L'interprétation des signes, science de l'âme

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L'interprétation des signes, science de l'âme

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Astropsychologie · 4 Septembre 2021
Tags: Astropsychologie
C'est le parfait usage de ce mystère qui constitue le symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d'âme, ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d'âme, par une série de déchiffrements.
Mallarmé, Proses diverses, Réponses à des enquêtes, sur l'évolution littéraire.
Source : Le Grand Robert de la langue française.


Comment joindre le réel au céleste par le langage ?
L'herméneutique et l'astrologie


Le texte qui va suivre prend pour base un texte qui figure dans le livre de Christine Gonze Conrad : « Écriture Céleste ».

Pourquoi prendre un texte d’auteur comme base ?

À cela deux raisons : la première pour le rendre plus accessible aux personnes qui n’ont pas l’habitude de la littérature astrologique et la deuxième pour y apporter des éléments de réflexion personnelle, ainsi que des éléments bibliographiques complémentaires afin d’en appuyer la compréhension et le sens. (Les personnes qui souhaitent le texte original peuvent me le demander par mail).

L’art d’interpréter les textes sacrés afin d’en comprendre et d’en transmettre le sens se nomme l’herméneutique [1].

Hermeneutica est un terme qui a été inventé par un théologien strasbourgeois au XVIIe siècle. Néanmoins, l’art d’interpréter et de déchiffrer les signes remonte à la nuit des temps.

Interpréter et déchiffrer les signes est fondamental pour l’évolution de l’homme.  Pour s’en convaincre, il importe de comprendre le symbole. À propos du symbole, le psychiatre suisse Carl Gustav Jung disait : « tout ce qui passe n’est que symbole ».

Qu’est-ce qu’un symbole ? Le symbole est un objet ou un fait naturel perceptible et identifiable, qui évoque, par sa forme ou sa nature, une association d’idées « naturelle » avec quelque chose d’abstrait ou d’absent.

Par exemple, la colombe dans les écrits sacrés. Par sa symbolique judéo-chrétienne — qui, avec le Nouveau Testament finira par représenter le Saint-Esprit — est fondamentalement un symbole de pureté, de simplicité et même, lorsqu’elle apporte le rameau d’olivier à l’arche de Noé, un symbole de paix, d’harmonie, d’espoir, de bonheur retrouvé.

La colombe dont il est question ici, personne ne l’a jamais vu.

En tant qu’image elle a une valeur évocatrice, c’est-à-dire qu’elle provoque dans la pensée une suite de qualités : simplicité, pureté, etc.

Pourquoi la colombe évoque-t-elle des qualités bien particulières ? Eh bien, parce que le symbole est l’écriture même de l’inconscient.

En effet, les images produites dans notre inconscient ont valeur de signifiant. C’est-à-dire que les images signifient quelque chose de particulier. Cette écriture (image produite) n’est pas arbitraire, elle est en lien avec les archétypes qui constituent notre psychisme.

Un archétype est un type primitif ou idéal, c’est-à-dire un original qui sert de modèle. On pourrait donner comme synonyme d’archétype des mots comme « étalon », «  exemplaire », « original », « principe », « prototype ».

Pour rendre la chose simple, on pourrait dire que le cacao est l’archétype de tous les chocolats. C’est l’unité de base, l’exemplaire premier, originel.

L’archétype c’est aussi le modèle qui approche de la perfection.

C’est pourquoi les idées archétypes de Platon sont les formes éternelles et immuables des choses. Pour Platon « les archétypes sont des modèles qui, étant de toute éternité dans le saint de Dieu, ont déterminé toutes les conditions de l’univers » (Littré).

On comprendra dès lors que pour comprendre l’univers par exemple, il faut passer par l’archétype, lequel en tant que symbole va donner du sens.  Dans la tradition judéo-chrétienne, pour comprendre la naissance de l’univers, il s’agit de se tourner vers la Sainte Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

On retrouve ici l’image de la colombe.

