs et font tourner l’épingle ! L’oubli de soi est, dans certains domaines de la vie, une très bonne chose, mais dans ce cas, en même temps que l’expérimentateur, on oublie la chose essentielle, sans laquelle la goutte d’huile ne tournerait jamais. Il faudrait au moins que le savant qui professe cette superstition - on appelle système de Kant-Laplace cette superstition - ait un peu de suite dans les idées. Il lui faudrait au moins admettre qu’autrefois un être quelconque a placé une chaise gigantesque dans l’espace universel et a mis en mouvement un axe gigantesque. Voilà ce qu’au moins il faudrait admettre. Mais la pensée humaine s’est peu à peu si bien habituée à ne voir que le côté matériel des choses, que l’on ne voit plus la contradiction incluse dans une telle comparaison.
De fait, il y a dans ce qu’on appelle le système du monde de Kant-Laplace une part de vérité, même si cette vérité est autre que ce que propose l’explication matérialiste. Il y a ceci de vrai qu’au regard clairvoyant, tout ce que contient notre système solaire actuel apparaît effectivement issu d’une masse nébuleuse originelle. Seulement, l’investigateur du cours de l’histoire spirituelle s’aperçoit que la part de vérité contenue dans l’hypothèse de Kant-Laplace a pour origine des traditions occultes. Cela, on l’a oublié lorsque le mot « occultisme » est devenu quelque chose qu’on redoute comme les enfants le croque-mitaine. Ce qui s’est véritablement passé quand s’est formé notre système solaire, cela n’a pas pu se faire sans l’influence d’entités, de puissances spirituelles. La matière ne fait rien sans l’activité d’êtres spirituels.
Cela nous mènerait trop loin aujourd’hui si, en nous rattachant à l’étude d’hier, nous entreprenions l’explication complète du système solaire. Nous allons laisser de côté les planètes comme Saturne, Jupiter, etc., et nous n’envisagerons que ce qui est important pour la vie de l’homme et son évolution.
Effectivement, il a existé un jour une nébuleuse originelle, une nébuleuse cosmique, qui contenait comme en dissolution toutes les parties de notre système solaire. Mais on trouve, liées à cette nébuleuse, faisant partie de celle-ci, les entités que nous avons appris à connaître au cours de nos considérations d’hier. Par exemple, à cette nébuleuse universelle, à cette nébuleuse cosmique, étaient liés tous les êtres qui, en vingt-quatre étapes, avaient passé par le stade humain. D’autres êtres encore lui étaient liés. Ils résidaient tous dans cette nébuleuse originelle qui, si on ne se la représente pas en rapport avec eux, n’est que pure abstraction. La manière dont le chimiste matérialiste se la représente à peu près est une impossibilité. Elle n’existe que sous forme de pensées détachées de toute réalité. En réalité, cette nébuleuse originelle était habitée par une série d’êtres spirituels. Car lorsqu’elle redevint visible, toutes les entités lui étaient liées qui avaient autrefois séjourné sur l’ancien Saturne, et qui ensuite avaient évolué à travers l’ancien Soleil et l’ancienne Lune jusqu’à la Terre, où après une longue pause la nébuleuse originelle terrestre surgit pour ainsi dire. À celle-ci étaient également liés les êtres que nous avons appris à connaître sur le Soleil. Et ce sont ces êtres, le chœur tout entier qui peuplait cette nébuleuse, qui en provoquaient les mouvements. Car les entités elles-mêmes se créent leur champ d’action.
Il y en avait par exemple qui avaient besoin d’un tout autre séjour que les humains pour pouvoir parcourir l’évolution qui correspondait à leur nature. Sur l’ancienne Lune, les ancêtres des hommes actuels n’avaient qu’un corps physique, un corps éthérique et un corps astral. C’est avec ces trois éléments de leur nature qu’ils ont réapparu au début de l’évolution terrestre, après ce qu’on appelle le pralaya, comme une plante sort de la graine. Tel qu’était tout ce système au début, il ne convenait pas aux êtres qui portaient en eux le germe de l’humanité actuelle. Si la rapidité d’évolution qui était celle de notre système solaire à son début s’était maintenue, alors que tout se dégageait de la pénombre cosmique, l’homme n’aurait pas pu accomplir son évolution. Elle se serait déroulée comme si, étant nés maintenant, vous deveniez rapidement des vieillards. Si cette rapidité qui était propre à l’ancien Soleil s’était maintenue, vous vieilliriez tous rapidement. Vous n’accompliriez pas ce lent périple à travers les décennies que vous parcourez maintenant en réalité. Vous auriez des cheveux blancs au bout de peu de temps. À peine enfants, vous deviendriez déjà des vieillards.
