I ♦ Alcoolo-dépendance
• La France est parmi les pays les plus consommateur d'alcool au monde (entre 10 et 15 l d'alcool pur par habitant par an).
• L'alcool est responsable d'environ 40 000 décès par an (complications médicales aiguës et chroniques, suicide…) : 3e cause de mortalité en France.
• Alcoolo-dépendance estimée à 8 % de la population : problème de santé publique.
Facteurs socioculturels (« mythologie » de l'alcool et du vin), biologiques (prédispositions génétiques) et psychologiques (association avec certains troubles de la personnalité).
A. Présentation clinique
♦ L'intoxication alcoolique aiguë
• Ivresse simple (alcoolémie inférieure à 2 g/L) : désinhibition, excitation psychomotrice, euphorie, labilité de l'humeur avec des moments de tristesse voire d'agressivité. Altération de la vigilance, de la concentration, de la mémoire.
• Incoordination (alcoolémie entre 2 et 3 g/L) : trouble plus profonds de la vigilance, manque de coordination motrice (le patient titube), troubles de la vision (vision floue, double), tachycardie et tachypnée.
• Ivresse compliquée ou « excito-motrice » : état d'ivresse prolongée, avec une dimension agressive majeure, un patient incontrôlable, violent et très agité. C'est une urgence psychiatrique.
• Coma alcoolique : en général observé avec des alcoolémies supérieures à 3 g/L. Bradycardie, hypotension artérielle profonde, détresse respiratoire, pas de signes de localisation neurologique (examen neurologique normal). C'est une urgence médicale (réanimation).
♦ L'intoxication alcoolique chronique
- haleine œnolique, mauvais état buco-dentaire, faciès rouge et bouffis, conjonctives injectées, couperose ;
tremblements fins des extrémités ;
- sueurs diffuses ;
- anorexie, altération de l'état général ;
- douleurs musculaires, crampes, nausées, vomissements ; - troubles psychiques : anxiété, labilité de l'humeur, insomnie ;
- signes biologiques : augmentation des gamma-GT, augmentation du volume globulaire moyen (VGM), insuffisance hépatocellulaire en cas d'atteinte hépatique.
B. Formes cliniques de l'alcoolisme chronique
• Formes primaires : alcoolo-dépendance survenant après une longue période de consommation régulière, débutée souvent jeune et à visée conviviale sans recherche de l'ivresse. Elle est plus fréquente chez l'homme, et la guérison est possible suite à une cure de sevrage.
• Formes secondaires : elle représente une alcoolo-dépendance survenant au cours de l'évolution d'une maladie psychiatrique existante :
- épisode dépressif majeur ;
- épisode maniaque ou hypomaniaque de la maladie bipolaire ;
- schizophrénie, psychose hallucinatoire chronique ;
- troubles anxieux ;
- troubles de la personnalité (psychopathie, borderline, évitante…).
• Dipsomanie : elle correspond à l'ingurgitation massive et intermittente d'alcool, souvent de façon solitaire, à la recherche d'une ivresse profonde et rapide (usage fréquent d'alcool fort). Il peut exister de longues périodes d'abstinence. L'usage associé à d'autres drogues est possible.
C. Complications de l'alcoolo-dépendance
• Somatiques : stéatose et cirrhose hépatique, carcinome hépatocellulaire, pancréatite chronique.
• Neurologiques :
- crises convulsives ;
- delirium tremens : agitation psychomotrice, syndrome confusionnel ;
- encéphalopathie alcoolique : hypertonie, asterixis, syndrome confusionnel ;
- encéphalopathie de Gayet Wernicke (carence en Vitamine B1) ;
- syndrome de Korsakoff : fausse reconnaissance, anosognosie, fabulations, amnésie antérograde.
• Psychiatriques : délire de jalousie, psychose hallucinatoire chronique, syndrome dépressif (il ne doit être traité qu'après un sevrage complet d'alcool).
D. Principes du traitement
• Sevrage :
- thérapie motivationnelle ;
- cure de sevrage : hydratation, vitamines B1, B6 et PP, benzodiazépines.
• Postcure.
• Traitement du « craving » (appétence à l'alcool) de type Baclofene et AOTAL®, en cours d'évaluation.
• Soutien psychologique.
II ♦ Autres dépendances aux toxiques
♦ Tabac
• Responsable de 60 000 décès par an.
• Consommation par 35 % de la population française.
• Dépendance très élevée parmi les patients ayant un trouble psychiatrique.
• Deux types de dépendances : dépendance comportementale et psychologique et dépendance pharmacologique à la nicotine (justifie l'emploi de patchs substitutifs).
• Complications sont très nombreuses, les plus graves étant cardiaques, pulmonaires et cancérologiques :
- infarctus du myocarde, hypertension artérielle, BPCO, dilatation des bronches, emphysème, cancers pulmonaires et ORL.
• Principes de traitements : sevrage total et définitif avec substitution nicotinique le temps du sevrage et soutien psychologique.
♦ Dépendance aux autres toxiques
• Elle concerne les toxiques suivants : cannabis, opiacés, cocaïne, barbituriques, benzodiazépines, amphétamines, hallucinogènes (LSD, mescaline, psilocybine…).
• Principes de prise en charge : cure de désintoxication, avec un contrat de sevrage, psychothérapie de soutien, puis postcure et suivi prolongé, réinsertion sociale. Traitements de maintenance : méthadone et SUBUTEX® (buprénorphine) dans la prise en charge de la dépendance à l'héroïne.