Rappelons au passage que Jacques Lacan, psychanalyste, a dit que l’inconscient était structuré comme un langage.  Ce langage de l’inconscient se trouve entre autres dans toutes les cathédrales sous forme d’images en peinture, en gravure, en sculpture, etc.

Seule une personne qui n’est pas coupée de son inconscient est capable de déchiffrer ce qu’elle voit en images afin d’en trouver la signification.  Car, d’où peuvent bien provenir toutes ces images représentatives du monde de Dieu, si ce n’est dans l’inconscient ?

Je ne vais pas m’étendre plus sur la façon de se relier à son inconscient et d’y découvrir son contenu. Je ferai un article sur ce sujet un peu plus tard.

En attendant il est intéressant de rappeler que le psychiatre suisse Carl Gustav Jung «  a rouvert la voie de l’illuminisme et de l’alchimie en s’efforçant d’en fournir une formulation conforme à l’esprit de son époque » (Étienne Perrot – Encyclopedia Universalis).

Pour aller vite : celui qui est illuminé dans son esprit voit tout, comprends tout, est omniscient. La voie ouverte par Carl Gustav Jung est la voie de la réalisation totale de l’être humain. J'écrirai un article sur le concept de numineux que Carl Gustav Jung a emprunté à Rudolf Otto, l'auteur du livre "Le sacré".

Ce qu’il s’agit de retenir à ce stade de la lecture c’est la présence d’archétype dans la psyché. Ces archétypes sont inconscients. Lorsqu’ils apparaissent dans la conscience, c’est sous la forme de symboles (pensez aux images de vos rêves).

Lorsqu’à partir du symbole on perçoit des images et que ces images donnent du sens, c’est que le langage du monde divin est parvenu jusqu’à notre conscience.

Il ne suffit cependant pas de voir une image dans le réel (par exemple la représentation de la Sainte Trinité avec le Père et le Fils et le Saint-Esprit, pour pouvoir ressentir en soi le divin que cette image recèle) pour en trouver le sens et qui plus est le sens de la création de l’univers. Combien d’entre nous n’ont-ils pas déjà du mal à mettre du sens sur les images d’un rêve !

Il faut cependant dire que des êtres ont eu accès à leur inconscient et ont pu déchiffrer les mystères de la création de l’univers, sinon, l’image représentative de cette création par le symbole de la Sainte Trinité, cette image du Père, du Fils et du Saint-Esprit ne pourrait pas exister, n’aurait jamais plus être peinte, n’aurait jamais plus atteindre l’esprit de l’Homme. L’art dans son aspect le plus noble est le reflet d’impulsion spirituel, c'est-à-dire d’impulsion provenant de l’esprit, esprit inconscient qui gît en chacun.

Pensez au film rencontre du troisième type où toutes les personnes qui ont eu la vision de l’arrivée des extra-terrestres se mettent à peindre ou à sculpter la montagne où va se produire leur arrivée. Personnes qui ne se connaissent pas et qui vivent loin les unes des autres. Voilà une représentation d’impulsion dans la vie de la psyché.

L’interprétation des signes est donc fondamentale pour l’évolution de l’homme et elle est liée au processus divinatoire en général, et à la divination astrale en particulier.

L’herméneutique dont nous avons dit qu’elle est l’étude des signes se trouve au cœur du langage astrologique depuis que les prêtres devins mésopotamiens furent chargés d’interpréter, de comprendre et de transmettre le sens des textes divinatoire.

N’allons cependant pas nous méprendre sur le mot « divinatoire ».  Selon le Grand Robert de la langue française, le mot « divinatoire »  renvoie à ce qui permet de deviner. Le Grand Robert fait mention de don, de faculté divinatoire, de sens divinatoire ou encore d’instinct divinatoire.

Revenons aux rêves par exemple. Lorsque nous essayons de découvrir ce qui est caché dans les rêves par des moyens qui ne relèvent pas d’une connaissance naturelle ou ordinaire, lorsque nous pratiquons en nous cet exercice de la pensée qui permet d’aller vers cette découverte, nous pratiquons la divination.