Cela ne devait pas être. Il y avait donc des entités qui avaient besoin d’un rythme rapide. Elles ne parcoururent avec l’homme qu’une partie de l’évolution, puis séparèrent de la Terre le corps céleste que nous voyons maintenant dans le ciel, et en firent leur résidence. Elles emportèrent avec elles la substance solaire. Car ce Soleil qui nous envoie sa lumière est tout aussi peuplé que notre Terre d’êtres spirituels. Chaque rayon de soleil qui descend vers nous nous apporte les actes d’êtres spirituels qui, au cours des phases de Saturne, de l’ancien Soleil et de l’ancienne Lune, ont atteint un niveau qui leur permet de suivre une évolution aussi rapide que celle qui se déroule sur le Soleil aujourd’hui. Des entités supérieures sublimes sont donc liées à l’existence du Soleil au début de l’évolution de notre Terre, puis s’en séparent. Ce qui y est alors resté, il faut vous le représenter comme si vous aviez mélangé ensemble la Lune et la Terre actuelles, et que cet amalgame ait tourné autour du Soleil pendant un certain temps.
Nous avons donc, avant d’en arriver au point que nous avons désigné hier comme étant l’accession à l’humanité, la séparation du Soleil et de la Terre, c’est-à-dire de la Terre et de la Lune actuelles ensemble. Sur le Soleil continuèrent de résider les entités qui dirigent spirituellement les événements terrestres. Lorsqu’elles sont venues de l’ancienne Lune, elles étaient au nombre de sept. La Genèse les appelle Elohim, les Esprits de lumière. Ils ont participé quelque temps à l’évolution de la Terre, puis en ont séparé le Soleil, et c’est du Soleil qu’ils peuvent maintenant agir sur la Terre. Six d’entre eux étaient d’une nature telle qu’ils unirent leur existence à celle du Soleil. L’un d’entre eux se sépara des autres ; c’est celui que l’Ancien Testament appelle Yahweh. Il resta tout d’abord lié à la Terre, dirigeant l’évolution terrestre de l’intérieur, tandis que les autres exerçaient leur influence de l’extérieur. Il en fut ainsi pendant un certain temps.
Mais déjà après ce qui a été indiqué hier concernant l’ancienne Lune, vous trouverez compréhensible qu’au départ du Soleil fût liée une densification de tout ce qui restait : la Terre plus la Lune. Une période de l’évolution terrestre eut lieu pendant laquelle tous les êtres, et pas seulement la substance, passèrent par cette densification. Les êtres qui devinrent plus tard des humains, et qui étaient encore malléables et délicats, sont devenus tellement grossiers, tellement rudes, qu’ils ont développé d’horribles instincts. La vie tout entière prit des formes plus grossières.
Mais l’évolution ne pouvait pas en rester là pour que naquît l’homme, proprement dit. Tout serait devenu plus grossier, de plus en plus dense, et les humains se seraient durcis, devenant des momies. Momifiés, ils auraient bientôt habité une planète sur laquelle se seraient rassemblés des êtres sans beauté, des sortes de momies à forme humaine, des statues. La Terre elle-même se serait momifiée. Il fallait qu’un événement intervienne. Grâce précisément à l’Esprit cosmique qui régnait, Yahweh, de la masse Terre-Lune fut extraite cette Lune, cette scorie cendreuse que vous voyez au ciel. Non seulement les substances les plus grossières furent ainsi éliminées, mais aussi les êtres les moins affinés. Ainsi, grâce au départ du Soleil, il avait été évité que l’homme évolue trop rapidement, et le départ de la Lune eut pour résultat d’éviter qu’il ne soit voué au dessèchement, à la densification, à la momification.
La Terre est donc restée isolée de la masse, et l’évolution de l’homme s’y est poursuivie sous l’influence non pas des deux corps célestes, mais de leurs entités spirituelles : les six Esprits solaires, et l’Esprit de la Lune, qui s’en était séparé pour le bien de l’humanité. Et l’évolution fut dirigée de façon telle que ces deux forces engendrèrent un équilibre. Grâce à l’éloignement des forces solaires d’un côté, des forces lunaires de l’autre, le développement de l’humanité a pris une allure normale.
