L'Ombre chez Carl Gustav Jung

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L'Ombre chez Carl Gustav Jung

Pascal Patry astrologue et thérapeute à Strasbourg 67000
Publié par Pascal Patry dans Psychologie des profondeurs · 16 Mars 2023
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L’Ombre chez Carl Gustav Jung

Le texte ci-dessous sur le concept d'Ombre chez Carl Gustav Jung sera mis en regard avec le Gardien du Seuil de Rudolf Steiner. Le lecteur trouvera en bas de page le lien vers le texte.

L'Ombre chez Carl Gustav Jung

Je suis mon propre inconnu.

Cette instance s’apparente au double in­versé habitant chaque individu et qui contient l’ensemble des traits de caractère gardés dans l’inconscient n’ayant pu, faute de conscience, se développer et s’élaborer.

Cette partie inconnue de l’être, comme un frère jumeau auquel on ressem­blerait, s’oppose malgré tout au moi qui l’ignore.

Selon Jung, lorsque cette ombre se manifeste dans les rêves, elle prend le plus souvent la forme d’un personnage du même sexe que l’individu, mais joue un rôle opposé à la personnalité réelle.

Si l’individu est vif, courageux et indépendant, son ombre se révélera amorphe, lâche et dépendante. A contrario une person­nalité timide, discrète et réservée laissera apparaître une ombre audacieuse, effrontée et frondeuse.

L’ombre est un archétype fondamental qui représente tout ce que le sujet dénie. La rencontre avec cette partie ignorée de soi-même englobe la tâche la plus difficile, car il s’agit de mettre en lumière le côté sombre de soi et de remonter à la source noire, avec peur et horreur parfois, décidé à reconnaître en soi le matériau imparfait, vil et grossier qui nous constitue.

L’expérience de cette plongée abys­sale comporte bien sûr certains dangers, mais aucune évolution ne s’effectuera sans cette exploration. Cet autre aspect de nous-mêmes qui se tient dans l’inconscient personnel puise néanmoins son énergie dans le substrat de l’inconscient collectif et nous fait prendre contact avec notre être inférieur.

L’expression des émotions, la peur, la co­lère, le chagrin, l'angoisse…, nous met en relation, de façon perturbante et désagréable, avec cette personne étrangère que nous sommes, nous conviant à découvrir à travers la manifestation du Dr Jekyll qui nous habite, le M. Hyde qui sommeille en nous.

Nous le disons d’ailleurs fort bien quand nous sommes dépassés par certains événements et que nous perdons tout contrôle de la situation : « Je ne sais pas ce qui m’a pris, je n’étais pas moi-même, je ne me suis pas reconnu… »

Nous sommes ce couple de jumeaux, dont l’un est mortel et l’autre immortel, qui sont toujours en­semble et qui pourtant ne peuvent être totalement réunis. Les processus de métamorphose cherchent à nous rapprocher de cette relation intérieure ; mais la conscience éprouve des résistances parce que l’autre en nous paraît étranger et effrayant et comme nous ne pouvons pas nous habituer à L'idée de ne pas être l’unique maître dans notre propre maison, nous pré­férerions n’être jamais que notre « moi » et rien par ailleurs. Nous sommes confrontés avec cet ami ou ennemi intérieur et il dépend de nous qu’il soit pour nous, un ami ou un ennemi.
C. G. Jung

La part ignorée et primitive, impulsive et animale s’est ainsi incarnée. À l’origine, l’être humain est porteur d’une identité archaïque ou participation mystique, c’est-à-dire d’une indifférenciation du sujet et de l’objet.

C’est donc ainsi que nous projetons sur les autres nos propres contenus intérieurs, positifs ou négatifs, sur les objets extérieurs.

Nous retrouvons cet état d’indifférenciation dans le comportement fusionnel du bébé avec sa mère qui ne sait pas distinguer le dedans du dehors. Le travail d’évolution, le processus d’individuation conduit au retrait des projections sans lesquelles aucune transformation n’est possible, mais cela demande un vé­ritable effort et toute la volonté du moi qui doit accepter ce qu’il est et non ce qu’il s’imagine être.

La désidentification à la persona questionne sur la notion d’apparence et dynamise la tension entre conscient et inconscient.

Siégeant aux confins de l’inconscient, collectif et indi­viduel, se tient le subconscient porteur des contenus de l’ombre.

Dans la pensée de Freud, il s’agit seulement de pulsions refoulées de la conscience, le Ça, qu’il limite uniquement à l’inconscient personnel et qui recèle égale­ment les mécanismes de défense et d’interdit.

L’aventure proposée par Jung élargit le champ d’investigation et s’étend à un autre inconscient dit collectif, porteur de la mémoire universelle constituée d’images mythiques et ancestrales, les archétypes.

L’ombre est donc un arché­type à part entière constitutif de l’inconscient personnel, néanmoins commun à l’humanité et devenant ainsi un fait collectif. Lors d’une émeute ou d’une bagarre, ce sont les aspects collectifs de l’ombre qui surgissent.

L’ombre est rebelle aux normes sociales ainsi qu’à ses contingences et à ses conditionnements et se manifeste toujours en réaction plus ou moins hostile à ceux-ci.

À ce sujet Jung écrit :

L’ombre est un problème moral qui défie toute la personnalité du moi, car nul ne peut réaliser l’ombre sans un déploiement considérable de fermeté morale.

Le contenu de l’ombre est d’ordre primitif, archaïque et inadapté. Ce ne sont ni forcément ni systématique­ment des valeurs mauvaises risquant de mener à des états culpabilisants, qui empêcheraient le processus de fonctionner positivement vers son terme.