L’action qui nous permet de découvrir ce qui est caché par des moyens qui ne relèvent pas d’une connaissance naturelle ou ordinaire est la définition même que donne le dictionnaire le Grand Robert de la langue française pour le mot « divination ».

Pour que devant le mot « divination » nous n’ayons pas une attitude défavorable, péjorative, il me paraît important de donner la deuxième définition du Grand Robert de la langue française qui est : action de deviner, de connaître instinctivement ; résultat de cette action.

Les synonymes suivants sont donnés : « clairvoyance », « inspiration », « intuition », « sagacité ».  On entre ici dans une métaphysique, mais là encore, il ne faut pas se méprendre sur ce mot. Le Grand Robert de la langue française nous indique que la métaphysique est la recherche rationnelle des principes de la conscience et de la connaissance.  Il nous ramène au terme « ontologie » qui est l’étude de l’être en tant qu’être, indépendamment de ses déterminations particulières.

Platon disait : « La connaissance des mots mène à la connaissance des choses ».

C’est pourquoi on retrouve l’usage d’une herméneutique classique chez les Pères de l’Église romaine attachés à définir les règles d’exégèse acceptables pour interpréter les textes bibliques et sacrés.

La fonction principale de l’herméneutique était essentiellement normative et elle s’étendait aussi aux textes de droit, de philologie et de science — dans le sens de connaissances —, et qui réclamaient un consensus d’interprétation.

La doctrine chrétienne de Saint Augustin a marqué l’histoire de l’herméneutique qui a fait loi jusqu’à la réforme protestante du XVIe  siècle. Quant aux règles de l’interprétation de l’écriture céleste, celles-ci furent codifiées au deuxième siècle dans l’Almageste et le Tetrabiblos de Claude Ptolémée, qui définissait une herméneutique astronomique et astrologique. Elle servit de référence jusqu’à la révolution copernicienne du XVIIe siècle pour l’Almageste, est en grande partie jusqu’à nos jours pour les règles d’interprétation astrologique du Tetrabiblos.

L’astrologie est une discipline hermétique par excellence. Elle requiert des astrologues qui la pratiquent des qualités d’Herméneutes. C’est-à-dire la capacité à trouver le sens derrière les signes, c’est-à-dire trouver le langage qui se trouve derrière le signe, afin que ce langage qui est la traduction du signe (symbole) puisse être entendu par les oreilles et donc la conscience (eurêka, mais c’est bien sûr !).

Dans le cadre de cette discipline herméneutique, l’astrologue doit être capable de faire des allers-retours :

• entre la parole du consultant qui mène au symbole (parole du consultant qui devient image dans l’esprit de l’astrologue) afin que l’astrologue puisse renvoyer à son consultant « en langage ordinaire » le sens de ce symbole ;

• et entre le symbole qui se trouve dans le langage du consultant afin de l’aider à ouvrir la voie qui le mènera à son inconscient.

La phrase « Tu t’entends quand tu parles ? » montre à quel point la personne qui écoute (en l’occurrence l’astrologue) saisit la distance qui sépare les paroles prononcées et la conscience inexistante (inconscient) qui se trouve derrière ces mêmes paroles (du consultant).

Le travail de l’astrologue est donc d’ouvrir la voie vers cet inconscient au-delà des paroles qui sont prononcées.

Pour être capable de faire cela il est nécessaire que l’astrologue :

• Aie des capacités d’écoute particulières.

• Soit capable de s’oublier entièrement lui-même lorsqu’il écoute, afin d’entendre de façon objective ce qui doit être entendu. En cela, il adopte la façon d’écouter du psychanalyste. (Capacité de faire le vide en soi pour accueillir ce qui est dit).

• Aie une connaissance approfondie de la Tradition astrologique, c’est-à-dire une connaissance des symboles liés aux signes du Zodiaque et aux Planètes, mais également la connaissance des Maisons et des Aspects planétaires.

• Aie une maîtrise de son ciel intérieur, ce qui évitera les problématiques de transfert et de contre-transfert. En d’autres termes, l’astrologue doit le moins possible mélangé sa vie intérieure avec la vie intérieure de son consultant. Cette position est exigeante, mais fondamentale pour conserver l’objectivité à un degré élevé.