Imaginez un peu - pour voir les choses sous un autre aspect - que seul le Soleil exerce son action sur l’homme. Vous savez que celui-ci évolue sur la Terre à travers de très nombreuses incarnations. Les hommes ont commencé par une première incarnation, ont reçu ensuite constamment de nouveaux corps, et passeront finalement par la dernière. L’homme passe par une série d’incarnations. Ainsi progresse-t-il lentement en s’élevant d’incarnation en incarnation. Les humains prirent place tout d’abord sur la surface de la Terre en véritables bébés spirituels. Depuis que le Soleil et la Lune se sont séparés de notre Terre, ils se sont élevés jusqu’à leur niveau actuel. Toutes ces âmes reviendront habiter d’autres corps jusqu’à la fin de l’évolution terrestre. Or pensez que si seul le Soleil avait agi sur l’homme, les humains auraient dû passer en une seule fois par toutes les expériences que leur apporte un grand nombre d’incarnations. Qu’un rythme juste se soit établi, cela est dû à l’équilibre dans lequel se maintiennent réciproquement les forces du Soleil et celles de la Lune venant de l’extérieur.
Au moment ou l’un et l’autre s’éloignent, l’être humain commence à se former peu à peu. La première ébauche de l’homme actuel est alors créée. C’est en un temps où il ne se déplaçait nullement sur la Terre comme il le fait aujourd’hui. Il ne faudrait vraiment pas croire qu’après la séparation de la Lune l’homme cheminait sur Terre dans une forme de chair comme aujourd’hui. Tout d’abord, toutes les formes déjà présentes autrefois réapparaissent comme pour une récapitulation. Et quand la Terre fut libérée du Soleil et de la Lune, elle avait à peu près l’aspect de l’ancienne Lune, elle était même moins consistante encore. Et si un œil constitué comme le nôtre avait regardé la Terre, il n’aurait pas pu y voir l’homme. Par contre, certains êtres y étaient qui n’étaient pas assez mûrs pour attendre encore. Ils ont dû prendre forme corporelle alors que leur développement était encore imparfait, de sorte que, quelque temps après la séparation de la Terre et de la Lune, certaines formes animales inférieures, ayant atteint la densité physique, étaient déjà visibles. L’être humain n’était pas encore descendu ainsi, ni même les mammifères supérieurs. L’homme était encore un être d’esprit, planant encore autour de la Terre ; il a puisé là la matière la plus subtile. Il s’est densifié progressivement jusqu’à pouvoir descendre là où le sol terrestre s’était déjà affermi, formant quelques îlots solides.
Nous voyons donc que les premiers hommes sont apparus relativement tard, et qu’ils étaient alors tout autrement constitués que l’homme d’aujourd’hui. Je ne puis vous décrire les formes de ceux qui, pour ainsi dire, se sont cristallisés ainsi à partir de l’élément spirituel. Bien que vous ayez déjà dû vous entendre dire beaucoup de choses difficiles à admettre, vous seriez vraiment trop choqués si je vous décrivais les formes d’aspect grotesque des corps dans lesquels vos âmes étaient incarnées. Vous ne pourriez pas supporter une pareille description. Pourtant, à l’avenir, lorsque ces faits qui, grâce à notre courant spirituel anthroposophique, commencent seulement à parvenir à la conscience des hommes, conquerront de plus en plus cette conscience, il faudra faire connaître ces choses, qui auront pour la vie entière des hommes un immense succès, une signification considérable. Car c’est seulement en apprenant comment son corps s’est développé, comment ses organes actuels se sont formés à partir de tout autres formes, que l’homme sentira l’étrange parenté entre des organes du corps humain qui se trouvent aujourd’hui apparemment bien éloignés les uns des autres. Il saisira alors la relation entre certains organes, comme par exemple l’appendice et la trachée qui, à l’origine, ne faisaient qu’un chez ces êtres étranges. Tout ce qu’est l’homme aujourd’hui, c’est son être d’autrefois déployé, différencié de mille manières. Des organes aujourd’hui séparés étaient autrefois confondus, mais ils ont conservé des affinités qui se révèlent lors de certaines maladies : il apparaît alors que le mal qui atteint un organe doit nécessairement en atteindre un autre. Les futurs étudiants en médecine auront à faire bien des découvertes que la médecine actuelle - qui est surtout un ensemble de nomenclatures - n’imagine même pas. Alors seulement, cette médecine comprendra vraiment ce qu’est la nature humaine. Tout cela seulement pour vous montrer à quel point la forme humaine était autrefois toute différente.
