Dépendance aux toxiquesI ♦ ÉtiopathogénieLa dépendance tente de compenser une défaillance psychologique grave :- vécu de carences affectives ;- vécu de violence subie ;- vécu du recours par les proches à des expédients ou intoxications (alcool, drogue, fanatismes…)♦ PsychologiePhénomène de clivage psychique. On sait se détruire, mais on ne veut pas savoir y remédier :- tendance à la passivité, à la recherche de protection, immaturité ;- égocentrisme, narcissisme élevé, peu de tolérance aux frustrations ;- traits de forfanterie mais absence de confiance en soi, estime de soi faible ;- anxiété, irritabilité, colère ;- hyperémotivité et troubles de l'humeur avec phases dépressives ou agressivité ;- ralentissement intellectuel, peu de concentrations, oublis, inconstance ;- perturbations des relations sociales, avec perte de fiabilité et de crédit.♦ ÉvolutionLes soins associent pharmacopée et psychothérapie. Mais la dépendance, même correctement traitée, fait toujours courir le risque d'une rechute (fragilité personnelle, sollicitation sociale, milieu peu porteur, moment dépressif, événement déclencheur).II ♦ Alcoolisme• En France, on compte deux millions de dépendants alcooliques (cinq millions de personnes ont une consommation excessive d'alcool, notamment les hommes de plus de 40 ans) :
- l'alcoolisme est la troisième cause de décès ;- boire de l'alcool est culturellement très connoté ;- l'alcool est à l'origine de 40 % des accidents de la circulation, de 20 % des accidents du travail, de 20 % des hospitalisations en milieu psychiatrique ;- un malade mental hospitalisé sur cinq est alcoolique ;- possibilité de delirium tremens (DT) ou d'encéphalopathie de Gayet-Wernicke : avec carence en vitamine B1, état sub-confusionnel, troubles digestifs, céphalées, vertige, tachycardie.- séquelles : démence, syndrome de Korsakoff, décès fréquent.
• Les soins de l'alcoolisme doivent se déprendre des représentations sociales souvent ironiques et insultantes (tradition).III ♦ Pharmacodépendance• Les psychotropes modifient le fonctionnement psychique, en agissant sur les cellules du système nerveux central : effets sur les perceptions, l'humeur, la conscience, le comportement, les rapports au corps, les relations.• De nombreuses substances toxiques sont interdites.♦ Épidémiologie• Les trois quarts des drogués sont des hommes, avec un pic entre 20 et 25 ans.• En France, on compte plus de 150 000 toxicomanes.• Il y a augmentation de la consommation en milieu lycéen et étudiant, ou milieux à précarité économique.• L'usage du cannabis et de l'héroïne se répand chez les jeunes.• La mode est aux mélanges d'alcool et de drogues.♦ Les substances interdites (France)• Héroïne et opiacés (psycholeptiques) par injection (IV) pour recherche de plaisir intense (« flash ») et « lune de miel », où disparaissent les réalités et leurs aspérités :
- le manque survient huit heures plus tard, avec altération des facultés intellectuelles, hypotension, passivité, nausées, vomissements ;- l'intoxication chronique provoque : myosis ; dénutrition, infections ; abcès aux points d'injection ; hépatites virales ;- complications pulmonaires ;- manque douloureux insupportable : douleurs abdominales et des membres ;- frissons, tremblements, vomissements ; confusion.
• Cannabis (psycholeptiques) : fumé en résine (haschich), en herbe (marijuana, kif).• Cocaïne (psychostimulants) : extrait de feuille de coca, « sniffé » (inhalé) ou injecté (IV) :
- sous forme « crack » : mélange de chlorhydrate de cocaïne et de bicarbonate, forme fumée qui se répand depuis une quinzaine d'années ;- exaltation rapide et sentiment de facilité euphorique : suivent l'irritation, la dépression, l'angoisse et l'obsession de retrouver l'exaltation ;- à terme, troubles physiques de respiration forte, rythme cardiaque élevé, crachement de sang, convulsions. Risque de décès élevé.
• Ecstasy (psychostimulants) : fort stimulant (psycho-analeptique) excitant les domaines intellectuels et psychomoteurs :
- à terme,importants troubles somatiques (appareil nerveux, digestif, sommeil…) ;- psychose amphétaminique : délire d'interprétation, persécution, jalousie (forme paranoïaque).
• LSD (hallucinogènes), kétamine, Spécial K (hallucinogènes).♦ Évolution• La toxicomanie est affaire de santé et de délinquance.• La loi du 31 décembre 1970 donne le choix :
- subir les sanctions pénales ;- suivre un traitement (injonction thérapeutique) par cure de sevrage, traitement médicamenteux (avec sédatifs, neuroleptiques et vitamines B1, B6 et PP) et psychothérapie (individuelle de soutien ou de groupe et systémique).