• Aie une relation fluide avec son propre inconscient. Pour cela, l’astrologue doit avoir le moins de problèmes existentiels possible :  pas de souci au niveau financier, affectif, intime, ou autre. D’ailleurs si c’est un bon astrologue ces problématiques n’existent plus pour lui.  Rappelons que sur le plan psychanalytique la névrose opère lorsque la conscience est coupée de l’inconscient. (Le « névrosé » a des problèmes comme des divorces répétés, etc. Répétition des scénarios de vie).

• À qui se rajoutent la vocation d’être utile à son prochain, de l’empathie, la possibilité inaliénable de laisser à son consultant sa liberté et son autodétermination ainsi que la liberté de ses choix en tant qu’homme libre et responsable. L’humilité, la faculté à gérer les émotions (les siennes et celle de son consultant), la capacité à mettre en place une alliance thérapeutique sont autant de qualités requises à l’exercice de la fonction d’astrologue.

• Enfin, une connaissance approfondie de l’enseignement universitaire concernant le développement humain et la psychopathologie sera des plus utiles.

Comme dit plus haut, l’astrologie est une discipline herméneutique par excellence et requiert des astrologues des qualités d’Herméneutes. Dans ces deux mots, nous retrouvons la présence d’Hermès le messager et l’interprète des dieux, l’image archétypale de l’Herméneute.

Hermès est un médiateur, un guide, un passeur, il est l’inventeur de l’alphabet, de la syntaxe des phrases, il est le patron des orateurs.

Hermès donna aussi un nom aux choses qui n’en avaient pas. Le Dieu ailé est aussi riche que l’interprétation du langage, des textes et de la vie elle-même. Par sa lecture, son interprétation des signes et les symboles, l’astrologie est une discipline herméneutique.

Le terme « interprétation » du latin interpretatio, ‘interprétation’, qui a sa racine dans le verbe grec « hermeneuin » [2], revêt deux sens important, tous deux présents dans l’art des astrologues.

Ce terme désigne à la fois le processus de verbalisation qui consiste à exprimer en mots ou en signe quelque chose — Hermès est ici le messager  —, mais il désigne aussi le processus de traduction — Hermès devient alors l’interprète.

Dans les deux cas le processus herméneutique transmet le sens.  Il y a un va-et-vient entre le messager et l’interprète, ou entre la pensée et la traduction de la pensée en discours, mais encore entre le discours intérieur et le discours extérieur.

Pour aboutir à ce que quelque chose fasse sens, il est nécessaire de partir à la recherche d’analogies. (Exemple d’analogies : Un consultant parle de son divorce et des difficultés à obtenir une moitié du patrimoine commun de la part de son conjoint. Dans son thème astral on trouve une opposition Lune / Jupiter. Pour cette opposition la tradition donne les indications suivantes : dissimulation, médiocrité, abus de confiance, tromperie, mensonge, affectivité désordonnée et instable, séparation ou divorce, refus d'intégration, déboire juridique, rapports difficiles avec l'autorité, insouciance, quête de la facilité).

Dans ce cas le discours des planètes intérieures symbolise le contenu inconscient de ce consultant. L’énergie psychique contenue dans le thème astral passe par ses paroles et elle s’exprime sous la forme de plaintes : « difficultés à obtenir une moitié du patrimoine commun ».

Il faut introduire ici la notion d’ombre, cette partie de soi que l’on ne souhaite pas voir. Cette notion sera abordée dans un autre article. Disons simplement que le consultant n’a pas envie de voir à l’intérieur de lui-même les caractéristiques inhérentes à cette opposition Lune /  Jupiter.

Le langage du consultant donne à l’astrologue le moyen de connaître sa part inconsciente. Le consultant, comme le dit si bien Aragon, crie ou son fer le ronge. (L’homme crie ou son fer le ronge – Aragon).