C’est peu à peu seulement que se sont ajoutées à la forme humaine les parties solides. À l’origine, même lorsqu’il était déjà descendu sur Terre, le corps humain n’avait pas encore d’os. Les os se développèrent à partir de sortes de filaments cartilagineux qui parcouraient le corps humain comme des cordons, provenant de substances encore moins consistantes, liquides à l’origine, plus anciennement encore devenues aériennes après avoir été de nature astrale, puis éthérique, c’est-à-dire faites d’une substantialité spirituelle densifiée. En fin de compte, tout ce qui est matière est issu de l’esprit. Tout est préformé dans l’esprit. C’est à la période que nous avons appelée atlantéenne seulement que l’être humain en est arrivé peu à peu à former son système osseux, qui n’existait auparavant que sous forme de tendance.
Pour mieux comprendre l’auteur de l’Apocalypse, il nous faut maintenant considérer de plus près cet homme de la Lémurie. Il suffit d’indiquer que, dans les premiers temps qui suivirent le départ de la Lune et la descente de l’être humain vers la Terre, sa volonté était de tout autre nature qu’elle ne le fut par la suite. À cette époque, la force de volonté humaine agissait par magie. Il pouvait, grâce à elle, agir sur la croissance des plantes ; lorsqu’il tendait sa volonté, il pouvait faire grandir rapidement une fleur, faculté qui ne peut être obtenue aujourd’hui que par des pratiques anormales. C’est pourquoi, autrefois, l’environnement naturel de l’homme était entièrement soumis à sa volonté. Lorsqu’il était bon, elle apaisait les vagues de la mer, les tempêtes, les ouragans de feu bouleversant l’atmosphère, car la Terre était alors pour une grande part de nature volcanique. Sur tout cela, l’homme pouvait exercer une influence apaisante ou destructrice, selon que sa volonté était bienfaisante ou mauvaise. Des îles entières pouvaient s’effondrer sous l’action d’une volonté hostile. La volonté humaine était vraiment à l’unisson du milieu ambiant. Les continents alors habités par l’humanité furent détruits pour l’essentiel par la méchanceté des hommes, et seul un petit nombre de ceux-ci ont été sauvés, c’est-à-dire qu’ils ont continué à s’incarner à l’ère suivante - une fois de plus, il faut distinguer ici entre révolution des races et celle des âmes. Cette ère suivante, nous pouvons la décrire plus exactement parce que, pour tout ce qui la concerne, on trouve dans le langage usuel des mots qui peuvent traduire ce qui se révèle à la perception clairvoyante.
Après cette catastrophe, nous en venons à l’ère atlantéenne, époque où le genre humain se développe principalement sur un continent situé dans la partie du globe qui forme aujourd’hui le fond de l’océan Atlantique, entre l’Europe et l’Amérique. L’homme vit alors dans des conditions physiques, dans des conditions générales tout autres qu’aujourd’hui. Au début, il est ainsi fait qu’il perçoit tout autrement que l’homme actuel. Nous en avons déjà parlé dans la première conférence, et ultérieurement encore. Aujourd’hui, nous allons encore esquisser de façon un peu plus précise la nature très différente des perceptions humaines à ce moment.
L’homme était alors doté d’une sorte d’ancienne clairvoyance, parce que les éléments qui le constituaient étaient liés entre eux autrement qu’aujourd’hui. Son corps éthérique n’était pas encore aussi étroitement uni à son corps physique. La tête éthérique débordait de beaucoup la partie physique. C’est seulement vers le dernier tiers de l’ère atlantéenne que ce corps éthérique se réduisit et prit la forme de la tête physique actuelle. Du fait que cet ancien Atlante avait une tout autre forme que l’homme actuel, que sa structure interne était toute différente, toute sa vie consciente, toute la vie de son âme étaient aussi différentes. Et ici il nous faut encore, si nous voulons bien comprendre l’auteur de l’Apocalypse, aborder un chapitre très important, mais aussi très mystérieux.
Si vous vous étiez trouvés sur cette ancienne Atlantide, vous auriez vu qu’elle n’était pas entourée d’un air aussi pur que celui de la Terre actuelle ; elle baignait dans une atmosphère alourdie de brouillards et d’eau. Cette atmosphère est devenue plus claire, plus transparente, à mesure que l’Atlantide évoluait. Ces brouillards étaient au plus épais là où la civilisation atlantéenne s’est déployée à un haut niveau. C’est de ces brumes les plus denses qu’est issu ce qui devait constituer le fondement des civilisations ultérieures. L’Atlantide était entièrement imprégnée de ces brouillards. Une alternance entre la pluie et le beau temps comme elle existe aujourd’hui était inconnue. C’est pourquoi, sur cette ancienne Atlantide, ne pouvait pas se former ce que vous connaissez sous la forme de l’arc-en-ciel. Vous pourriez explorer toute l’Atlantide, vous ne l’y trouveriez guère. C’est seulement lorsque la condensation des eaux a produit le Déluge, lorsque l’inondation envahit toute la Terre, que le phénomène physique de l’arc-en-ciel a pu se produire. Et c’est là un des points où la science de l’esprit vous inspirera la plus grande vénération à l’égard des documents sacrés. Car quand il vous est raconté qu’après le Déluge, Noé, représentant de ceux qui sauvèrent le genre humain, vit le premier l’arc-en-ciel, il s’agit là vraiment d’un fait historique. Après le Déluge, l’humanité voit l’arc-en-ciel pour la première fois. Avant, il ne pouvait pas se former physiquement.
