Conduites suicidaires
Une personne est :
- suicidaire : manifestant en paroles et en actions l'intention de se suicider ;
- suicidante : qui a survécu à sa tentative de suicide ;
- suicidée : qui est décédée lors de sa tentative de suicide.
I ♦ Épidémiologie
• En France : 120 000 tentatives de suicide par an et 12 000 décès par suicide, soit 10 % de suicidés. Le suicide est :
- la 9 cause de décès (toute population confondue) ;
- la 2 cause de décès chez les 14-24 ans ;
- la 1 cause de décès chez les 24-35 ans.
Le nombre de suicides d'enfants est en augmentation.
• Modes de tentatives de suicide les plus courants : IMV (en général aux benzodiazépines), phlébotomie, pendaison, défenestration, armes à feu (surtout chez les hommes), noyade (surtout chez les femmes).
• Décès les plus fréquents par pendaison (43 % des cas), arme à feu (23 %).
• 30 à 40 % des suicidants récidivent.
• Deux tranches d'âge à haut risque : 15-24 ans et plus de 60 ans.
• Le taux de réussite des tentatives augmente avec l'âge.
• Le risque en cas de dépression est multiplié par 25 par rapport à la population.
• L'alcoolisme et la toxicomanie augmentent le risque.
• Pathologie des schizophrénies : un patient sur deux fait une TS, 10 % des malades décèdent par suicide (en début, la TS est incluse dans le syndrome délirant, chez les malades chroniques la TS est liée à la dépression).
• Pathologie mélancolique avec sentiment de destinée inéluctable.
• Pathologies névrotiques :
- dans un syndrome hystérique, avec revendication affective (chantage) ;
- dans les névroses obsessionnelles, la TS peut être passage à l'acte de soulagement.
II ♦ L'enquête
L'enquête avec le suicidaire ou le suicidant, porte sur les antécédents psychiatriques et médicaux (personnels mais aussi familiaux), les circonstances de survenue du trouble et les facteurs déclenchants (traumatisme, intoxication, contexte).
III ♦ L'examen
L'examen considère :
• la présentation : agitée, excitée, morne, négligée ;
• l'état de conscience : vigilance, orientation temporo-spatiale, angoisse, inhibition ;
• les troubles de la pensée : délire, hallucinations, onirisme, apragmatisme ;
• l'humeur : peurs, euphorie, mélancolie, détermination ;
• l'étiologie organique : recherche systématique de signes généraux, signes neurologiques, signes d'intoxication aiguë ;
• les signes d'équivalents suicidaires : comportements à risques vitaux dans la grande vitesse, l'alcoolisation, la toxicomanie, le refus de soins, le refus alimentaire, les situations extrêmes mal contrôlées (provocation du sort), l'isolement ou la liesse et la débauche, etc. ;
• les signes de rupture par rapport au comportement habituel de la personne avec :
- expression de crise aiguë par impasse de choix existentiels,
- sensation de stress, de « burn-out », de dépassement,
- impuissance à endiguer les émotions douloureuses,
- sensation d'implacable destinée, d'échec malgré des efforts fournis en vain,
- notification d'un geste symbolique(cause personnelle ou politique),
- notification d'un geste de destinée inscrit dans un délire (fin du monde, rédemption, voyage cosmique, suicide collectif organisé en secte…),
- consommation et recours excessif aux médicaments, à l'alcool, aux drogues.
IV ♦ Urgence préventive TS
• Détermination du suicidant (rumination, programme, proximité des moyens).
• Désespoir, isolement, dévalorisation et culpabilité.
• Avertissements (querelle, lettre, vengeance, démarche…).