Il est à noter que de lire les informations de la Tradition astrologiques ne sert pas à grand-chose pour prendre conscience de ce qui est de l’ordre de l’inconscient. J’ai moi-même lu un texte plusieurs fois avant qu’il ne m’éclaire. Je ne me sentais pas concerné. Ce n’est qu’au court de ma psychothérapie que le texte a fait sens.

Comme le dit le psychiatre suisse Carl Gustav Jung : « tout ce qui ne nous arrive pas à la lumière de la conscience nous arrive de l’extérieur sous la forme de destin ».  Cela signifie que nos contenus inconscients, à travers les aventures de la vie, nous mènent progressivement à devenir de plus en plus conscients de nous-mêmes.

Qui nous sommes vraiment est un processus qui se joue entre notre inconscient, qui est obscurité et opacité et les événements de vie qui projette de la lumière sur cette obscurité et sur cette opacité : « que la lumière soit ! ».  Sous réserve bien entendue de commencer à comprendre que nous sommes nous-mêmes à l’origine de ce qui nous arrive, et bien évidemment d’en saisir le sens.

Pour une vue globale de ces processus, il faudrait faire entrer le concept de karma, mais ce sera là l’objet d’un futur article.

C’est donc à partir du langage — lequel offre des mots et des métaphores pour interpréter les expériences « au ras des pâquerettes » de l’existence — que cet art millénaire qu’est l’astrologie, par la forme de son langage symbolique, nous permet d’articuler et de rattacher — par l’analogie, la mythologie, la métaphysique, la psychologie et la philosophie —, le réel au céleste.

Nous voyons donc que donner un sens aux diverses figures archétypales qui habitent l’inconscient consiste en un processus de verbalisation symbolique est un processus d’interprétation des symboles dans le but de faire sens.

Mais ces processus demandent à définir un idéal d’authenticité et de complétude que chaque individu est finalement seul à pouvoir déterminer pour lui-même.

La compréhension passe par le dialogue et des remises en question jusqu’au moment où la production de sens (eurêka, mais c’est bien sûr !) est satisfaisante.

Pour produire du sens par l’intermédiaire des images archétypales il est absolument nécessaire de se focaliser, d’élargir et d’amplifier le sens des mots.

L’herméneutique stipule que l’ensemble qui est étudié doit être compris en fonction de chaque partie et que chaque partie à son tour n’est compréhensible qu’en fonction de l’ensemble lui-même. Cette façon de considérer les choses comme n’allant pas les unes sans les autres est appelée le cercle herméneutique.

Lors du processus qui permet d’aboutir à du sens, lequel sens éclaire la conscience, rien n’est omis, rien n’est laissé de côté, tout va être pris en compte dans les moindres détails afin d’être analysé et verbalisé.

On pourrait dire que le sens apparaît avec l’évidence et avec l’évidence la parole touche à sa fin. Une fois que tout a été dit, une fois que tout le monde a compris, il n’y a plus rien à dire. Or c’était de dire qui a permis à l’ensemble du processus d’aboutir au sens.

C’est pourquoi toute compréhension commence par des bribes de compréhension basée sur l’histoire, la tradition, l’expérience, le contexte et les préjugés des personnes qui se trouvent à l’intérieur du cercle herméneutique.

Dans les échanges les accords et désaccords sont exprimés, puis éclairés, puis reformuler et exprimer encore, puis éclairer à nouveau jusqu’à ce qu’il n’y ait plus ni accord ni désaccords, mais simplement l’évidence. Devant cette évidence la parole ne peut rester que muette.

La conséquence en est que la conscience s’est enrichie d’une compréhension globale et l’âme est au repos.

Il s’agit bien évidemment dans le cercle herméneutique de faire preuve d’authenticité, de réalisme, de bonne foi dans une volonté indéfectible de trouver le sens. Le cercle herméneutique n’est pas un ring de combat.  Auquel cas ce combat lui-même serait interrogé, examiné jusqu’à ce que lui aussi passe par l’épreuve des échanges, jusqu’à son éclairage. On pourrait prendre l’exemple d’une personne habitée par une structure archétypale de lutte, structure inconsciente et dont elle ne se rendait pas compte.