Et vous voyez ainsi combien profonds, combien vrais dans leur lettre même sont ces documents sacrés. Plus d’un aujourd’hui se sent troublé quand on dit que les textes sacrés sont vrais à la lettre. Certains citent une parole qui est vraie, mais que les paresseux citent en raison de leur paresse même : « La lettre tue, mais l’esprit vivifie ». Ils en déduisent qu’ils sont justifiés à ne plus s’occuper du tout des textes, à n’être en rien contraints de connaître ce qu’ils contiennent, parce que c’est « la lettre qui tue », disent-ils. Ils brillent alors de tout leur esprit qui se déploie en interprétations fantaisistes. Et en effet, dans leurs explications ces hommes peuvent être pleins d’esprit, mais ce n’est pas cela qui importe : c’est au contraire de voir vraiment dans ces textes ce qui s’y trouve. Or, cette phrase : « La lettre tue, mais l’esprit vivifie », a dans le langage mystique la même signification que la parole de Goethe :
« Et tant que tu n’as pas compris Ce : « Meurs et deviens ! »
Tu n’es qu’un hôte obscur Sur la Terre ténébreuse. »
Ceci ne signifie pas : si tu veux conduire quelqu’un vers la connaissance supérieure, il faut d’abord l’assommer - mais : l’homme doit s’élever à la spiritualité précisément grâce à la culture développée dans le monde physique. La lettre est aussi le corps de l’esprit, et il faut d’abord l’avoir et la comprendre, ensuite on peut dire qu’on en tirera l’esprit. La lettre, une fois comprise, doit mourir afin que l’esprit renaisse. Cette parole n’est pas une incitation à interpréter à notre gré ce qui se trouve dans les documents sacrés. C’est justement quand nous discernons la véritable signification de l’arc-en-ciel, par exemple, qu’en notre âme pénètre une profonde vénération envers ces textes. Et nous comprenons alors comment l’homme peut progresser vers un sentiment vrai, authentique, et une compréhension voulue des textes sacrés par une pensée approfondie grâce à la conception anthroposophique du monde.
Reportons-nous encore à l’ancienne Atlantide. Nous disions déjà qu’alors l’homme vivait dans un tout autre état de conscience, que sa mémoire était autre qu’aujourd’hui. Mais la différence est encore bien plus considérable. Quand nous remontons loin, non seulement jusqu’à la fin de l’Atlantide, mais jusqu’à ses débuts, nous constatons que la conscience humaine est très différente de la nôtre.
Évoquons encore une fois la situation actuelle. Pendant la journée, l’homme se sert de ses sens. Le soir, il s’endort ; son corps astral et son Je se dégagent de ses corps physique et éthérique, qui restent dans son lit. Le champ de la conscience s’obscurcit. L’homme d’aujourd’hui ne voit rien, n’entend rien. Le matin, quand le corps astral et le Je plongent à nouveau dans les corps physique et éthérique, les objets physiques réapparaissent. Qu’en était-il aux premiers temps de l’Atlantide ? Prenons le moment où, le matin, l’être humain plongeait dans son corps physique et son corps éthérique. Il n’avait pas alors autour de lui un monde physique comme aujourd’hui. Tous les objets qu’aujourd’hui nous voyons avec des contours précis, vous les auriez vus très indistincts, comme nimbés d’une aura et de bords colorés, de même que par un soir de fort brouillard vous ne distinguez pas nettement les lumières dans les rues, mais en revanche des halos colorés autour des lampadaires. Ainsi en était-il sur l’ancienne Atlantide. On ne voyait tous les objets que confusément, sans les contours et les surfaces qu’ils ont aujourd’hui, tout étant comme enveloppé de brumes colorées. C’est peu à peu seulement que sont apparus les contours précis. Devant une rose, nous aurions vu dans les premiers temps de l’Atlantide s’ouvrir une forme nuageuse ayant au centre un cercle de couleur rose ; puis, peu à peu seulement, les couleurs extérieures se seraient comme déposées à la surface. Les contours des objets ne se sont précisés que plus tard.
