Sujets en situation de précarité

Bonjour
Title
Aller au contenu

Sujets en situation de précarité

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Psychiatrie · 25 Juillet 2022
Tags: Sujetsensituationdeprécarité
Sujets en situation de précarité

Connaître les facteurs de risque.

Évaluer la situation de précarité, définir les différents types et niveaux de précarité.

Connaître les morbidités les plus fréquemment rencontrées et leurs particularités.

Évaluer la situation médicale, psychologique et sociale d’un sujet en situation de précarité.

Connaître les dispositifs médico-sociaux adaptés.

---

- Savoir définir la précarité - (Définitions)

- Savoir distinguer la précarité de la pauvreté, de la grande pauvreté, et de l’exclusion de la marginalisation, et de la vulnérabilité - (Diagnostic positif)

- Connaître les principales situations à risque de précarité et le caractère dynamique de ces situations - (Définitions)

- Épidémiologie de la précarité - (Prévalence, épidémiologie)

- Démarche pluriprofessionnelle (santé et sociale) nécessaire pour les personnes en situation de précarité - (Prise en charge)

- Repérage des personnes en situation de précarité - (Prise en charge)

- Obligation de prise en charge des médecins et secret profes­sionnel vis-à-vis d’une personne en situation de précarité - (Prise en charge)

- Connaître la définition des inégalités sociales en santé et les 4 mécanismes principaux qui y participent. Connaître le concept de gradient social de santé et son impact sur l’espérance de vie - (Définitions)

- Savoir que santé et précarité entretiennent des relations réciproques - (Prévalence, épidémiologie)

- Parcours de soins spécifiques des personnes en situation de précarité : PASS, LHSS, Équipes mobiles psychiatrie-précarité (EMPP), structures associatives - (Prise en charge)

- Couverture médicale des personnes en situation de précarité - (Prise en charge)

- Aides financières - (Prise en charge)

- Connaître l’existence et les moyens de recours aux consultations gratuites - (Prise en charge)

- Connaître les 5 grands domaines de pathologies les plus fréquentes chez les personnes en situation de précarité - (Diagnostic positif)

- Cumul des risques individuels chez les personnes précaires

- Retard de prise en charge, renoncement et abandons des soins curatifs ou préventifs, discontinuité des soins des personnes en situation de précarité - (Prise en charge)

Points clés

Définitions :

la précarité est définie comme un état de fragilité et d’instabilité sociale caractérisé par « l’absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et familles d’assumer leurs obligations professionnelles, familiales et sociales et de jouir de leurs droits fondamentaux » ;

la pauvreté est un concept économique défini par des ressources inférieures à 60 % du revenu médian national. La grande pauvreté est définie par des ressources inférieures à 40 % du revenu médian ;

l’exclusion est caractérisée par l’absence, pendant une période plus ou moins longue, de la possibilité de bénéficier des mêmes droits sociaux qu’un autre individu ;

la vulnérabilité sociale représente un état de fragilité matérielle ou morale conférant un risque d’exclusion sociale.

Facteurs de risque

habitudes de vie associées à des comportements de santé à risque ;

difficultés d’accès aux soins de santé et à la prévention.

Morbi-mortalité associée

non psychiatrique (infectieuse, dentaire, dermatologique) ;

psychiatrique (troubles de l’humeur essentiellement, trouble psychotique, troubles anxieux, troubles de l’adaptation, conduites suicidaires) ;

troubles addictifs et leurs conséquences.

Évaluation

médicale non psychiatrique (maladie mettant en jeu le pronostic vital, maladies chroniques, troubles addictifs et leurs complications, handicap) ;

médicale psychiatrique (évaluer le degré de souffrance psychique et le risque suicidaire) ;

sociale (statut social, conditions de vie, couverture maladie, ressources).

Prise en charge

Multidisciplinaire

médico-sociale (cabinets médicaux, hôpitaux publics, CMP pour la psychiatrie, CDS, CDAG, centres de prévention, PASS, LHSS, EMPP) ;

aides financières (Revenus : RSA, AAH, APA ; Prise en charge des frais de santé : PUMA, CSS, AME, AEEH) ;

associations à but non lucratif.