La structure du thème natal ou thème astral peut être prise comme départ en tant que « bribes de compréhension anticipée ». La façon dont cette compréhension anticipée est mise en avant dans les échanges n’est en aucun cas objective et neutre. Elle est empreinte de préjugés et de subjectivité. C’est pourquoi cette bribe de compréhension anticipée basée sur la structure du thème astral sera en permanence discutée jusqu’à l’expiration totale désaccords ou des désaccords.

Si par exemple, pour reprendre l’exemple de la personne qui a une structure archétypale de lutte, l’astrologue mentionne un aspect dysharmonique entre la Lune et Mars et en donne la signification issue de la Tradition, le consultant peut très bien ne pas être en accord avec ce que dit la Tradition (par déni par exemple, déni qui en psychanalyse est un mécanisme de défense).

Un poisson ne sait pas ce que c’est que l’eau, pour la bonne et simple raison qu’il y baigne en permanence. De la même façon nous baignons aussi en permanence dans nos structures archétypales.

Il peut arriver qu’au cours de la recherche de sens, après avoir évoqué l’histoire, la tradition, les expériences de vie et leur contexte, la personne en désaccord avec ce que la tradition dit d’un aspect dysharmonique entre la Lune et Mars, en arrive à dire à l’astrologue : « finalement vous aviez raison, j’ai été en lutte avec ma mère toute ma vie et c’est pour ça qu’aujourd’hui je rencontre… ».

On rejoint ici la vie réelle, l’expérience « au ras des pâquerettes » de l’existence, en étant préalablement partie de « bribes de compréhension anticipée ». À travers cet exemple on peut se faire une idée de ce qui se passe à l’intérieur du cercle herméneutique.

C’est ici que prennent sens les paroles de Mallarmé cité plus haut :

C'est le parfait usage de ce mystère qui constitue le symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d'âme, ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d'âme, par une série de déchiffrements.

L’astrologue et son consultant sont tous les deux actifs dans le cercle herméneutique pour aboutir à la production de sens. En partant d’un certain degré de présupposition conditionnée par l’ensemble des règles de syntaxe astrologique d’une part et grâce à l’expérience et le dialogue intérieur ou interpersonnel d’autre part, il est possible d’arriver à une compréhension de plus en plus profonde et sensible de la personne née sous un certain ciel.

On ne va donc pas du ciel à la personne, mais de la personne vers son ciel.

La personne donne ainsi du sens à sa réalité cosmique. Faire l’inverse, aller du ciel vers la personne, provoque des catastrophes, des situations psychologiques inextricables, dangereuses et délétères.  La personne se sentirait écrasée par un déterminisme cosmique qui n’a aucune réalité, la personne étend toujours libre de mener sa destinée.

La compréhension d’un thème astral requiert une attitude participative et créative.

Elles émergent grâce au dialogue qui s’instaure entre notre existence et les possibilités d’existence révélée par la traduction du symbolisme astral.

Ce dialogue qui est au cœur de l’astrologie archétypale encourage la compréhension participative, car elle relie l’expérience d’un être humain (microcosme) en le reliant par les symboles célestes au macrocosme.

Le thème astral représente une réalité à laquelle chacun d’entre nous participe de manière plus ou moins engagée. En s’appuyant sur la tradition les expériences passées, nous sommes conviés à imaginer de nouvelles manières de traduire et de comprendre la multiplicité des qualités attribuées au symbole du zodiaque.

Les divinités qui constellent l’univers sont porteuses des projections de valeurs humaines dont elles offrent un large éventail.

Cet éventail est si large que Steven Forrest dans son ouvrage « Le ciel intérieur » spécifie que jamais dans la vie réelle il ne se trouvera une situation mentionnée dans un quelconque livre d’astrologie.

Les livres d’astrologie ne servent qu’à fournir la base des bribes de compréhension anticipée.

À lui seul, Hermès-Mercure le divin fripon présente plus de quatre cents qualités. Vénus peut se décliner en guerrière ou en amoureuse. Saturne est tantôt le Grand maléfique et tantôt le Dieu de l’âge d’or, etc.