Vous le voyez donc, l’environnement physique est aujourd’hui tout autre que sur l’ancienne Atlantide. Mais tout était différent aussi quand le soir vous vous dégagiez de votre corps physique en vous endormant, dirons-nous. Car, à vrai dire, ce n’était pas là « s’endormir » au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Certes, tout le monde des formes physiques nébuleuses subsistait en dessous de vous, mais un monde spirituel apparaissait qu’aucun contour ferme ne délimitait, dans lequel vous pénétriez, et où résidaient avec vous les entités spirituelles. Ainsi alternaient le jour et la nuit dans les premiers temps de l’Atlantide. Lorsque l’homme descendait le jour dans son corps physique, il ne percevait des objets physiques que des images imprécises et floues, mais lorsque la nuit il quittait son corps physique, il avait la possibilité, encore que confusément, de vivre, esprit parmi les esprits, de cheminer parmi eux. Et surtout, toute la vie de la sensibilité était autre dans ces temps passés sur l’Atlantide. Vous n’auriez pas ressenti le soir, en vous dégageant de vos corps physique et éthérique, une fatigue, un besoin de repos. Ce repos, vous ne l’auriez pas trouvé, il vous fallait entrer dans le monde spirituel, qui était la sphère de l’activité. Vers le matin, par contre, vous aviez besoin de vous reposer, et vous recherchiez alors en quelque sorte votre lit, c’est-à-dire votre propre corps, où vous restiez en repos. Vous vous glissiez dans votre propre corps, et vous preniez du repos durant la journée précisément.
Dans les premiers temps de l’Atlantide, tout était donc autrement que maintenant. Au cours de cette ère, l’être humain évolue en passant de ces conditions complètement différentes aux conditions ultérieures. Il y parvient dans la mesure où son corps éthérique entre peu à peu dans un rapport de plus en plus étroit avec son corps physique, ce qui est accompli au dernier tiers de l’époque atlantéenne. Avant cet événement, l’homme avait l’impression d’être éveillé lorsqu’il se trouvait dans le monde spirituel. Cependant, il ne se disait pas à lui-même « Je », il n’avait pas conscience de lui-même. Quand il quittait ses corps physique et éthérique pour entrer dans la clarté de la nuit, il avait le sentiment d’être vraiment un membre de la spiritualité des hauteurs, il se sentait en quelque sorte dans l’âme-groupe d’autrefois comme dans un refuge. La nuit était toujours claire autour de lui, mais il ne se sentait pas autonome. Les humains, tels nos doigts par rapport à notre Je, se sentaient fondus dans les âmes-groupes qui apparaissent à la clairvoyance sous la forme des quatre têtes du Lion, du Taureau, de l’Aigle et de l’Homme décrites dans l’Apocalypse. L’homme se sentait transporté dans l’une de ces âmes-groupes. Et c’est seulement quand il avait regagné la coquille d’escargot de son corps qu’il avait l’impression de posséder quelque chose qui lui appartenait en propre. Car si l’être humain est devenu peu à peu un être personnel, c’est parce qu’il a pu s’enfermer dans son corps. Certes, cette inclusion dans le corps, il a dû la payer par l’obscurcissement graduel du monde spirituel qui finit par se retirer complètement de lui. En revanche, le monde d’en bas qu’il voyait quand il était dans son corps physique s’éclaira et se précisa de plus en plus. En même temps, il lui apparut de plus en plus qu’il était un Je personnel. Il apprit à se dire à lui-même « je ».
Si nous voulons caractériser ce qui se passa à ce moment, représentons-nous l’homme se dégageant de sa coquille, de son corps, pour pénétrer dans le monde spirituel. Là, il vit parmi des entités spirituelles divines. Alors résonne de l’extérieur à son oreille son « nom », ce qu’il est. Pour l’un des groupes résonne le mot qui lui correspondait dans la langue primordiale, pour un autre groupe un autre mot. Car l’humain ne pouvait pas se nommer lui-même, il lui fallait l’entendre résonner de l’extérieur. Lorsqu’il quittait sa coquille d’escargot, son corps, il savait qui il était parce que son nom avait retenti à son âme comme un appel. Maintenant où il apprenait à percevoir dans son corps son environnement physique, il apprenait aussi à se ressentir comme un Je, à sentir en lui-même la force divine dont la résonance lui parvenait autrefois de l’extérieur. Il apprenait à sentir le dieu en lui-même. Et le dieu qui lui était le plus proche, ce dieu qui ébauchait en lui le Je, il le nomma Yahweh, celui qui guide le Je. Il sentit tout d’abord la force de ce dieu s’éveiller dans son Je.