Définitions

La précarité

La précarité est définie comme un état de fragilité et d’instabilité sociale caractérisé par « l’absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et familles d’assumer leurs obligations profession­nelles, familiales et sociales et de jouir de leurs droits fondamentaux ».

Les sécurités indispensables à la santé, identifiées par l’OMS, sont :

se loger ;

accéder à l’éducation et à l’information ;

se nourrir convenablement en quantité et qualité ;

disposer d’un revenu suffisant, certain et stable ;

compter sur un apport durable de ressources ;

avoir droit à la justice sociale et à un traitement équitable.

La précarité ne caractérise pas une catégorie sociale particulière, mais un ensemble de situations de non-sécurité et de fragilité économique, sociale et familiale. C’est une situation dynamique, réversible et multifactorielle.

Elle se manifeste dans plusieurs domaines tels que le revenu, le logement, l’emploi, les diplômes, la protec­tion sociale, les loisirs et la culture, la santé.

La précarité est le produit de :

dimensions structurelles (sociales et économiques) de menaces à court ou moyen terme ;

dimensions subjectives (perception de sa situation, stratégie d’ajustement, etc.).

La notion de précarité est plus large que la notion de pauvreté. Ainsi, un sujet en situation de précarité n’est pas forcément pauvre ni exclu.

La pauvreté et la grande pauvreté

Contrairement à la précarité qui est un concept multidimensionnel, la pauvreté est un concept uniquement économique basé sur des définitions statistiques relatives. Le seuil de pauvreté monétaire correspond à des ressources inférieures à 60 % du revenu médian national (soit 1 041 € par personne et par mois en 2017). Le seuil de grande pauvreté correspond à des ressources inférieures à 40 % du revenu médian.

Exclusion et marginalisation

L’exclusion est une réalité dynamique caractérisée par l’absence pour un individu, pendant une période plus ou moins longue, de la possibilité de bénéficier des mêmes droits sociaux qu’un autre individu.

L’exclusion n’est pas une maladie, mais elle réduit le soutien social perçu et crée un sentiment d’inutilité sociale et de dévalorisation de soi à l’origine d’une intense souffrance psychique et de la difficulté à s’in­sérer dans un tissu social. Elle représente en ce sens un facteur de risque de développer certains troubles. L’exclusion est la forme extrême de la précarité.

La marginalisation est un concept proche de l’exclusion qui désigne, pour un individu ou un groupe d’indi­vidus, une rupture des liens sociaux, suite à une exclusion ou une auto-exclusion de la société.

La vulnérabilité

La vulnérabilité représente un risque accru de subir un tort, quel qu’il soit. La vulnérabilité sociale repré­sente un état de fragilité matérielle ou morale conférant un risque d’exclusion sociale. Elle concerne aussi bien des individus que des collectivités.

Comme la précarité, la pauvreté, l’exclusion et la marginalisation, la vulnérabilité est un concept dynamique.

Épidémiologie et facteurs de risque de précarité

La précarité toucherait 12 à 15 millions de personnes en France, soit 20 à 25 % de l'ensemble de la population.

La pauvreté touche 8,9 millions de personnes, soit 14,3 % de la population.

La précarité illustre les inégalités sociales de la santé.

Plusieurs facteurs de risque de précarité sont identifiés, notamment :

un faible niveau de ressources ;

le chômage ;

des conditions de travail à risque ;

la nationalité étrangère ;

etc.

Précarité et santé

Morbi-mortalité et précarité

Santé et précarité entretiennent des liens réciproques, à travers deux mécanismes :

les habitudes de vie associées à des comportements de santé à risque (malnutrition, sédentarité, troubles de l’usage de substance, etc.) ;

les difficultés d’accès aux soins de santé et à la prévention.

Les personnes en situation de précarité présentent souvent un cumul de facteurs de risque pour de nombreuses pathologies. Ainsi, la morbi-mortalité est augmentée chez les individus en situation de préca­rité dans les 5 domaines suivants :

maladies infectieuses : pulmonaires (notamment tuberculose), ORL, IST (VHC, VIH), surinfections de pathologies dermatologiques ;

troubles psychiatriques et addictifs (cf. ci-dessous) ;

cancers ;

maladies cardiovasculaires ;

pathologies dermatologiques : gale, pédiculose, plaies, ulcères, etc.