Le rôle de l’astrologue-herméneute consiste à dévoiler le symbolisme astral correspondant aux projections inconscientes qu’en fait son consultant, jusqu’à ce que ce symbolisme astral fasse sens dans un contexte de vie donné, avec toutes les nuances et les subtilités qui s’y rattachent.

Lequel contexte, on le comprendra, ne peuvent être mis en exergue que par la parole et les échanges.

Le dialogue astrologique est donc riche et enrichissant, voire même selon les échanges, efficace.

Le sens en lui-même n’est pas dans le symbole, mais dans l’interprétation du symbole en adéquation avec le réel.

L’herméneutique astrologique n’appartient pas aux sciences exactes, mais bien à l’art des sciences humaines où toute vérité est relative à la perspective des observateurs. Il n’existe donc pas une seule interprétation ex cathedra du thème astral – et du thème natal en particulier –, car chaque observateur qui en traduira le symbolisme le fera sous un angle différent dans un mélange d’objectivité et de subjectivité inhérente à sa propre nature, à sa culture et à son expérience.

Cela ne veut cependant pas dire que l’on peut proférer tout et n’importe quoi en matière d’interprétation astrologique. Il existe une longue tradition où s’enracine le sens des symboles adoptés par les astrologues qui les étudient et les traduisent.

Comme tout langage, l’astrologie a son vocabulaire et sa syntaxe avec des codes, des règles, des nuances et des interprétations qui connaissent une évolution nécessaire pour continuer à faire sens, comme c’est le cas pour toute langue vivante.

C’est pourquoi, une connaissance approfondie de la psychanalyse et de la psychologie universitaire – avec les différents courants théoriques – en ce qu’elle apporte de données sur le développement psychologique de l’enfant en général et sur la psychopathologie en particulier, fera de l’astrologue un instrument efficace et pertinent pour aider ses consultants à la résolution de leurs problèmes.


[1] - Quelques définitions :

Définitions d’herméneutique, nom féminin (dictionnaire Antidote) :

RELIGION   – Science de la critique et de l’interprétation des textes et des symboles bibliques. Herméneutique sacrée, cabalistique.

PHILOSOPHIE  – Théorie de l’interprétation des signes.

Réflexion philosophique sur le processus d’interprétation lui-même.  Herméneutique philosophique chez Heidegger, Gadamer, Ricœur.

Les herméneutiques : système d’interprétation des signes en tant qu’éléments symboliques d’une culture.

Définitions d’herméneutique, nom féminin (Grand Robert de la langue française) :

1 • Qui a pour objet l'interprétation des textes (philosophiques, religieux…). |  L'art, la science herméneutique.

2  •  Relatif à l'interprétation des phénomènes du discours considérés en  tant que  signes. | Une philosophie herméneutique. | Texte herméneutique.

1 (…) le passage au point de vue herméneutique correspond au changement de niveau qui conduit de la phrase au discours proprement dit (poème, récit, essai, etc.). P.  Ricœur, la Métaphore vive, p. 10.

N. f.  Système d'interprétation (décodage) d'une séquence de signes complexes (symboles, etc.) et des codes qui l'organisent (La sémiologie).

2 (…) cette transition de la sémantique à l'herméneutique trouve sa justification la plus fondamentale dans la connexion en tout discours entre le sens, qui est son organisation interne, et la référence, qui est son pouvoir de se référer à une réalité en dehors du langage. P.  Ricœur, la Métaphore vive, p. 10.

3 Appelons herméneutique l'ensemble des connaissances et des techniques qui permettent de faire parler les signes et de découvrir leur sens (…) le XVIe siècle a superposé sémiologie et herméneutique dans la forme de la similitude. Michel  Foucault, les Mots et les Choses, p. 44.

[2] - Le verbe grec hermeneuin désigne une transmission de sens à travers l'acte d'interprétation d'un discours selon la pensée qui le sous-tend, mais aussi à travers l'acte de l'élocution qui va de la pensée et se traduit par le discours.

Pascal Patry, sur un texte de Christine Gonze Conrad.




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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
Psychanalyste

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