Des événements extérieurs furent liés à ce processus. Quand l’ancien Atlante plongeait ainsi dans son corps physique, il voyait bien aussi, derrière, l’espace céleste, et comme nous l’avons dit il voyait bien, non pas un arc-en-ciel, mais quelque chose comme un disque coloré là où plus tard apparut le Soleil. Le Soleil n’avait pas encore la force de percer, mais cette force agissait à travers le brouillard. Elle agissait sur la Terre, mais retenue, entravée par la brume. Le Soleil se précisait de plus en plus, si bien que cet éveil de la conscience individuelle que nous avons décrit s’est effectué parallèlement à l’apparition du Soleil hors de la brume. Ce qu’il y avait là-haut, là où les six autres Esprits avaient leur séjour alors qu’avec Yahweh ils avaient à diriger l’évolution terrestre, put apparaître peu à peu et manifester son activité sur la Terre.
Que s’était-il passé avec l’homme ? Antérieurement, lorsque la nuit il se dégageait de son corps, il baignait par son esprit et par son âme propre dans une clarté intérieure, astrale, qui ne dépend nullement du Soleil physique. Cette clarté autour de lui, c’était la même lumière, émanée de puissantes entités spirituelles, qui allait plus tard rayonner physiquement, venant du Soleil. Mais lorsqu’il fut de plus en plus enfermé dans sa conscience physique, la porte des visions intérieures se ferma pour lui. L’obscurité l’entoura désormais lorsque, ayant quitté son corps physique et éthérique, il entrait la nuit dans le monde spirituel. Mais dans la même mesure où il s’enfermait en lui-même, la lumière extérieure, qui révèle les actes des entités spirituelles, lui apparut. La lumière émanant de ces entités brillait désormais sur la Terre. Et l’homme se préparait à considérer la lumière extérieure comme quelque chose de matériel. Dans son être intérieur maintenant enténébré, la lumière brillait, mais elle ne fut pas comprise par les ténèbres.
Ce fut là un processus cosmique se déroulant dans l’histoire du monde. À ce moment, l’homme a payé d’un obscurcissement spirituel la conquête de la conscience de soi. Il a ainsi perdu la clarté dans laquelle il percevait les âmes- groupes. Mais ce n’était là encore que la toute première aube de cette individualisation. De longues, de très longues périodes allaient s’écouler avant qu’elle ne fût vraiment réalisée. L’ère atlantéenne en vint à sa fin, le Déluge se déchaîna. L’ère postatlantéenne commença, l’antique civilisation indienne se déroula. La conscience de soi n’était alors pas encore développée. Puis vinrent les époques perse et égypto-chaldéenne. L’être humain qui mûrit développe toujours mieux la conscience de soi. Enfin vient la quatrième civilisation. Alors se produit un événement d’une importance infinie, dont tout ce qui s’était passé auparavant n’était que la préparation.
Imaginez-vous transportés de la Terre sur une étoile lointaine et, doués de clairvoyance, abaissant vos regards vers la Terre du haut de cette lointaine étoile. Vous verriez alors que cette Terre n’est, physiquement parlant, qu’un corps physique et que font partie d’elle encore un corps éthérique et un corps astral, comme chez l’être humain. Tout cela, la Terre l’a aussi. Vous la verriez entourée de son aura, et à travers les millénaires vous pourriez suivre le développement de cette aura terrestre. Vous verriez cette Terre entourée de toutes sortes de couleurs, au milieu le noyau physique et tout autour une aura aux formes et aux couleurs diverses, baignant dans cette atmosphère spirituelle de la Terre. Vous verriez ces formes et ces couleurs se modifier diversement au cours des millénaires. Mais un moment viendrait, un moment d’une grande importance, où l’aura tout entière prend une autre forme et d’autres couleurs. La Terre apparaît alors, vue de l’extérieur tout d’abord, dans une lumière nouvelle. La chose s’est passée avec une rapidité si considérable qu’on est obligé de se dire : À partir de cet instant, la Terre a passé par une transformation fondamentale, l’aura terrestre a été complètement modifiée. Quel est donc cet instant ? C’est celui où, sur le Golgotha, le sang a coulé des plaies du Rédempteur. C’est un moment de la plus haute importance, le plus important de toute l’évolution terrestre. Le moment où le sang coule des plaies du Rédempteur est celui où l’aura de la Terre prend une forme nouvelle. Une force entièrement nouvelle intervient, donnant à l’évolution terrestre l’impulsion la plus puissante, dont tout ce que nous avons vu jusqu’à présent n’a été que la préparation.