La précarité est un facteur de risque de troubles psychiatriques et addictifs. De même, ces troubles sont des facteurs de risque de précarité car ils créent souvent une situation de handicap et peuvent avoir un retentissement fonctionnel à l’origine d’une précarisation du patient (difficultés d’insertion profes­sionnelle, isolement social, etc.).

Les inégalités sociales en santé

Les inégalités sociales en santé sont des différences évitables et importantes dans le domaine de la santé observées entre des groupes sociaux. Elles se distinguent des inégalités de santé qui ne relèvent pas de la justice sociale mais d’autres facteurs, pouvant être notamment génétiques ou physiologiques (liées à l’âge, au sexe, etc.).

Les inégalités sociales en santé s’observent selon le gradient social de santé. Ce gradient désigne l’as­sociation entre la position dans la hiérarchie sociale et l’état de santé : plus on s’élève dans la hiérarchie sociale meilleur est l’état de santé. Il s’observe au niveau de l’espérance de vie, de l’espérance de vie en bonne santé, ou encore de la santé perçue.

Évaluation d’un sujet en situation de précarité

En contexte de soins, il est primordial de savoir repérer, nommer et estimer la précarité dans les situations de soins. Le score EPICES (évaluation de la précarité et des inégalités de santé dans les centres d’examens de santé), composé de 11 questions, doit être utilisé en cas de suspicion de précarité. Il s’agit d’un score individuel d’évaluation du niveau de précarité qui permet la mesure multidimensionnelle de la précarité et de la fragilité sociale pour permettre d’identifier une population plus à risque de problèmes de santé. Le score est compris entre o (pas de précarité) et 100 (maximum de précarité), avec un seuil de précarité situé à 30 (soit 4 réponses en faveur d’une précarité).

En situation de précarité, le médecin doit évaluer les données psycho-sociales suivantes :

statut social (emploi/scolarité/diplômes/nationalité) ;

conditions de vie et de logement ;

couverture maladie (assurance maladie et complémentaire)

ressources actuelles (en particulier aides financières).

Prise en charge du patient en situation de précarité

Prise en charge médicale

La précarité est associée à des retards de prise en charge, des discontinuités de soins, des difficultés d’ob­servance, ou encore à des renoncements ou abandons des soins curatifs et préventifs.

La prise en charge des personnes en situation de précarité est un devoir déontologique. Elle doit reposer sur les mêmes principes que la prise en charge de toute autre personne. Le respect du secret professionnel est impératif.

Il importe aussi de déterminer les facteurs qui peuvent entraver la poursuite des soins appropriés, afin de favoriser l’accès aux soins et de prévenir les effets négatifs de la précarité sur la santé.

Dispositifs médico-sociaux et associations pour les personnes en situation de précarité

La prise en charge des personnes en situation de précarité ne se limite pas aux aspects médicaux. La prise en charge est pluridisciplinaire, impliquant à la fois des professionnels de la santé et des travailleurs sociaux.

Différents dispositifs médico-sociaux spécifiques existent :

Les dispositifs de droit commun :

cabinets médicaux avec un rôle fondamental pour le médecin généraliste ;

hôpitaux publics, centres médico-psychologiques (CMP) favorisant la continuité de la prise en charge par la même équipe médico-sociale, via le secteur géographique psychiatrique (cf. Item 62) ;

centres de santé (CDS) caractérisés par un statut spécifique, intermédiaire entre les cabinets libéraux et les établissements de santé, qui leur permet de bénéficier d’une convention avec l’Assurance maladie.

Les dispositifs de santé publique : centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG), centres de prévention, etc.

Les permanences d’accès aux soins de santé (PASS) fournissent un accès aux soins gratuit au sens large, associant consultations médicales généralistes ou spécialisées, soins odontologiques, soins infirmiers, plateau technique, délivrance de médicaments. Elles permettent à tout patient d’accéder à l’offre de soins de droit commun et de bénéficier d’une continuité de soins conforme à ses besoins. Certaines PASS proposent des soins psychiatriques.

Les lits halte soins santé (LHSS) fournissent un accueil temporaire des personnes en situation de préca­rité pour des soins au sens large.