L’ombre est cette personnalité cachée, refoulée, le plus souvent inférieure et chargée de culpabilité, dont les ramifications les plus extrêmes remontent jusqu’au règne de nos ancêtres animaux ; elle en­globe ainsi tout l’aspect historique de l’inconscient… Si l’on admettait précédemment que l’ombre hu­maine était la source de tout mal, on peut mainte­nant, si l’on y regarde de plus près, découvrir que l’homme inconscient, précisément l’ombre, n’est pas uniquement composé de tendances moralement ré­préhensibles, mais qu’il comporte aussi un certain nombre de bonnes qualités, des instincts normaux, des réactions appropriées, des perceptions réalistes, des impulsions créatrices…
C. G. Jung


Rencontrer son ombre

Attention danger ! Ce rendez-vous n’est ni innocent, ni anodin, ni inoffensif. Les conséquences de cette entrevue laisseront des traces. Il s’avère préférable d’y être pré­paré et il est indispensable que le moi conscient s’ache­mine le plus consciemment possible vers ce qui a priori se définit comme un adversaire : cet autre moi qui est moi et que je ne connais pas.

Moment douloureux de toute ana­lyse où la fuite, certainement désirée, ne ferait qu’aggra­ver la situation. Il faut assumer et jouer le jeu jusqu’au bout en effectuant le parcours dans l’ordre des étapes, la première consistant absolument et sans détour à voir et reconnaître en soi l’existence réelle des aspects noirs de la personnalité.

Dans Aïon, Jung écrit :

« Cet acte est le fondement indispensable de tout mode de « connaissance de soi » et, par suite, se heurte, en règle générale, à une résistance considérable. »

Le face à face avec l’ombre implique la loi du contraire.

Une position et sa contrepartie qui mettent en vis-à-vis, en confrontation, des noyaux dynamiques, forces bien sou­vent inégales aux fonctionnements parfois unilatéraux.

Tous les pas qui font réintégrer l’ombre sont des pas qui mènent vers la lumière. Il est impossible de se diriger vers le Soi sans l’incorporation des contenus inconscients qui permettront un élargissement de la conscience. Se propulser vers la cime équivaut à s’enfoncer le plus pro­fondément vers les racines : le côté le plus sauvage de chacun cohabite avec le côté le plus évolué.

Ainsi, dans cet espace hostile de la psyché qui res­semble à un cachot dont les murs reflètent les hideuses apparences de qui il est, grâce à sa reconnaissance et à sa prise de conscience, le moi peut comprendre et accepter ses images, les dynamiser et les transformer.

Un, unique, indivisible… C’est en ces termes que Jung parle de l’être en quête de son unicité, car le but du processus d’individuation est de parvenir à l’unité de soi-même.

Cependant durant cette démarche, la cons­cience, envahie par les peurs et les projections de l’in­conscient, s’assombrit en aliénant le moi qui perd ainsi sa lucidité.

Ce dernier en se confondant avec ce double, cet autre lui-même qui le réprime et l’opprime, court le risque de projeter sur le monde extérieur et sur les autres sa propre part d’ombre.

Le monde illusoire s’écroule et la mise à jour, le plus souvent brutale et inattendue, de tout ce qui se tenait caché, travesti et refoulé, déchire le voile épais et obscur de l’ignorance de soi et de sa complaisance.

Ce que le moi avait élaboré avec bien des excuses et des stratagèmes, pour dissimuler ses manques ou ses faiblesses, tombe comme autant de mensonges et de faux-semblants, qui avaient le seul mérite de permettre de sauver la face visible de la personnalité.

Les rêves révéleront la face cachée, mais véritable, telle une ombre éclairant la nuit. Dans cette vie onirique, inutile de sauvegarder les apparences, inutile d'avoir peur de son ombre puisqu’elle incarne le formidable message qui pousse à rétablir la vérité en re­gardant en face ce que nous avons tenté d’occulter.

Ainsi le rêve nous fera-t-il apparaître, tyran, monstre, sorcière… et vont et viennent les ombres du jour et celles de la nuit.

Tout ce qui est contenu dans l’ombre est inconscient, inconnu de la conscience, jusqu’au moment où par le truchement d’un événement, d’une situation, d’un rêve, d’une personne son surgissement nous assaille d’une ma­nière le plus souvent désagréable et perturbante.

De l’ordre du collectif, l’ombre charrie la terreur an­cestrale de l’humanité depuis l’aube des temps et se tient tapie dans les méandres du cerveau reptilien. Cette peur immémoriale se montre sous les traits les plus obscurs de ce grand et incontournable archétype primordial.

Notre culture occidentale mythifie le plus souvent ce concept de l’ombre au féminin. Dans notre enfance, elle se dévoile sous les traits de Cruella, de la sorcière… Plus tard, la Camarde brandissant sa faux et révélant son des­sein destructeur inspire les émotions les plus dévastatrices et les plus angoissantes. Touchées par cet archétype in­quiétant, les zones d’ombre laissent surgir toutes les énergies archaïques du moi le confrontant à ses phobies et ses enfermements psychiques. Entre autres représentations, Kali, déesse hindoue, assoiffée de sang, personnifie une ombre collective puissante et terrifiante, qui alimente et colore, sur le plan individuel, différents lieux psychiques : le moi et sa persona, l’anima et l’animus.

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Source : Carole Sédillot

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Rudolf Steiner : Le Gardien du seuil


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Pascal Patry
Praticien en psychothérapie
Astropsychologue
Psychanalyste

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