Pour le chimiste, le sang répandu sur le Golgotha est le même qu’un autre. Mais il est tout autre. Cet événement signifie que ce sang physique se répand sur le sol et que l’esprit qui l’habite imprègne l’aura de la Terre d’impulsions et de forces nouvelles pleines d’importance pour l’évolution future de l’humanité. Il irradie des impulsions qui transforment toute la Terre et dont le rayonnement traverse l’homme. Seule une petite partie de ce qui s’est ainsi uni à la Terre a pu porter fruit aujourd’hui. Les hommes apprendront de mieux en mieux à comprendre ce que la Terre est devenue grâce à ce moment sur le Golgotha, et ce que peut devenir l’homme dans la conscience qu’il a conquise, comme il a été décrit, depuis l’Atlantide.
Qu’a donc conquis l’homme depuis l’Atlantide ? - Deux choses : la conscience du Je et la faculté de voir le monde extérieur. Le monde spirituel, autrefois ouvert pour lui, s’est fermé. Car en vérité, ces hommes du passé ont vu ce dont parlent les mythes ultérieurs : Wotan-Mercure, Jupiter-Zeus, ils ont vu la nuit ces êtres, ils étaient la nuit parmi eux. Mais le seuil qui menait à ces entités spirituelles a été barré. En revanche, l’homme a fait la conquête du monde qui l’entoure. Les esprits et tout ce qu’il pouvait voir autrefois ont disparu à ses yeux. Lorsqu’il se glissait hors de la coquille de son corps physique, il voyait la divinité ; maintenant, pour qu’il puisse la percevoir, il fallait qu’il la voie avec son corps. Ce qui ne signifie rien d’autre que l’obligation d’admettre l’existence de cette divinité sous une forme corporelle, visible, la conscience humaine étant orientée vers la vision physique. C’est pourquoi il fallut que l’Être divin prenne lui-même forme corporelle, physique, et qu’il apparaisse une fois au cours de l’évolution terrestre dans un corps de chair. Il devait apparaître ainsi parce que l’homme avait progressé jusqu’à cette forme de perception, à laquelle le divin devait s’offrir afin que l’homme puisse le comprendre. Tous les phénomènes qui s’étaient produits autrefois aux autres stades de l’évolution devaient se parachever dans cet événement central de l’évolution terrestre qui projettera sa lumière à nos yeux sur l’avenir tout entier, que nous allons voir maintenant se révéler dans l’Apocalypse : dans cet événement qui apparaît physiquement dans les gouttes de sang coulant vers la Terre, mais qui, perçu par la clairvoyance, apparaît comme ce qui s’élève et transforme l’aura de la Terre. La force ainsi déversée collaborera avec la Terre jusqu’à la fin des temps. Avec elle, quelque chose de tout à fait nouveau a été uni à l’âme, à l’esprit de la Terre tout entière. Ce qui est le principe du Christ s’est à ce moment uni à celle-ci, et elle est devenue le corps de ce principe du Christ, si bien que les mots sont littéralement vrais : « Celui qui mange mon pain me foule aux pieds. » Quand l’homme mange le pain de la Terre, il mange le corps de la Terre, c’est-à-dire le corps de l’Esprit de la Terre qui depuis l’événement du Golgotha s’est uni à elle. Et l’homme marche à la surface de ce corps, il le foule aux pieds. Il faut prendre toutes ces choses à la lettre pour acquérir la possibilité de comprendre ce texte selon sa réalité.
Pour un homme comme l’auteur de l’Évangile de Jean, tout ce qu’il savait, tout ce qu’il avait pu saisir par sa clairvoyance devait l’inciter à comprendre le plus grand événement de l’évolution terrestre. De ce qu’il a pu apprendre par la clairvoyance, il se disait : Il faut que je l’utilise pour comprendre la figure du Christ et son action. - Se servir de toute science de l’occulte pour expliquer l’événement du Golgotha, tel fut ce à quoi tendait celui qui écrivit l’Apocalypse. Dans ce qu’il pouvait apprendre de la science de l’occulte, il ne voulait rien voir d’autre qu’une sagesse mise au service de la compréhension de cet événement qu’il a proposé à notre âme de façon si grandiose, et dont nous allons voir maintenant ce qu’il est devenu pour lui.
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