Les équipes mobiles psychiatrie-précarité (EMPP) : sont composées principalement d’infirmiers, psychiatres et psychologues et, dans une moindre mesure, assistants sociaux. Elles interviennent à l’ex­térieur des établissements, au plus près des lieux de vie des personnes en situation de précarité et des acteurs sociaux qui les suivent. Elles peuvent ainsi accompagner ces personnes dans leur parcours de soins mais également former et conseiller les acteurs sociaux pour leur permettre de mieux appréhender les troubles psychiatriques.

Les associations à but non lucratif ayant pour objectif de porter secours et assistance aux plus démunis (dites « caritatives ») jouent un rôle important dans la prise en charge des personnes en situation de préca­rité. Il peut s’agir d’associations :

avec leurs propres travailleurs sociaux, souvent gérés par des organisations non gouvernementales (Croix rouge, Médecin du monde, ATD Quart-Monde, etc.) ;

thématiques (Restos du Cœur, etc.) ;

orientées vers la prise en charge des immigrés (CIMADE, COMEDE, etc.).

La liste et les compétences de ces associations doivent être connues de tout médecin pour constituer les relais d’amont ou d’aval dans la prise en charge de ces personnes.

Couverture médicale des personnes en situation de précarité

La PUMA (protection universelle maladie) garantit une prise en charge continue des frais de santé par l’Assurance maladie à tous les assurés sociaux non couverts par un régime de Sécurité sociale. Pour en bénéficier, il faut travailler en France, ou y résider de manière stable et régulière.

La CSS (complémentaire santé solidaire) donne droit à la prise en charge gratuite de la part complémentaire des dépenses de santé (y compris à l’hôpital) pour toute personne, quelle que soit sa nationalité, résidant régulièrement en France de façon stable (depuis plus de 3 mois) et régulière, ayant des ressources infé­rieures à un plafond annuel de référence (9 032 euros en 2016).

L’AME (aide médicale d’état) donne droit à la prise en charge des dépenses de santé pour toute personne étrangère en situation irrégulière et résidant en France depuis au moins 3 mois de manière ininterrompue, ayant des ressources inférieures à un plafond annuel de référence (9 032 euros en 2016).

Aides financières

Le RSA (revenu de solidarité active) est un dispositif financier sous condition de ressources. Il peut être versé à toute personne âgée d’au moins 25 ans résidant en France, ou sans condition d’âge pour les personnes assumant la charge d’au moins un enfant né ou à naître. Les jeunes de moins de 25 ans ayant travaillé au moins deux années sur les trois dernières années peuvent également en bénéficier. Son montant est calculé comme la somme de deux composantes : d’une part, un montant forfaitaire qui varie en fonction du foyer, d’autre part, une fraction des revenus professionnels des membres du foyer. À noter que l’allocation garantie par le RSA se situe en dessous du seuil de pauvreté.

L’AAH (allocation adulte handicapé) est destinée aux adultes à partir de 20 ans résidant de façon perma­nente en France, dont les ressources ne dépassent pas un plafond annuel, et atteints d’un taux d’incapacité permanente d’au moins 80 %. La personne qui ne dispose d’aucune ressource perçoit le montant maximum de l’AAH (902,70 euros en 2019).L’AAH (allocation adulte handicapé) est destinée aux adultes à partir de 20 ans résidant de façon perma­nente en France, dont les ressources ne dépassent pas un plafond annuel, et atteints d’un taux d’incapacité permanente d’au moins 80 %. La personne qui ne dispose d’aucune ressource perçoit le montant maximum de l’AAH (902,70 euros en 2019).

L’APA (allocation personnalisée à l’autonomie) est destinée aux personnes âgées d’au moins 60 ans, rési­dant en France de manière stable et régulière, ayant besoin d’une aide pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie ou dans un état nécessitant une surveillance régulière (groupes 1 à 4 de la grille Aggir).

L’AEEH (allocation d’éducation de l’enfant handicapé) est une aide financière destinée à aider les familles à faire face aux dépenses liées à la situation de handicap d’un enfant ou adolescent à charge de moins de 20 ans. Elle varie en fonction de la nature et de la gravité du handicap, et est versée aux parents.

---




0
commentaires

Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
Psychanalyste

5, impasse du mai
67000 Strasbourg

Mobile : 06 29 54 50 29

Retourner au contenu